28 août 2024 – Par Contre Attaque
Les milliardaires ont fait leur choix depuis longtemps : plutôt Hitler que le Front Populaire, c’est à dire plutôt l’extrême droite qu’une gauche qui menacerait leurs intérêts.
Depuis des années, c’est une propagande éhontée pour le RN, des torrents de diffamations contre la France Insoumise, des reportages anxiogènes et islamophobes, des intox, des syndicats policiers tous les jours sur les plateaux, une surreprésentation ahurissante des thèmes et invités de droite… Pour cette rentrée 2024, de nouveaux caps sont franchis. L’empire de Bolloré et la chaîne BFM assument d’être des canaux officiels de diffusion du néofascisme, et ne font même plus semblant de mettre en scène une pseudo-pluralité.
Une néo-nazie masculiniste sur Europe 1
Bolloré possède Paris Match, Europe 1, le JDD et Cnews, qui servent de tribune à son «combat civilisationnel», selon ses propres mots. Mais ce n’est pas encore assez. Sur la radio Europe 1, qu’il a aussi rachetée, le milliardaire a offert une émission sur mesure à Cyril Hanouna pendant la campagne législative avant l’été.
C’est simple, il a dégagé la présentatrice du jour au lendemain et donné carte blanche à son animateur phare pendant deux semaines avant les élections : ce dernier a ainsi pu diffuser ses fake news et sa propagande immonde, invitant dans chaque émission des personnalités d’extrême droite. Certains propos haineux et délirants tombaient sous le coup de la loi et ont même disparu du site de la radio.
Cette émission porte bien son nom : «On marche sur la tête». Pour la rentrée, elle est reconduite, et Hanouna embauche carrément à l’antenne, tous les jours, une néo-nazie. Oui, rien que ça.
Anne-Thaïs du Tertre, dite Thaïs d’Escufon, est une militante fasciste issue d’une famille d’aristocrates. Obsédée par le «grand remplacement», elle a milité au sein de l’Action Française, groupuscule royaliste et pétainiste, avant d’être porte-parole de Génération Identitaire, groupe raciste aujourd’hui dissout, lui même issu d’un collectif néo-nazi, baptisé Unité radicale.
D’escufon a été condamnée pour «provocation à la haine raciale», affirme défendre la «race blanche» contre «le péril mortel» de l’immigration, et appelle à la «reconquête». Elle n’a aucun mandat politique, ne représente rien en-dehors de son racisme mais bénéficie d’une immense visibilité médiatique. Elle a déjà été invitée dans l’émission Touche pas à mon post ! sur C8.
En 2021, elle est embauchée par l’équipe de Zemmour pour faire la campagne du candidat d’extrême droite. En parallèle, elle lance une chaîne YouTube violemment anti-féministe. Elle produit des vidéos masculinistes, dénigre les femmes, défend des agresseurs, appelle à interdire le divorce, donne des «conseils» aux hommes célibataires pour manipuler les femmes et obtenir une compagne «traditionnelle» et soumise… Dans ses contenus, elle nie le viol conjugal et estime que si une femme demande à son partenaire d’utiliser des moyens de contraception, «elle ne l’aime pas vraiment». Ce créneau est un business destiné à escroquer les incels fascistes : elle a créé un site baptisé «Hommes de valeur», où elle vent des formations frelatées pour aider les masculinistes à trouver une compagne.
Thaïs d’Escufon a aussi milité aux côtés d’un cadre de Génération Identitaire, Adrien Ragot, qui est accusé de viol par une étudiante et de tentative de meurtre contre un jeune lyonnais. Voilà qui a fait sa rentrée médiatique, ce lundi 26 août, aux côtés d’Hanouna.
Un plateau 100% réactionnaire sur BFM
On critique beaucoup Bolloré, mais la chaîne BFM a adopté la même ligne éditoriale. Médiapart révélait que pendant la campagne des législatives, la direction avait donné comme consigne de mettre à l’antenne davantage «d’éditorialistes de droite et droite +».
Les chefs de la chaîne avaient même diffusé une liste d’éditorialistes d’extrême droite qu’il faut inviter : un ex-communiquant du RN, le “JDD” et des journalistes de «Valeurs actuelles». Les «chroniqueurs» du journal d’extrême droite condamné pour racisme sont ainsi invités plusieurs fois par jour sur les plateaux. Le média Arrêt sur Image, avait par exemple comptabilisé les interventions de membres du Valeurs Actuelles : «Du lundi 10 au vendredi 14 juin inclus : pas moins de quatre journalistes du magazine d’extrême droite s’y sont succédés, jusqu’à 7 fois par jour, dans 21 passages au total».
Pour la rentrée, BFM, dirigée par Marc Olivier Fogiel, chien de garde proche du couple Macron, qui avait interdit à ses équipes d’utiliser le terme de «violences policières» à l’antenne car il est, selon lui, «connoté politiquement», lance une Nouvelle émission en prime time, intitulée «Liberté, égalité, Brunet !», chargée de «débattre passionnément de l’actualité». Le plateau est 100% réactionnaire, et pourrait même doubler Cnews sur sa droite.
