Mettre fin aux atrocités de masse au Darfour

Le Brief du Jour du 13 mai 2024

Directeur des relations médias en Europe

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Burnt remains of a school
Décombres de l’école Imam al-Kazem, à El Genaina (Darfour occidental), au Soudan, qui a été incendiée en avril 2023. Cette école servait de site de rassemblement pour des personnes déplacées par le conflit.  © 2023 Roots for Human Rights and Monitoring Violations

Andrew Stroehlein

Les abonnés du Brief du Jour ont déjà entendu parler de la guerre au Soudan en général et des atrocités commises au Darfour plus particulièrement. Depuis le début du conflit en avril 2023, nous n’avons cessé de sonner l’alarme au sujet de la crise et de souligner l’incapacité de la communauté internationale à y faire face.

Pourtant, certains des détails contenus dans un nouveau rapport de 218 pages sont particulièrement horribles.

Notre nouvelle enquête examine la manière dont les Forces de soutien rapide (RSF) et leurs milices alliées ont mené, l’année dernière, des vagues d’attaques successives à El Geneina, la capitale de l’État du Darfour occidental. Elles ont tué des milliers de civils non armés, violé des femmes et des filles et torturé des détenus.

Les RSF et les milices alliées ont également commis des pillages à grande échelle et réduit des quartiers entiers en cendres. Elles ont poussé des centaines de milliers de personnes à fuir vers le Tchad.

Ces attaques étaient ciblées sur des bases ethniques, et non au hasard. Les RSF et leurs milices alliées se sont concentrées sur les quartiers d’El Geneina qui étaient principalement habités par des membres de l’ethnie Massalit.

Les RSF sont en grande partie recrutées parmi les anciens Janjawids, une milice connue pour les crimes effroyables qu’elle a commis en 2003-2004 contre les groupes non arabes, y compris les Massalits. Les milices alliées de la RSF sont principalement arabes. Les agresseurs ont proféré des insultes ethniques à l’encontre de leurs victimes et ont clairement indiqué qu’ils voulaient les voir quitter le Darfour.

Un grand nombre des atrocités décrites dans le nouveau rapport constituent des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité. Le ciblage des Massalit, dans le but apparent de les faire quitter définitivement le Darfour, relève du nettoyage ethnique.

Il est également possible que les RSF et leurs alliés aient tué des civils massalit avec l’intention spécifique de détruire en tout ou en partie la population massalit, au moins dans le Darfour occidental. Cela signifierait que nous avons affaire à un possible génocide – peut-être même toujours en cours.

Bien entendu, justice doit être rendue pour les crimes commis, et le nouveau rapport identifie les personnes qui ont exercé une responsabilité de commandement sur les forces qui ont perpétré ces crimes. La communauté internationale doit soutenir les enquêtes de la Cour pénale internationale (CPI), non seulement au Darfour, mais aussi dans l’ensemble de ses activités.

Cependant, la justice prend du temps – le premier procès de la CPI pour les crimes commis au Darfour en 2003-2004 n’a commencé qu’en 2022 – et la population du Darfour est à nouveau menacée en ce moment même.

Human Rights Watch appelle donc les Nations Unies, en coordination avec l’Union africaine, à déployer une nouvelle mission pour protéger les civils en danger au Soudan. Cette mission – ainsi que d’autres mesures, telles que des sanctions ciblées contre les auteurs et un embargo élargi sur les armes – est nécessaire de toute urgence.

Combien de massacres la population du Darfour devra-t-elle encore subir avant que les gouvernements ne prennent des mesures sérieuses ?

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