Elle a osé le dire : Yaël Brau-Pivet “inquiète” de l’usage de 49.3

Élections, Extrême droite, Gouvernement


S’il fallait une incarnation humaine du culot, elle s’appellerait Yaël Braun-Pivet.


S'il fallait une incarnation humaine du culot, elle s'appellerait Yaël Braun-Pivet.

Celle qui était la présidente tyrannique de l’Assemblée Nationale jusqu’à la dissolution affirme tranquillement, ce mardi 9 juillet sur France Inter : «Le nouveau front populaire n’est pas en capacité de gouverner parce qu’il a une assise parlementaire beaucoup trop faible. Lorsque j’entends certains de ses dirigeants dire qu’ils vont gouverner à coups de 49.3 ou à coup de décret je suis extrêmement inquiète de cette vision de la démocratie». Yaël Braun-Pivet ajoute ensuite : «Aujourd’hui il faut respecter le parlement».

Le mot important dans la dernière phrase, c’est «aujourd’hui». Parce que jusqu’ici, jamais personne n’avait autant maltraité le parlement et la démocratie que Yaël Braun-Pivet et les macronistes. Depuis 2022, le gouvernement a dégainé 23 fois l’article 49.3 de la constitution. Un record absolu sur un laps de temps si court. Et c’était pour imposer les pires reculs sociaux depuis la Libération, précariser encore les plus pauvres, détruire les retraites ou même imposer une loi raciste directement inspirée du programme de Jean-Marie Le Pen. Yaël Braun-Pivet et ses amis ont gouverné sans les députés et ont aboli, de fait, le régime parlementaire.

Ce n’est pas tout, en tant que présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet a été la plus répressive de l’histoire contre les députés : elle a prononcé 106 sanctions entre juin 2022 et mai 2024, contre 39 dans toute l’histoire de la Ve République, en 60 ans.

En 2022, Yaël Braun-Pivet punissait une députée de sa propre majorité parce qu’elle avait dénoncé «l’ADN xénophobe vieux de 50 ans» du Rassemblement National. Visiblement, cette intervention a irrité la présidente de l’Assemblée, au point qu’elle adresse une peine disciplinaire à la députée. Il faut dire que Yaël Braun-Pivet représente l’aile pro-RN du macronisme : elle dirige l’Assemblée avec un élu d’extrême droite, Sébastien Chenu, qu’elle qualifie d’ailleurs de «très bon vice-président».

Le 28 mai 2024, le député Insoumis Delogu était sanctionné au maximum par Yaël Braun-Pivet pour avoir déployé un drapeau palestinien à l’Assemblée pendant quelques secondes. En revanche, quand le député macroniste Remy Rebeyrotte a fait un salut nazi en 2022 en pleine Assemblée, Yaël Braun-Pivet ne lui avait donné qu’un simple rappel à l’ordre, sans inscription au procès-verbal. Soit le plus faible niveau de sanction que prévoit le règlement.

Le 30 mai 2023, il y a quasiment un an, en plein mouvement contre la réforme des retraites qui venait d’être imposée par 49.3, c’est la même personne qui déclarait : «J’entends des gens dire, ce serait antidémocratique d’empêcher le vote. Je trouve ça dingue» puis «Il ne doit pas y avoir de débat sur cet article». Refuser un vote du Parlement concernant une loi rejetée par 9 français sur 10, ça passait crème à l’époque pour Yaël.

C’est aussi Yaël Braun-Pïvet qui a hurlé son soutien «inconditionnel» à Israël au moment du lancement de l’opération génocidaire à Gaza, puis qui s’est rendue avec le député d’extrême droite Meyer Habib en Israël pour asséner : «rien ne doit empêcher Israël de se défendre».

En 2023 Yaël Braun-Pivet hurlait depuis le perchoir de l’Assemblée contre une députée insoumise qui rappelait qu’elle avait caché dans sa déclaration d’intérêt une partie de ses biens spéculatifs, en l’occurrence, 40.000€ d’actions chez Total qui auraient été «oubliées». L’ancienne présidente de l’Assemblée possède aussi 1,5 million d’euros d’actions chez L’Oréal. Surprise, son mari est justement cadre chez L’Oréal…

Voilà, en résumé, le pédigrée de celle qui ose parler de respect de la démocratie et du Parlement aujourd’hui. Mais ce n’est pas tout. Ce mardi 9 juillet sur France Inter, elle a aussi osé : «Moi je vais même plus loin, si nous arrivons à composer un gouvernement, moi je suis extrêmement favorable à ce que ce gouvernement demande un vote de confiance à l’assemblée nationale […] pour avoir cette légitimité parlementaire que lui confèrerait ce vote pour pouvoir gouverner».

Ni Élisabeth Borne, ni Gabriel Attal n’ont fait voter la confiance du Parlement, tout simplement parce qu’ils étaient minoritaires à l’Assemblée et qu’ils auraient perdu. Perdants dans les urnes, les macronistes exigent le respect de règles qu’ils ont méthodiquement piétiné ces dernières années.

https://contre-attaque.net/2024/07/09/elle-a-ose-le-dire-yael-brau-pivet-inquiete-de-lusage-de-49-3/

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