Colonialisme, Océanie, Répression, Violences policières
Il s’appelait Rock Victorin Wamytan, ses proches le surnommaient «Banane», il avait 38 ans. Il a été abattu par un sniper du GIGN. Les tueurs que l’État français envoie en Kanaky sont des commandos coloniaux, expédiés dans cet archipel du Pacifique située à 17.000 kilomètres de Paris.
Rock Victorin n’avait aucune chance : le mercredi 10 juillet au matin, c’est un sniper du GIGN, unité militaire d’élite, qui lui a tiré en pleine poitrine. C’était dans la commune du Mont-Dore, lors d’une opération de déblocage d’une route. La veille, le Haut-commissaire de la République du territoire avait une nouvelle fois menacé les manifestants pour la liberté de la Kanaky. Il avait déjà prévenu les Kanak qui bloquent les routes qu’«ils prennent le risque de se faire tuer. Des unités d’élite de la gendarmerie sont sur zone, comme le GIGN».
La justice a ouvert deux enquêtes dont les qualifications sont indignes. La première vise les manifestants pour «tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique» et la seconde vise le sniper du GIGN «pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner». Un tireur d’élite qui vise la poitrine d’un homme avec une arme de précision, c’est un un homicide «sans intention».
Rock Victorin est le neveu d’un leader indépendantiste Kanak. C’est aussi le dixième mort en deux mois de révolte dans l’archipel.
Le 18 juin, Lionel Païta, âgé de 26 ans, était enterré après avoir agonisé plusieurs jours. Il avait reçu un tir dans la tête par un gendarme, près d’un des barrages érigés par le peuple en lutte de Kanaky.
Avant lui, deux hommes de 19 et 36 ans avaient été assassinés par des colons, le plus jeune d’une balle dans le dos alors qu’il fuyait. Une adolescente Kanak de 17 ans avait d’une balle dans la tête au milieu d’une route, et un autre le 24 mai, tué par des policiers en civil. Par ailleurs, des dizaines de Kanak ont été blessés par balle par les milices de colons et la police. Leur nombre ainsi que les séquelles ne sont pas connues. Deux gendarmes ont également trouvé la mort, dont un par un tir «ami» de ses propres collègues, et l’autre dans une fusillade dont les circonstances semblent troubles.
Enfin, 1.703 personnes ont été arrêtées depuis le 13 mai, selon les autorités. Un grand nombre d’entre elles ont été envoyées derrières les barreaux après des procès expéditifs. Les leaders indépendantistes ont quant à eux été déportés en métropole, dans des prisons situées à plusieurs milliers de kilomètres de leurs familles. Un cargo affrété par l’État français vient par ailleurs d’arriver à Nouméa chargé d’équipements militaires, notamment de nombreux blindés, et le GIGN reste déployé pour continuer et durcir la répression en Kanaky.
Alors que l’extrême droite reste aux portes du pouvoir en métropole, le fascisme est déjà appliqué dans les colonies. Car le fascisme n’est rien d’autre que le colonialisme appliqué au sein même des pays impérialistes. C’est la violence exercée sur les peuples colonisés qui revient à l’intérieur, sur les populations occidentales, comme l’expliquait Aimé Césaire.
La répression militaire et sanglante orchestrée en Kanaky par le régime macroniste nous concerne toutes et tous.
Image tirée d’un clip du ministère de l’Intérieur, montrant le GIGN déployé en Kanaky.
https://contre-attaque.net/2024/07/12/un-kanak-abattu-par-un-sniper-10-morts-en-deux-mois/
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