dimanche 2 avril 2023, par admin x
Notre camarade Gérard Lagorce nous a quittés ce 30 mars 2023.
Gérard, c’est un jeune lycéen qui intègre le Groupe anarchiste de Nanterre, avant même d’obtenir le bac et de rejoindre ses camarades à la faculté de « La Folie ». Sans doute l’un des plus nanterrois de la bande, il sera un des animateurs de la Liaison des étudiants anarchistes (LEA) avec laquelle il vivra les prémices de la révolte étudiante qui explosera en mai 68, et qui essaime encore aujourd’hui…
Militant de première ligne il sera des 142 qui occuperont la tour administrative et fonderont le Mouvement du 22 mars. Comme beaucoup de cette génération, irrémédiablement marquée par l’expérience de la révolution à portée de vie, il se battra sans relâche contre l’ordre établi.
Devenu psychologue, dans les années 70 il sera muté dans un centre médico-psychologique à Longwy en Lorraine, et fidèle à ses conceptions révolutionnaires, il rejoindra un syndicat ouvrier, à l’époque la CFDT, dont il sera un des infatigables animateurs de la lutte pour la défense des sidérurgistes contre la restructuration capitaliste qui commence alors à laminer la région.
Entre les radios clandestines Lorraine cœur d’Acier (CGT) ou SOS-Emploi (CFDT) et les actions directes du mouvement ouvrier, Gérard sera de ceux et celles qui feront la jonction entre le mouvement de 79 et celui de 84-88. Il quittera la CFDT pour agir de façon autonome, puis intégrera la CGT. C’est sous cette nouvelle appartenance syndicale qu’il combattra contre les vautours de l’usine Daewoo qui, après avoir palpé les subventions publiques d’un énième plan social de reconversion de la sidérurgie, décident en 2005 de mettre la clé sous la porte pour délocaliser leur production. Il sera alors l’une des chevilles ouvrières du Comité de soutien à Kamel Belkhadi, alors incriminé pour l’incendie de l’usine Daewoo.
Sur cette histoire de la résistance de classe contre la restructuration industrielle et l’effacement du prolétariat lorrain, il signera un livre paru aux éditions Acratie : Longwy 82-88, autonomie ouvrière et syndicalisme sous son pseudonyme principal Hagar Dunor, qu’il utilisait également dans les colonnes de Courant Alternatif.
L’image de ce viking débonnaire, jovial et plein d’humour est sans doute celle qui nous restera de Gérard.
Son drakkar quittait souvent les rivages des seules luttes d’entreprise pour aborder aussi bien la solidarité avec les immigrés et leurs familles, que les combats antinucléaires comme à Bure ces dernières années. Il était venu y présenter la lutte de Longwy et l’action de Radio Lorraine cœur d’acier à l’occasion du Festival Les Bure’lesques. Son souci de faire converger lutte révolutionnaire et lutte antinucléaire avait rencontré un vif intérêt chez quelques « buriens ».
Même si nos chemins s’étaient quelque peu écartés ces dernières années, entre autres pour des questions de santé, nous nous retrouvions encore pour faire la fête, qui reste ce complément indispensable à toute lutte.
Gérard, ta grande gueule et ton sens du bordel créatif nous manquent déjà.
Nos pensées vont aussi à Françoise, Tomas et Julie, et à tous les camarades que tu avais du côté de Longwy.
Les camarades de l’OCL
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