Rencontres libertaires du Quercy 2023
mardi 30 mai 2023, par admin x
LES RENCONTRES LIBERTAIRES que l’OCL propose chaque été sont prévues cette année du mardi 18 au dimanche 23 juillet inclus – dans les coteaux du Quercy, à trente minutes au nord de Montauban ou au sud de Cahors, à une heure de Toulouse
Elles sont un espace d’échanges sur nos investissements militants, c’est pourquoi elles sont ouvertes à toutes les personnes que les débats prévus intéressent ; dans les espaces laissés libres par le programme, d’autres discussions pourront être proposées pour partager une expérience ou présenter une lutte particulière.
Nous camperons sur le terrain arboré d’un gîte du Quercy, sur la commune de Vazerac, et nous bénéficierons de ses installations pour collectivités. Il y aura également là des tables de presse, ainsi qu’une vidéothèque composée de films sur des luttes d’hier et d’aujourd’hui. En ce qui concerne la vie quotidienne et la gestion des rencontres, les repas et le ménage seront assurés par des équipes tournantes qui changeront chaque jour.
Les tarifs pour les repas et la participation aux frais de location des lieux seront établis en fonction des revenus.
Si vous venez en train, nous irons vous chercher à la gare de Montauban.
LES DÉBATS DES RENCONTRES
Mardi 18
- Après-midi : Mayotte
Le camarade, auteur de l’article Mayotte / Comores : Généalogie d’une politique du pire paru dans ce numéro de Courant Alternatif (p22 et suivantes), répondra aux remarques, demandes de précision et interrogations sur la situation à Mayotte et aux Comores. En particulier, il pourra faire le point sur l’évolution et les suites de l’opération Wuambushu depuis le début juin.
- Soirée : Histoire algérienne de la France
Nedjib Sidi Moussa, Docteur en science politique et enseignant, vient nous présenter son dernier ouvrage.
Disons les choses simplement : pour comprendre la France contemporaine, il est nécessaire de se confronter, enfin, à la question algérienne. Les crispations et tensions des dernières décennies ont souvent pris la forme de polémiques aussi violentes que stériles autour de l’identité, l’immigration, le colonial, l’islam ou la sexualité.
Toutes ces thématiques, construites comme autant de « problèmes » par des forces antagonistes, de l’extrême droite à la gauche radicale, ne peuvent être appréhendées qu’à l’aune de la question algérienne, en raison des clivages hérités de la décolonisation qui travaillent les courants les plus extrémistes de la société française, du ressentiment des partisans résolus de l’« Algérie française » à la désillusion des anticolonialistes favorables à l’« Algérie nouvelle ».
Ce livre, qui fait la synthèse de quinze années de recherches menées sur les deux rives de la Méditerranée, propose de prendre au sérieux la centralité refoulée de la question algérienne en France, de 1962 à nos jours. En mobilisant des sources, parfois sulfureuses, publiées par l’extrême droite, la gauche radicale, des mouvements féministes, homosexuels ou immigrés, l’ouvrage adopte une nouvelle perspective pour rendre compte des enjeux les plus brûlants de notre époque. Car l’histoire algérienne de la France est d’abord celle des guerres et des révolutions sans cesse rejouées dans la chair ou l’imagination de nos contemporains.
Mercredi 19
- Après-midi : Palestine
Dans le prolongement de l’article paru dans le numéro de juin 2023 de Courant Alternatif, Pierre Stambul, de l’Union Juive Française pour la Paix, viendra nous parler du renforcement actuel de l’oppression subie par les Palestinien·nes, et en particulier de la situation à Gaza : plus de 2 millions de personnes sont enfermées par terre, par air et par mer. Briser le blocus, un impératif ! Ce débat sera précédé de la projection du film Yallah Gaza de Roland Nurier.
- Soirée : Autonomie, syndicalisme : où en est-on ?
Le mouvement social qui a débuté le 19 janvier 2023 a été rythmé par l’intersyndicale nationale, historiquement large. Les grèves, manifestations et actions sont globalement restées cadrées par le calendrier décidé entre Paris et Montreuil, voulu pour garantir la responsabilité des syndicats, gage indispensable pour qui veut négocier le prix de la force de travail. Malgré un fourmillement d’initiatives prises localement et des tentatives de débordement, le rôle historique de tampon du syndicalisme n’a malheureusement pas été ébranlé par une autonomisation du mouvement. En témoignent la faiblesse des quelques assemblées interpro, ou l’impact négligeable du volontarisme gauchiste du « Réseau pour la grève générale ».
