dimanche 16 décembre 2018
par F.G.
Tant qu’un homme pourra mourir de faim à la porte d’un palais où tout regorge,
il n’y aura rien de stable dans les institutions humaines.
Eugène Varlin
Rien de ce qui bouge en exprimant, dans ses profondeurs, dans
l’inattendu de sa mise en branle, une révolte clairement sociale,
ramifiée, coagulante, hors contrôle et horizontale, ne saurait laisser
indifférent. La sécession des Gilets jaunes apparut ainsi, dès ses
premiers symptômes, révélatrice, conjointement, d’un retour du refoulé
et d’une réinvention. Elle disait un insaisissable qui est le propre des
révoltes plébéiennes : l’éruption d’un innommé conscient de sa force,
mais dépourvu de références historiques identifiables.
Du pouvoir médiatico-politique
Face à cette subite montée de colères objectivement unifiables,
colères aux apparences tranquilles mais charriant un ressentiment
potentiellement explosif, l’observateur moyen d’aujourd’hui, journaliste
formé aux écoles du consentement ou politique sans autre
caractéristique que d’être rallié à l’ordre de la domination, n’a de
capacité de jugement que celles que lui confèrent le « nouveau monde »
auquel il aspire et l’enseignement de l’ignorance historique qu’on lui a
dispensé. Le discours médiatico-politique des premiers temps de la
révolte est là pour en attester. Il ne disait rien de ce qui cuisait
dans la marmite en surchauffe, mais tout des affects qui animaient ceux
qui étaient en charge d’en analyser les causes et les effets : pas la
trouille, pas encore, mais un profond mépris pour ce petit peuple de
« beaufs » trop abruti pour admettre l’hypothèse de la fin du monde, et
donc la nécessité – taxable – de l’urgence climatique. En fait, la
fracture était là, claire, nette, évidente, entre les « sachants » et
les « petits ». D’un côté, ceux qui marchent dans le sens moral de
l’histoire et des droits de l’homme écologique ; de l’autre, ceux qui,
médiocrement, égoïstement, n’aspireraient qu’à une immorale survie
augmentée.
Qui ignore le passé des anciennes révoltes est incapable de saisir ce
qui se joue, en écho ou en correspondance, dans les nouvelles. Corrélé à
l’épuisement de toute capacité dialectique chez les analystes
contemporains, tous issus de la petite-bourgeoisie intellectuelle, cette
idée à laquelle ils se soumettent volontairement qu’il n’est d’autre
monde possible que celui qui les salarie en leur conférant un si pauvre
statut de minable communicant, explique, et justifie, l’absolu discrédit
dans lequel ils sont tombés. Sans leur complicité, active ou passive,
rien ne pourrait tenir du mensonge dominant. Si le terme de « caste »
leur convient si parfaitement, ce n’est pas par défaut, mais parce que,
consciemment ou inconsciemment, la fonction qu’ils assument, consiste à
légitimer, même de manière apparemment contradictoire – en version « de
gauche » ou « de droite » –, l’idée qu’il n’est finalement d’autre
manière d’en être, de ce monde, qu’en l’acceptant tel qu’il est ou tel
qu’il pourrait être, le cadre restant invariablement le même, celui d’un
néo-libéralisme plus ou moins régulé.