Le présentateur d’abord : Eric Brunet, est un droitard enragé qui fait passer Pascal Praud pour un modéré. Il a été éditorialiste au magazine Valeurs Actuelles. En 2018, il lance avec les sionistes d’extrême droite Gilles-William Goldnadel et André Bercoff le média La France libre, présenté comme une «télé anti-Mélenchon». En 2017 déjà sur BFM, il hurlait que «la CGT, Solidaire et Mélenchon sont sur une ligne vénézuélienne» et ajoutait «y’a 19% d’abrutis» qui ont voté France Insoumise. En 2012, sur la même chaîne, il présentait déjà une émission baptisée “Direct de droite”.
Parmi ses prises de position, il appelle à abolir le droit de grève et réquisitionner les grévistes dans les transports. Il est aussi «membre du Comité d’honneur de l’UNI», un syndicat étudiant d’extrême droite pro-Zemmour.
Enfin, Eric Brunet a été directeur de la communication du groupe Vitalia, une firme de cliniques privées. À l’antenne, il a longuement défendu l’hospitalisation privée. L’association Acrimed a pointé dès 2014 un grave conflit d’intérêt à l’encontre de l’animateur, sans qu’il ne soit inquiété le moins du monde.
Eric Brunet n’a pas de carte de presse, mais il a reçu la Légion d’honneur des mains de son ami Nicolas Sarkozy. La prochaine fois qu’un télespectateur de BFM ose qualifier un média indépendant de «militant», parlez lui d’Eric Brunet.
Sur le plateau de cette émission, on trouve Yves Thréard, directeur adjoint du Figaro, opposé au mariage pour tous, il squatte les plateaux télé depuis 10 ans. Sur LCI en octobre 2019, il affirmait : «Je déteste la religion musulmane. Il m’est arrivé, en France, de prendre le bus ou un bateau où il y avait quelqu’un avec un voile, et je suis descendu» avant de conclure «L’islamophobie, ça n’existe pas.»
Le 14 janvier 2019, il fantasme : «L’immigration, contrairement à ce qui a été dit, est au cœur aussi de la révolte des Gilets jaunes.» Quelques semaines plus tard, constatant qu’il s’agit d’un mouvement social et pas d’un mouvement raciste, il appelle finalement à réprimer le plus durement possible les Gilets Jaunes.
Sur son temps libre, Yves Thréard empoche des cachets pour animer des réunions du MEDEF, ou déclare sans rire que les magistrats sont des «crypto-marxistes». En 2024 sur France 5, il estime que «Rachida Dati (…) c’est la petite beurette qui est monté dans les échelons» .
À ses côtés, l’insupportable Barbara Lefebvre, présentée comme «enseignante» mais qui est en réalité militante de droite extrême. Engagée en faveur de François Fillon, obsessionnelle sur l’Islam, elle commente l’actualité en hurlant sur les chaînes du groupe BFM depuis de trop longes années. En 2021 à propos de l’euthanasie, elle déclare : «j’vais être très triviale, quand on vous annonce une maladie incurable, bah vous sautez d’un pont».
Depuis la rentrée médiatique, Barbara Lefebvre se surpasse. Voici ses chroniques en quelques jours seulement : un «tacle» contre le député insoumis Delogu, une intervention intitulée «Faure c’est le toutou de Mélenchon !», puis «Les Français veulent de l’ordre, pas des irresponsables !», et «Si vous mettez les électeurs du NFP dans la rue, il va y avoir des violences !» ou encore «Il y a trop de vacances scolaires dans l’année !» Oui, vous pouvez aller vérifier, c’est authentique.
Pendant les législatives, elle hurlait que «LFI est l’ennemi mortel de la démocratie» et que ce mouvement est «la plus grande force de trouble à l’ordre public de ce pays !». Précisons que Barabra Lefebvre passe aussi régulièrement sur la chaîne israélienne I24, qui appartient au même groupe que BFM et diffuse des propos génocidaires et fascistes.
Autres animateurs : Charles Consigny, qui a été «conseiller en communication» de Christine Boutin, qui a soutenu Nicolas Sarkozy et Valérie Pécresse, et qui se revendique d’une droite «cool», mais aussi Jean-François Achilli, «consultant» en communication pour le patronat, et rédacteur d’une autobiographie de Jordan Bardella.
Enfin, pour compléter le magnifique pluralisme de ce plateau, Marlène Schiappa, ancienne ministre macroniste qui a détourné les fonds publics créés après l’assassinat de Samuel Paty, et Patrick Vignal, ancien député macroniste qui déclarait en 2019 : «j’assume parfaitement de mentir pour protéger le président. On va être très clair, s’il faut dire la vérité aux français, ça veut dire 10 ans de sang et de larmes.» Pendant son mandat, il était remarqué par son absentéisme hors norme à l’Assemblée. Il a également défilé avec le Rassemblement National pour défendre la corrida.
Rêvons un peu en imaginant un équivalent de gauche à cette situation : c’est comme si, tous les jours, sur une télé nationale aux heures de grande écoute, une émission était présentée par un ou une militante anticapitaliste entourée d’intervenant.e.s allant de la France Insoumise aux anarchistes en passant par le NPA, pour commenter l’actualité en insultant les riches et la droite. Impossible n’est-ce pas ? Les puissances médiatiques ne sont pas de notre côté.
Ce triste état des lieux ressemble au musée des horreurs mais c’est simplement le paysage audiovisuel français en 2024. La pensée unique, c’est ça. Jeter votre télé et convaincre vos proches d’éteindre les leurs est une priorité politique absolue, en plus d’être excellent pour leur santé mentale.
Source:Contre-attaque.net
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