Le Poing Publié le 23 avril 2024 à 21:32 (mis à jour le 23 avril 2024 à 22:19)
La mobilisation intersyndicale contre l’extrême-droite prévue à Béziers a rassemblé environ 3000 personnes. Deux membres de Solidaires Étudiant.es ont été interpellé.es, les organisateurs dénoncent l’arbitraire de ces arrestations. Ils sont convoqués au tribunal le 16 mai, après quelques heures au commissariat.
La mobilisation, appelée par une intersyndicale CGT , CFDT, UNSA, Solidaires, FSU, a commencé dès midi devant la Bourse du Travail de Béziers, où stands de nourriture et boissons ont permis un repas partagé.
Plusieurs leaders syndicaux nationaux ont fait le déplacement, dont Sophie Binet, Benoît Teste et Laurent Escure, respectivement à la tête de la CGT, de la FSU et de l’UNSA (l’Union Syndicale Solidaires tient actuellement son congrès à Toulouse).
L’appel était à l’initiative de la CGT34. L’intersyndicale a vite eu le soutien de nombreuses organisations politiques et associations de gauche, présents à Béziers ce 23 avril, dont notamment le PS, la FI34, le PCF. Le communiqué de la CGT évoquait entre autres le bilan social de Ménard, avec « des droits syndicaux revus à la baisse, une augmentation du temps de travail des personnels dépendant de la mairie, des remises en question de primes, des suppressions de postes, une dégradation du service public. »
L’Union Locale Force Ouvrière Béziers, épinglée notamment par StreetPress pour ses liens avec la mairie et la majorité de Robert Ménard, n’a pas participé. Autres réfractaires, à gauche cette fois-ci, et pour d’autres raisons : le groupe Union Populaire/France Insoumise du Grand Biterroise, la Libre Pensée 34, ou encore différents groupes d’extrême gauche comme Révolution Permanente ou l’Union Communiste Libertaire.
La secrétaire générale de la CGT a choisi de rallier la manifestation parce que « Robert Ménard est un acteur central de l’alliance entre la droite et l’extrême droite ».
Le maire se définit d’ailleurs maintenant comme « divers droite. » « Une stratégie de normalisation et de banalisation de l’extrême droite », selon Sophie Binet. « Macron a un rôle central là-dedans, en reprenant les idées du RN comme pour la loi Asile Immigration, mais aussi parce que l’extrême-droite se nourrit du désespoir de la population, elle pousse sur les cendres laissées par le néo-libéralisme. Mais il ne faut pas s’y tromper, elle divise le monde du travail et permet au capital, aux dirigeant.es d’entreprise de continuer à voler le fruit de notre travail. »
Benoît Teste appuie sur cette reprise macroniste de thèmes chers à l’extrême-droite, “très visible dans l’éducation, avec le choc des savoirs, les groupes de niveau ou le port de l’uniforme ».
« Béziers est une aux mains de l’extrême droite avec Ménard, qui, avec des modalités de fonctionnement très populistes, cache ses volontés de mettre en place une division des différentes populations dans la ville », a souligné Élisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du syndicat enseignant SE-Unsa, dénonçant une « politique de la peur».
La manifestation est partie pour 14h, pour une marche entre la Bourse du Travail et la place du 14 juillet, où des concerts ont commencé en fin d’après-midi.
Deux syndicalistes étudiant.es ont été interpellé.es par la police pendant la manif.
« On était en cortège Solidaires Étudiant.es. 34 », témoigne Jasmin*. « Il y avait des policiers près de la manifestation, mais on ne s’inquiétait pas : le défilé est déclaré en préfecture et organisé par des syndicats. Là j’en ai entendu un me décrire dans son talkie-walkie. Puis ils se sont mis à nous encercler. Ils ont nassé environ quinze personnes de notre syndicat avec notre banderole. Des contrôles ont commencé. La plupart des étudiant.es ont pû en sortir sans soucis, même si il y au des violences physiques de la part des policiers. Mais deux de nos camarades ont été embarqués pour port de gazeuse lacrymogènes (NDLR : assez courant dans les manifs, notamment dans les mains de membres de services d’ordre, encore plus quand il s’agit de défiler contre l’extrême-droite, dont certains groupuscules adeptes des violences de rue ne rechignent pas à l’agression.) C’est assez inédit ce genre de pratiques policières dans une manifestation de ce type, mais avec le glissement autoritaire en cours on craint que ça ne devienne fréquent. »
La CGT, Solidaires et la FSU ont immédiatement dénoncé des « arrestations arbitraires », et un rassemblement de soutien a eu lieu devant le commissariat où les jeunes militant.es ont été emmené.es.
Lesquels ont été relâchés avec une convocation devant le tribunal de Béziers le 16 mai.
Robert Ménard a instauré, lundi 22 avril et jusqu’au 30 septembre, un couvre-feu de 23 heures à 6 heures pour les mineurs de moins de 13 ans, dans trois quartiers prioritaires de la ville
Ce qui peut ramener certain.es biterroise.es a de bien sinistres souvenirs. Le 8 avril 2020 Mohamed Gabsi est tué par la police municipale de Béziers après une arrestation pour non-respect du couvre-feu mis en place par la mairie de Béziers.
*Prénom modifié
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