Les radicaux du désengagement
Aussi limité fût-il dans ses intentions initiales, le mouvement dit
des Gilets jaunes marque indiscutablement un retour massif de la
question sociale sur le devant de la scène de l’histoire. Lorsque des
gens à bout de tout se soulèvent en décidant eux-mêmes des moyens
d’action qu’ils se donnent, lorsqu’ils réinventent, hors cadres
institués (syndicaux ou partidaires), des formes d’intervention et
d’action directes sécessionnistes, le plus souvent – mais pas toujours –
non violentes, à partir de revendications parfois confuses mais souvent
justes, on ne leur demande pas leurs papiers, sauf à se vivre comme une
sorte de police idéologique chargée de faire appliquer la ligne
générale. C’est pourtant ce qui se passa du côté de certains courants
d’une gauche anciennement extrême, et plus encore dans certains milieux
dits radicaux, autonomes ou anarchistes pour qui la nature non ouvrière,
et plus encore interclassiste, de ce mouvement excluait,
ontologiquement en quelque sorte, tout soutien, et a fortiori
toute participation de leur part, à ses initiatives. L’histoire est
pleine d’exemples, parfois tragiques, où des avant-gardes autoproclamées
se retrouvèrent à l’arrière-garde d’un réel complexe – et peu regardant
sur les détails – qui les laissa se ridiculiser avant de leur appliquer
le sort commun que la dictature réserve à ses opposants, même passifs.
Pour l’occasion, ce prurit puriste serait plutôt comique s’il ne
révélait une véritable impasse théorique. Car, en contrechamp de
l’inlassable répétition de slogans éculés sur la centralité de « la
classe » – cette classe si méthodiquement déconstruite par la
postmodernité capitaliste qu’elle n’existe qu’à peine comme multitude –,
pointe une totale incapacité à saisir l’une des principales raisons de
ce surgissement de la plèbe, dans le champ social, en lieu et place de
« la classe », mais pas contre elle.
Au-delà de la pose puriste, la principale excuse que se trouvèrent ces
radicaux du désengagement par anticipation relevait d’une constatation
contestable, à savoir que ce mouvement, apparemment informe, aurait été
noyauté par « les fascistes ». Indépendamment du fait que, si fascisme
il y avait et à ce niveau d’influence, il eût été logique de mener
bataille au sein même du mouvement qui en était prétendument captif,
comme ce fut le cas à Maïdan à l’hiver 2014 [1],
il faut croire que, pour être hypercritiques, on n’en est pas moins
réceptifs à la propagande d’État, abondamment relayée par les médias,
qui s’acharna, dès le début du mouvement des Gilets jaunes, à
s’inventer un retour des ligues de 1934 et de « la peste brune » au
prétexte que quelques chefaillons nazillons s’étaient
« autophotographiés » – comme on dit au Québec – sur les Champs-Élysées.
Si l’on comprend que Castaner ait pu utiliser cette scie pour
discréditer l’ensemble d’un mouvement qu’il savait plus difficile à
réduire qu’un quarteron fasciste, on s’étonne en revanche que des
radicaux rompus, en principe, aux complexités de la dialectique aient pu
se satisfaire d’un tel faux-fuyant pour justifier leur « quiétisme
politique » [2].
Très diffusée dans les milieux radicaux, autonomes et anarchistes,
cette survalorisation de l’entrisme d’ultra-droite chez les Gilets
jaunes dissimulait, on l’aura compris, une autre gêne, liée celle-ci à
la nature supposément confusionniste d’un mouvement jugé par trop
« populiste » pour mériter qu’on s’y intéressât. « Misère de la
philosophie », aurait dit Marx.