Mais si la défaite est dure à avaler, on peut se demander si les syndicats ne sortent pas tout de même grandis du mouvement : capables d’organiser des manifestations monstres qui « se passent bien », responsables et unis, voyant leurs adhésions s’envoler… Cette image positive relève-t-elle uniquement du spectacle ? On peut se le demander au regard de leurs forces mobilisables, de la faiblesse des Unions Locales et Départementales, des réflexes de militantisme qui semblent parfois disparus… Quel est l’état réel des collectifs de travail et des collectifs de lutte, permettant un rapport de force à même d’inverser la vapeur ? Dans les luttes, les réseaux sociaux deviennent-ils l’alpha et l’omega des rapports entre individus révoltés ?
Jeudi 20
- Après-midi : Nucléaire, comment relancer la lutte ?
Avant cet été, le gouvernement a pris toutes les mesures législatives pour relancer le nucléaire : plafond de 50 % transformé en plancher, allègement des procédures, tentative de suppression des instances de sécurité, doublement du budget militaire…. Cependant, ils s’avèrent incapables de produire des EPR, EDF croule sous les dettes, le nucléaire ne supporte pas les étés chauds et secs, la commission du débat public censée légitimer l’affaire a jeté l’éponge… Un boulevard devrait donc s’ouvrir pour les antinucléaires. Le problème, c’est que le mouvement antinucléaire est exsangue, divisé, comme s’il avait perdu la mémoire de son passé de lutte. Que peut-on en attendre, comment y intervenir, comment s’opposer au programme de destruction prévu par le gouvernement ?
- Soirée : Luttes de territoires
Cette année, si l’ampleur du mouvement social a été une surprise, on notera que les luttes contre les aménagements des territoires continuent à fédérer et prennent de l’ampleur. Ainsi, le combat contre les bassines dans le marais poitevin a réussi à trouver un écho international moins en mettant en avant les problèmes liés à l’eau qu’en montrant que la lutte contre le changement climatique ne pourra venir que des habitants et se faire qu’en opposition aux visées capitalistes d’aménagement du territoire.
Il faut dire que ces luttes, décentralisées, proches des lieux de vie et ancrées dans le quotidien sont aussi un moyen de refaire du lien et de créer de nouvelles cultures militantes, en dehors des temps de mouvements sociaux et des calendriers syndicaux. Il est notable, aussi, qu’une certaine solidarité et un autre modèle de société s’y dessinent et il semble de plus en plus admis que ces projets inutiles, ce ne sont pas seulement « pas dans mon jardin », mais ni ici, ni ailleurs.
Dans un contexte de fort écho et de mise en lien de ces luttes à travers les soulèvements de la terre, nous devrons nécessairement nous poser des questions de stratégie et d’intervention dans ces luttes.
Vendredi 21
- Après-midi : Commission Journal de Courant Alternatif (début)
Critique du numéro 331, bilan de l’année 2022-2023, fonctionnement
- Soirée : Antirépression
Les serviteurs du capitalisme assurant le pouvoir actuellement en France assument pleinement leur tâche de répression des mouvements sociaux : violences policières contre les manifestant·es (que ces manifestations soient dans le cadre de mouvements sociaux ou de défense de biens communs, de territoires), surveillance et arrestation des personnes ayant commis une destruction de bien, ou ayant, selon les polices secrètes, une intention de le faire, répression judiciaire systématique. Des moyens de surveillance généralisée des populations sont mis en place.
Face à cette répression, des comités de soutien se montent par rapport à certains cas, des collectifs antirépression à visée plus générale se créent ou se réactivent, des légal-team interviennent dans les manifestations pour conseiller, aider les personnes mises en cause à connaître leurs droits et se défendre, des ONG font des rapports d’observation, des associations dénoncent la surveillance généralisée.
Comment ces différents groupes s’organisent-ils et communiquent-ils pour rendre plus efficaces ces actions complémentaires face à la répression ? Comment faire en sorte aussi que tous ces groupes prennent en compte toutes les victimes de répression ?
