Reportage — A69

Expulsion « extrêmement violente » de la zad contre l’A69

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Plus de 200 gendarmes sont intervenus tôt le 30 août à la zad de Saïx, dans le Tarn. Tous les opposants à l’A69 présents au sol ont été expulsés, seuls des activistes résistent toujours dans les arbres. Six personnes ont été interpellées.

Saïx (Tarn), reportage

Le passage en force a bien eu lieu. À 7 heures du matin vendredi 30 août, plus de 200 gendarmes, selon les chiffres de la préfecture, ont envahi la zad de la Cal’Arbre, et expulsé tous ses occupants au sol, qui militent contre l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres. À l’heure où nous écrivons ces lignes, des zadistes occupent toujours les cabanes perchées dans les arbres, mais une équipe de la Cnamo, la cellule de la gendarmerie spécialisée dans les interventions périlleuses, est également sur place pour tenter de les déloger.

« Ils se sont déployés en nombre à 7 heures du matin, beaucoup d’entre nous dormaient encore ou venaient de se réveiller, raconte une zadiste présente sur place. Ensuite, cela a été extrêmement violent, les trois sommations ont été faites à la chaîne et on s’est fait gazer sur tout le site. Les forces de l’ordre ont pris possession de la zone et les ouvriers de NGE [le concessionnaire] les ont suivis pour tout détruire. »

Tentes lacérées, objets personnels détruits… À 13 heures, il ne restait déjà plus que les décombres des cabanes et des espaces communs de ce lieu-dit occupé depuis le mois de février par les opposants à l’autoroute A69. Malgré l’odeur persistante du gaz lacrymogène, les bruits de pelleteuses retournant les ruines de la zad et le ballet incessant de l’hélicoptère qui survole la zone, des voix s’échappent des constructions toujours intactes dans les arbres. « Honte à vous ! »

Toutes les affaires personnelles des militants ainsi que les matériaux qui servaient à la construction ont été détruits. © Antoine Berlioz / Hans Lucas / Reporterre

Quelques écureuils, ces militants qui assistent à cette scène depuis leurs chênes, sont désormais isolés, contraints de rester là-haut pour sauver l’un des derniers bois sur le tracé de l’autoroute A69. Un air de déjà-vu, puisqu’en mars dernier plusieurs activistes étaient restés juchés dans leurs cabanes durant plus de 40 jours à la zad de la Crem’Arbre avant d’obtenir un répit pour ces arbres.

Les gendarmes de la Cnamo montent aux arbres pour déloger les militants en utilisant des nacelles. © Antoine Berlioz / Hans Lucas / Reporterre

1 blessé, 6 interpellations

Pourtant ici, à la zad de la Cal’Arbre, en face de la base de loisirs du Dicosa et à quelques mètres du chantier de l’autoroute, la situation est différente. La préfecture semble vouloir régler cette situation de manière beaucoup plus rapide. « On constate beaucoup plus d’intensité et de violence que lors de l’intervention à la Crem’ au début de l’année. Ils sont venus tout de suite avec deux nacelles, des pelleteuses et la cellule de la Cnamo ; ils pensent régler cette situation au plus vite », raconte un zadiste présent sur place et tenu à distance par l’important dispositif policier.

De nombreux opposants soulignent d’ailleurs la dangerosité de certaines manœuvres des pelleteuses, notamment en sectionnant des câbles en hauteur et en remuant un sol déjà très fragile. Un arbre avait déjà chuté en juin dernier.

Les cabanes ont été détruites. © Antoine Berlioz / Hans Lucas / Reporterre

Selon les zadistes, un activiste aurait également été gravement blessé après une chute du « bourg-palette », une vigie haute de 6 mètres à l’entrée de la zad, après la tentative d’intervention d’un gendarme. De son côté, la préfecture mentionne dans son communiqué qu’il aurait « accidentellement chuté du fortin érigé par les opposants ». La personne a été prise en charge par les sapeurs-pompiers. Selon ce même communiqué, six personnes auraient été interpellées lors de l’intervention des forces de l’État.

Plus de 200 gendarmes sont intervenus tôt le 30 août 2024 pour expulser les occupants de la zad. © Antoine Berlioz / Hans Lucas / Reporterre

Alors que les ouvriers du concessionnaire NGE-Atosca sont déjà sur place, Jean Olivier, docteur en écologie et coprésident des Amis de la Terre Midi-Pyrénées, souligne néanmoins que l’intervention sur cette zone est illégale : « Nous venons de demander au procureur et à l’Office français de la biodiversité une intervention de leur part en urgence absolue. » Selon l’arrêté préfectoral d’autorisation environnementale délivré le 1er mars 2023 pour l’autorisation des travaux de l’autoroute, le concessionnaire Atosca ne peut intervenir sur une zone abritant des larves de grands capricornes dans les troncs de chênes et des trèfles écailleux dans les prairies qu’à certaines conditions, qui sont détaillées dans les mesures MR07 et MA04 de l’autorisation.

Aucune de ces mesures limitant les conséquences des travaux n’a été réalisée par le concessionnaire, alors que les ouvriers et les pelleteuses sont déjà sur place. Contacté par téléphone, Atosca n’a pas donné suite à notre demande d’interview.

Un espoir sur le plan juridique pour les opposants, alors que la nidification d’une mésange au mois de mars avait poussé le concessionnaire à stopper les travaux sur le site de la Crem’Arbre.

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Reportage — Luttes Chantier de l’A69 : la zad se prépare à « un passage en force »

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