« À la fin du mois de mai, l’État espagnol fermera les portes de l’une des trois prisons pour femmes détenues du pays. La seule en Andalousie est la prison d’Alcalá de Guadaíra (Séville). Les quelque 100 femmes détenues dans cet espace spécialisé seront transférées dans un module de la prison pour hommes Sevilla 1 », introduit El Salto. Cette nouvelle n’a pas de quoi réjouir. En prison, les discriminations et les violences faites aux femmes sont exacerbées. Elles représentent 7 % de la population carcérale du pays. Une avocate interrogée par El Salto souligne que la décision de mettre toutes les femmes dans un même espace, suite à la fermeture de la prison d’Alcalá de Guadaíra, serait une violation de la loi pénitentiaire car, explique-t-elle, les détenu·es « doivent être séparé·es en différents modules en fonction non seulement de leur sexe, mais aussi d’autres critères tels que l’âge, le profil pénal, la situation procédurale, l’état de santé mentale ou les besoins en matière de traitement ». Le média indépendant espagnol évoque des chiffres alarmants sur la situation actuelle : « 30 % des détenues souffrent de graves problèmes de santé mentale et une sur six n’a pas d’alternative de logement après sa sortie de prison ». De plus, selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), « le nombre de suicides parmi les femmes incarcérées est neuf fois supérieur à celui de la population générale ». Le manque de financement spécifique et le sexisme dégradent encore les conditions d’incarcération des femmes, souligne le média. Lorsqu’elles peuvent être formées et travailler, les prisonnières sont cantonnées à des rôles vus comme féminins – la couture, la blanchisserie ou encore le ménage. Elles sont en moyenne payées 3 euros par heure, pour travailler pour des entreprises comme Zara. Derrière les barreaux, les futures mères subissent aussi des violences obstétricales « avec des conséquences graves sur leur santé ». Les mères, qui représentent huit détenues sur dix en Espagne, peuvent rencontrer des difficultés à s’occuper ou garder un lien avec leurs enfants. « En Andalousie, il n’existe qu’une seule unité pour mères au sein des institutions pénitentiaires, afin que les femmes privées de liberté puissent être avec leurs enfants », illustre le site. La fermeture de prisons et leur transfert vers d’autres centres signifie également un plus grand éloignement de leur famille. Plusieurs groupes féministes, comme le collectif CAMPA, « manifestent leur préoccupation face à la situation des femmes incarcérées et mènent également un militantisme pour la suppression des centres pénitentiaires ». Ces militantes demandent des alternatives à la prison dans une perspective féministe, à l’image de l’autrice Alicia Alonso Merino, qui écrit dans son ouvrage Feminismo anticarcelario, el cuerpo como resistencia (« Féminisme anti-carcéral, le corps comme résistance ») : « Recourir à la prison, c’est recourir à un outil du patriarcat qui le renforcera. » |
💬 En espagnol 👉 Lire l’article (accès libre) https://www.elsaltodiario.com/carceles/faltan-presas-mujeres-carceles-feminismo-anticarcelario |
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