Publié le 5 août 2023 |
J’avais écrit cet article il y a 5 ans presque jour pour jour, et je l’ai aujourd’hui légèrement remanié et actualisé afin le proposer à la lecture ici.
Son but est de montrer à quel point le drapeau français, fièrement brandi par une large partie de la population, est entaché de sang, mais aussi à quel points la politique de l’État français se fait de plus en plus injuste et aberrante de nos jours.
Un peu d’histoire de France pour commencer. Enfin, surtout celle que l’on apprend pas trop à l’école de la République.
Le drapeau tricolore bleu, blanc, rouge est définitivement adopté comme drapeau de la France en 1830, même si ses origines remontent à la Révolution française de 1789. Sous ce drapeau et au nom de l’État français, crimes et exactions vont être perpétrés, en toute légitimité.
Parmi lesquelles :
• 1848 : Durant les journées de juin, l’armée française (gardes nationaux, gardes mobiles et gardes républicains) répriment dans le sang la révolution parisienne. Entre 3000 et 5000 insurgé.es sont massacré.es, environ 1500 fusillé.es sans jugement, 25 000 arrêté.es et 11 000 condamné.es à la prison ou à la déportation.
• 1871 : Du 21 au 28 mai, c’est la semaine sanglante. Les versaillais du gouvernement d’Adolphe Thiers écrasent sans retenue les communard.es, qui avaient constitué.es la « Commune de Paris ». La répression sera impitoyables : tueries et exécutions sommaires à tout-va (y compris pour les femmes et les enfants), ainsi qu’un nombre incalculable de fusillé.es et de condamnations (à la prison, à la déportation, aux travaux forcés et à mort). Le nombre total de victimes est estimé entre 20 000 et 30 000.
• De 1914 à 1918, durant la première guerre mondiale, summum, à l’époque, de la boucherie et de l’horreur, l’armée française fusilla plus de 600 hommes pour désobéissance militaire. Ce sont les « fusillés pour l’exemple ».
• 1961 : Le 17 octobre, en pleine guerre d’Algérie, la police française, sous les ordres du préfet de police de Paris, Maurice Papon (qui auparavant collabora étroitement avec les nazis), met en place une répression brutale et meurtrière à l’encontre d’Algériens, hommes, femmes et enfants, venus manifester pacifiquement pour leur indépendance et leur liberté (La fédération de France du FLN, organisatrice de l’évènement, avait interdit le port d’armes aux manifestants). Le massacre fait plusieurs centaines de blessés, et entre 100 et 200 morts selon les sources.
Cette énumération est bien entendue non exhaustive car les crimes d’État perpétrés sous la bannière tricolore se comptent par milliers : crimes coloniaux, répression féroce, exécutions sommaires, bavures policières, peine de mort, arrestations arbitraires, destruction de lieux de vie, tabassage, tortures… bref, c’est sans fin et surtout, ça continue aujourd’hui.
Cela n’empêche pas des « supporters » (de n’importe quel sport, ça ne change rien) de brandir avec clameurs et entrain le drapeau bleu-blanc-rouge. Savent-ils à quelle point ce drapeau est entaché de sang ?
Poursuivons à présent avec un peu d’actualité [1]. Enfin, surtout celle que l’on apprends pas trop dans les grands médias nationaux.
Depuis plus d’un an maintenant, le gouvernement macroniste ne cesse de prendre des mesures portant atteintes aux avancées sociales, à l’écologie, à la justice sociale, au droit du travail, à l’emploi, aux retraites, au logement, aux services publics, à la santé, à l’éducation, à l’immigration, aux libertés, à la culture, etc.
Parmi lesquelles, et en y incluant quelques annonces et autres faits aberrants :
• Baisse de la fiscalité sur les plus-values des plus gros revenus.
• Suppression de l’ISF sur les valeurs mobilières.
• Suppression de 300 millions d’euros de dotations aux collectivités en 2017, contrairement aux engagements.
• Augmentation de la CSG.
• Baisse du montant de la prestation jeune enfant.
• Suppression du CHSCT (Comité d’Hygiène de Sécurité et des Conditions de Travail).
• Les conditions de salaires, de temps de travail et de mobilité peuvent désormais être modifiées par entreprises.
• En cas de licenciement illégal les indemnités des Prud’homme sont plafonnées.
• Le contact avec des substances chimiques et cancérigènes, le port de charges lourdes, les positions pénibles, les vibrations mécaniques sont retirés des critères de pénibilité.
• Proposition de six « lettres clés en main » aux entreprises pour pouvoir licencier sans risque.
• Suppression d’une prime d’activité pour les handicapés.
• Suppression sans préavis des contrats aidés.
• Division par deux du budget alloué à la formation.
• Il pourra être exigé que les apprentis, même mineurs, travaillent jusqu’à 40 heures par semaine au lieu de 35 heures actuellement, de nuit, et jusqu’à 10 heures par jour.
• Projet de réforme du système de retraite, par un système par points qui menacerait de mettre fin au principe de solidarité (Projet finalement abandonné).