Samedi 22
- Après-midi : Commission Journal de Courant Alternatif (suite)
Prévisions des commissions journal pour 2023-2024 et premières idées pour le N° d’octobre
- Soirée : Immigration
Quels reculs législatifs ? Quelles résistances espérer ?
Nous pouvons dès à présent voir que l’avenir risque fort de s’assombrir pour les migrant·es. Normalement à cette date nous aurons quelques précisions sur les projets anti-immigré·es de la droite au pouvoir ainsi que sur les surenchères des LR et du RN. Mais quelles formes pourraient prendre les résistances à cette régression ?
Dimanche 23
- Après-midi : Femmes et luttes sociales
Il y a cinquante ans, on notait une pratique militante des femmes surtout dans les secteurs associatif ou syndical. Les « spécialistes » en déduisaient assez souvent que l’activité politique ne les intéressait guère « par nature » parce que leur douceur ou leur empathie innées les prédisposaient à soutenir les immigré-e-s ou les détenu-e-s, ou à défendre l’environnement, plutôt qu’à entrer dans l’arène politicienne pour se mêler de la « chose publique ». On nous disait aussi que les femmes se cantonnaient au « concret » parce qu’elles étaient incapables de manier des abstractions ; on que si elles s’étaient révoltées, au cours de l’Histoire, c’était surtout afin de sauver leurs enfants (notamment quand la famine menaçait) parce qu’elles étaient guidées par leur « instinct maternel »…
Avec l’entrée massive des femmes dans le salariat, des grèves telles que celle des sardinières à Douarnenez en 1924 ont mis en relief leur capacité de mobilisation et de résistance sur le terrain économique et social. Et, depuis les lois sur la parité (1999, 2000 et 2007), les poncifs essentialistes ont largement été démentis concernant le champ politique : les femmes sont de plus en plus nombreuses, en France comme ailleurs, à investir les appareils des partis et de l’Etat, et à intégrer les directions des entreprises, en dépit du fameux « plafond de verre » protégeant ce pré carré masculin. Une femme peut ainsi, autant qu’un homme, diriger un pays ou une multinationale d’une main de fer et sans état d’âme pour servir le capitalisme.
Pareil constat ne nous réjouit guère, car nous n’avons pas plus envie d’être exploité-e-s par des femmes que par des hommes ; mais toutes ces évolutions montrent l’importance, dans les comportements respectifs des deux sexes, à la fois de la place occupée dans la production et de la socialisation des enfants. Si les tâches domestiques continuent d’être pour l’essentiel un « domaine féminin », les femmes représentent aujourd’hui 48,5 % de la population active, et cette réalité a entraîné des modifications dans leur investissement militant, entre autres : elles demeurent très actives dans le secteur associatif, mais elles participent également beaucoup aux mouvements sociaux – on l’a vu en particulier avec celui des gilets jaunes et celui contre la réforme des retraites.
Quelles analyses peut-on en tirer pour les futures luttes contre l’exploitation capitaliste et contre la domination patriarcale ?
- Soirée : Militarisation et guerre en Europe de l’Est
Le conflit russo-ukrainien ne déroge pas aux règles. De Marioupol à Bakhmout, l’innovation technologique surdétermine le rapport de forces (missiles, satellites, communications, équipements lourds et légers…) et derrière, la capacité économique du soutien (56 milliards US*) fait la différence. Au risque du cynisme, ce salon permanent de l’armement qui se solde en centaines de milliers de morts et blessés est à la fois une réaffirmation de la supériorité US après le fiasco du retrait afghan et, dans chaque pays européen, une relance économique étatique démesurée : 413 milliards de budget militaire français sur 7 ans (doublement), relocalisation d’activités économiques et d’approvisionnements énergétiques, politique industrielle volontariste (STMC).
Quelles analyses en tirer pour les révolutionnaires ? La résurgence de l’état-nation et de sa logique impérialiste guerrière, en pleine mondialisation, n’est-elle qu’une ultime tentative de l’empire russe et de son néo-tsar, à la traine de la modernité capitaliste comme en 14, avec ses populations périphériques à mater ? Ou bien au contraire ce conflit est-il un symptôme de rejet par un état sans classe bourgeoise « moderniste », rejet salué par de nombreux pays moins industrialisés, de l’intensification de la prédation capitaliste et de son système de représentation politique et de valeurs individualistes ?
*(La dette américaine est de 31 000 milliards.)
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