En dehors de leurs bastions, les fascistes multiplient les attaques partout.
Lannion : la serre d’une association d’accueil saccagée
Idriss est un homme d’origine soudanaise, installé dans le nord de la Bretagne, à Lannion, depuis 2016. Avec une association nommée A4, il anime depuis 2022 une activité de maraîchage avec des personnes exilées. Diverses nationalités se côtoient sur la parcelle où se trouvent des serres : demandeurs d’asile ou sans-papiers, qui se retrouvent pour tisser des liens tout en pratiquant l’agriculture.
Cela permet aux exilé-es, isolé-es et en grande précarité, de se former à des métiers dans le domaine paysan et de l’artisanat. Dans le cadre des élections et de la montée fulgurante de l’extrême droite, les serres d’Idriss ont été attaquées deux soirs de suite par l’extrême droite.
Rencontré par Mediapart, il a montré «le buffet renversé», «le liquide vaisselle dans l’eau potable», «une machette enfoncée, en guise d’intimidation, dans le plan de travail en bois, une seconde dans le buffet». L’attaque a été revendiquée par des tags racistes et signée par une organisation nationaliste bretonne qui n’est plus en activité depuis des années.
«J’ai peur que ça se reproduise et qu’un jour ils blessent quelqu’un» craint Idriss.
En Bretagne, la violence d’extrême droite, quasiment inexistante pendant longtemps, explose. Dans les Côtes-d’Armor : le 17 novembre 2023, un lieu au concept similaire à Saint-Brieuc a lui aussi été attaqué. Un commando cagoulé avait attaqué une serre et agressé les occupant-es, blessant quatre personnes. Dans les semaines précédentes, des fascistes avaient semé la terreur à Callac dans les Côtes d’Armor, et avaient réussi à empêcher l’implantation d’un centre d’accueil dans la commune. À Saint-Brévin, c’est la maison du maire qui avait été incendiée par des néo-nazis. À Saint-Brieuc, en juillet dernier, un festival solidaire et antiraciste avait été chargé par un groupe d’extrême droite armé, avant d’être repoussé par les spectateurs.
En Ariège, le local de la CGT dévasté
Des croix gammées, des slogans nazis et un énorme dégât des eaux. Les faits ont été commis durant le week-end du second tour des élections législatives. Le local syndical situé dans l’hôpital du Couserans, en Ariège, a été ravagé par des fascistes.
Les portes et armoires ont été défoncées, l’intégralité des archives ainsi que le matériel et des ordinateurs détruits, le mobilier lacéré… Et «les murs, portes et mobiliers ont été tagués de messages odieux glorifiant le Rassemblement National, ornés de symboles nazis, de références à des groupuscules ultra-violents d’extrême droite» explique le syndicat.
«Ils ont fait les choses de façon méthodique et réfléchie» explique à la presse Patrice Chevallier de la CGT. «Ils ont bouché les grilles d’évacuation et ouvert les robinets en grand». Ce qui a causé une inondation qui a touché le service de santé au travail et le service social du personnel, situé au rez-de-chaussée.
Une augmentation inquiétante des passages à l’acte
Ces deux attaques s’inscrivent dans le cadre d’une explosion des violences d’extrême droite ces dernières semaines. Elles montrent quelles sont les cibles des fascistes : les démuni-es, les sans-droits, les syndicalistes et celles et ceux qui militent pour l’égalité.
Plus inquiétant, la Bretagne et l’Ariège ont longtemps été des régions préservées, avec un fort maillage associatif, une culture de gauche et une quasi-absence de groupes fascistes actifs. L’extrême droite défend toujours les plus forts et s’attaque aux plus faibles.
Ces actes illustrent donc la progression de l’implantation territoriale et le passage à l’acte des fascistes dans tout le pays, même loin de leurs bastions historiques.
https://contre-attaque.net/2024/07/16/les-agressions-fascistes-continuent/
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