• Blocage de la revalorisation des petites retraites agricoles par le gouvernement, alors que des milliers d’anciens agriculteurs vivent en dessous du seuil pauvreté.
• Limitation du pouvoir de la justice au profit de celui de la police par le passage de l’état d’urgence dans le droit commun.
• Mensonge en direct à la télé sur la prétendue nouvelle interdiction du casier judiciaire pour les élus.
• Baisse des APL en 2017.
• Nouvelle baisse relative des APL en 2018 par un tour de passe-passe consistant à ne pas les revaloriser.
• Réduction des normes environnementales et sociales dans la construction.
• Affaiblissement de la loi littoral en autorisant la densification de villes déjà existantes autour des côtes.
• Affaiblissement du logement social.
• Adoption du CETA (accord économique et commercial global) malgré un rapport, en opposition avec l’engagement de campagne.
• Suppression de la taxe sur les activités polluantes.
• Revirement sur les perturbateurs endocriniens.
• Suppression des aides à l’agriculture bio.
• Nicolas Hulot reporte à une date indéterminée l’objectif de baisse du nucléaire de 50 % initialement prévu pour 2025, en opposition avec la promesse de campagne.
• Plan d’économies de 331 millions d’euros pour l’enseignement supérieur et la recherche.
• Réforme de la SNCF libéralisant le réseau ferré.
• Suppression du statut de cheminot.
• Annonce de la privatisation des 150 plus grands barrages hydrauliques de France.
• Annonce de la privatisation des aéroports, de la Française des jeux, et de Engie (ex EDF).
• Suppression de l’obligation du tiers payant généralisé.
• Budget 2018 réalisé pour faire 1,6 milliards d’euros d’économie dans le domaine de la santé.
• Tentative de la majorité LREM de supprimer les termes de « Sécurité Sociale » de la Constitution … finalement abandonnée suite aux contestations.
• Mise en place de la sélection à l’université.
• Réduction de 5% du budget des associations de défense des consommateurs… après la colère liée au plan de suppression de 40% de leur budget.
• Tentative et réussite de la France de faire échouer une directive européenne favorable à l’égalité femmes-hommes pour le congé parental.
• Plus de 500 000 € de vaisselle commandé par l’Elysée.
• L’Assemblée rejette l’inscription du droit à la contraception et à l’IVG dans la Constitution.
• Eau empoisonnée par du gaz lacrymo et tentes lacérées au camp de réfugié.es de Calais.
• Atteintes aux droits des migrants relevés à la frontière italienne.
• Diminution des délais de recours accordés aux demandeurs d’asile.
• Enfermement des étrangers dans les centres de rétention administrative possible jusqu’à 135 jours (au lieu de 45 auparavant).
• Doublement de la durée de rétention de 45 à 90 jours des étrangers en attente de leur expulsion, y compris pour les enfants (malgré plusieurs condamnations de la France par la Cour européenne des Droits de l’Homme).
• Silence de la France pendant 3 jours suite au refus d’accueillir le bateau de sauvetage de migrants « Aquarius », et malhonnêteté intellectuelle sur les distances.
• Renforcement du pouvoir légal des entreprises contre les lanceurs d’alerte.
• Projet de réforme affaiblissant le pouvoir Parlementaire par rapport à l’exécutif : réduction de 30% du nombre de députés.
• Les dépenses de sécurité de l’Elysée ont augmenté d’au moins 1,3 million d’euros.
• Réduction de 33 millions d’euros pour la rénovation du patrimoine, au profit d’un financement par un… nouveau jeu de hasard.
• Pas d’interview pour le 14 juillet car, « la pensée du président est trop complexe ».
• Réécriture trop importante par Matignon d’interviews de ministres.
• Journalistes tenus à l’écart de l’intervention à la ZAD de Notre Dame des Landes.
Là aussi, cette énumération est bien entendue non exhaustive, tellement ce gouvernement est « en marche »… arrière.
Mais c’est pas grave hein… la France a gagné la coupe du monde ! Une large partie de la nation française est ainsi fière de ses couleurs bleu-blanc-rouge.
J’ajoute simplement pour finir, que c’est la première fois de ma vie que je me marre en regardant parader des avions militaires ! (Voir photo ci-dessous) [2]
Mais l’on peut voir en cette bévue une image beaucoup moins drôle : Rouge (Le sang versé…), bleu-blanc-rouge (… pour la France) !!
Alexandre Kaspar du Faouët
Le 29 juillet 2018
Légèrement remanié et actualisé le 30 juillet 2023
Sources : Wikipédia & Macron Watch (blog).
P.-S.
Sources photos :
1 (Drapeau français taché de sang) : exode1962.fr
2 (Patrouille de France) : Yann Caradec, le 14 juillet 2018
Documents joints
- rouge_bleu-blanc-rouge_modif_30-07-2023.odt (OpenDocument Text – 45.2 ko)
Notes
[1] L’article original date du 29 juillet 2018.
[2] Lors du défilé du 14 juillet 2018 à Paris, un avion de la patrouille de France diffuse, au moment du passage au dessus des Champs-Élysées, un fumigène rouge à la place d’un bleu.
Commentaires récents