Mégabassines : comment la gendarmerie et Cnews manipulent l’opinion

Ecologie, Extrême droite, Fake news, Luttes sociales, Technique policière

Sur Cnews, une image du matériel saisi sur un chasseur alimente un discours anxiogène autour de la mobilisation contre les mégabassines

Les manifestants qui s’opposent aux mégabassines sont des «éco-terroristes» très dangereux, lourdement armés, dont le seul objectif est de tuer des forces de l’ordre. Voilà le discours répété en boucle par Darmanin et les chaines de désinformation en continu comme Cnews pour justifier par avance la répression militarisée des marches pour l’eau. C’est la même chose avant chaque grande mobilisation, et les manifestations qui ont lieu ce vendredi et ce samedi n’y échappent pas.

Ainsi, la gendarmerie a diffusé mercredi 17 juillet des photos de haches et de cartouches qui auraient été retrouvées lors de contrôles avant la mobilisation. Une image effrayante : les écolos amèneraient des armes pour tirer sur les gendarmes, et même les découper ! Ces images ont été rediffusées illico par Cnews, qui titrait sans surprise sur «la crainte des débordements» et l’arrivée de «1000 éléments radicaux».

Sauf que Cnews a commis une erreur, la chaîne a diffusé les images fournies par les gendarmes en oubliant de flouter les fiches qui accompagnent les scellés. On y voit donc le nom de la personne contrôlée et le lieu du contrôle. Une bourde repérée par le journaliste Maxime Sirvins, du journal Politis.

Cnews a ainsi fait tomber à l’eau tout le narratif des autorités contre les opposant-es aux mégabassines. En effet, «grâce aux informations de la fiche, on trouve le lieu du contrôle et le nom complet de la personne. Le contrôle a eu lieu à 125 kilomètres du camp de l’eau des Soulèvements de la Terre» explique Maxime Sirvins.

«On retrouve bien une personne de ce nom qui habite à 20 km du lieu du contrôle. Sur ses réseaux sociaux et ceux de sa compagne, on voit que la personne pratique la chasse» poursuit le journaliste, qui a directement contacté par Facebook le concerné. Ce dernier lui a confirmé «qu’il s’agit bien de lui et qu’il doit aller récupérer ses affaires confisquées à 40km de là». Les gendarmes savent donc parfaitement que cet homme n’allait pas manifester, et lui ont simplement confisqué temporairement ses outils, le temps d’alimenter la propagande.

Interrogé, l’homme qui s’est fait saisir ses haches et ses cartouche explique même qu’il ne «sait même pas ce qu’est cette mobilisation ni ce que sont les mégabassines», et «qu’il allait juste faire des courses avec sa compagne quand, par hasard, ils se sont fait contrôler avec forcément, en tant que chasseurs dans la campagne, des munitions et des outils dans le coffre».

Loin, très loin du récit selon lequel les écologistes viendraient armés jusqu’aux dents pour attaquer les bassines, la police et les agriculteurs.

Cnews a doublement raté son coup, d’une part en manipulant l’opinion en parlant à l’antenne d’un «arsenal impressionnant saisi sur les manifestants», sachant parfaitement que ces outils n’avaient rien à voir avec le village de l’eau ou les mégabassines, mais aussi en oubliant de flouter la fiche, divulguant ainsi des informations confidentielle sur l’identité d’une personne.

Dernière petite anomalie : le compte officiel de la gendarmerie avait, lui, pris soin de flouter ces informations sur la photo diffusée sur son compte Twitter. Cela veut dire que Cnews a eu les photos «originales», en exclusivité, envoyées directement par les gendarmes à la chaîne d’extrême droite. De là à en déduire une collusion entre l’appareil d’État français et les néofascistes de chez Bolloré pour manipuler la population, il n’y a qu’un pas que seuls les mauvais esprits franchiront.


Quand vous verrez des reportages anxiogènes sur les mobilisations du week-end et que la répression sera légitimée par les discours officiels, pensez à cette manipulation grossière, qui est une méthode systématique de ces médias.

https://contre-attaque.net/2024/07/19/megabassines-comment-la-gendarmerie-et-cnews-manipulent-lopinion/

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