Printemps des « insurgences », hiver des métamorphoses
Du côté du front plus spécifiquement social, constitué de minorités
syndicales combatives mais toujours sous le coup de la défaite du
printemps, le surgissement ex nihilo d’un mouvement atypique de
protestation, diffus, gazeux et sans corrélation, du moins apparente,
avec l’ancienne « lutte de classe », sonna, d’une certaine façon, comme
une dépossession. Investi d’une vision statique où il jouait le rôle de
perturbateur contrariant, mais pas toujours efficient, des pesanteurs
bureaucratiques d’un mouvement syndical largement acquis, dans ses
instances de direction, à l’idée de défaite anticipée, ce front social
échoua, au printemps, à faire converger des luttes qui n’existaient que
dans son imaginaire volontariste. Si les instances partirent vaincues
d’avance, les minorités agissantes conjecturèrent à tort, prisonnières
d’un schéma classiquement classiste, qu’il suffisait de surjouer la
radicalité sociale pour entraîner des multitudes qui ne sont plus des
masses conscientisées. Si ce mouvement du printemps 2018 fut intéressant
à vivre, et il le fut, c’est précisément parce qu’il signait une
défaite – celle du classisme pur et dur – et que, ce faisant, il ouvrait
une perspective de métamorphose, de réinvention. La désertion massive
des cortèges syndicaux – exactement proportionnelle à l’élargissement du
champ chaotique et hors contrôle des « cortèges de tête » – en
constitua un symptôme majeur : porter la colère – réelle et massivement
partagée, sans barrières d’âge, d’appartenance ou même d’intention – en
tête de manif dans l’espérance, ressentie comme libératrice d’énergie,
qu’elle débouche enfin sur quelque chose de nouveau, d’offensif ou
d’insolite, avec une claire volonté, non pas forcément d’émeute, mais
d’échappée, de sécession, de rupture avec toutes les stratégies de
défaite qui nous avaient conduits au point de non-retour où nous étions.
L’on pourrait poser comme hypothèse que c’est là, précisément là, le 1er
mai 2018, que s’opéra, à Paris, un pas-de-côté symbolique aux
conséquences insoupçonnées dont le mouvement des Gilets jaunes serait, à
l’échelle du pays tout entier cette fois, le premier débouché
pratique : un « cortège de tête », massif et pluriel, faisant soudain
irruption, comme « peuple », sur la scène éclatée d’une histoire sociale
dont plus personne n’incarne le sens. Si telle était la chose, la
nouveauté serait sans égale : surgissant de partout et de nulle part,
sans que personne ne l’ait prévu, ce mouvement, rétif à toutes les
formes de représentation – théoriques et pratiques – existantes, ne
serait le sujet que de sa propre force, une force capable d’investir,
sous d’autres modes que ceux qui ont failli, le champ des possibles.
S’il n’y a pas de classe (ouvrière) sans conscience, il y a plèbe du
seul fait qu’elle se mette en mouvement, qu’elle brise le continuum de
l’histoire et de l’infinie domination qu’elle subit. Sa survie diminuée
ne diminuera pas davantage puisqu’elle n’est pas en grève. Aucun
chantage à la misère ne pourra s’exercer sur elle puisqu’elle est
pleinement dedans. Elle tient, cette plèbe, parce que vient toujours un
temps où céder, c’est mourir. Elle tient parce qu’elle assiste à la
naissance de sa force, une force qu’elle n’avait pas soupçonnée. Elle
tient parce qu’elle ne négocie pas, qu’elle avance vers sa conscience.
Du retour de la « common decency »
La puissance de ce mouvement éminemment populaire tient à sa
diversité, à son horizontalité, à sa méfiance de la politique, à son
refus des assignations, à sa défiance du jugement moral (notamment sur
la violence), à sa clairvoyance critique sur le système
médiatico-politique et, enfin, au plaisir qu’il éprouve à jouer sa
partie en tout terrain et sur ses seules bases. Relevant d’une curieuse
alchimie entre la classe petitement moyenne et la plèbe, les gueux, ceux
d’en bas, l’une de ses singularités tient à son refus obstiné, réitéré,
argumenté, de toute « représentation » – c’est-à-dire de toute
délégation, même partielle, de sa souveraineté collective à qui finira
toujours par la trahir ou la dévoyer. Ce faisant, il abolit, en amont,
tout risque de dégénérescence bureaucratique et parasite, en aval, le
logiciel du pouvoir et des médias qui le disent immature quand il est,
au contraire, l’expression la plus achevée d’une intuition
auto-construite et infiniment perfectible. D’ « édition spéciale » en
« édition spéciale », les succursales audio et télévisuelles du mensonge
spectaculaire à jet continu sont bien obligées, sotto voce, de
le reconnaître : ils n’y comprennent rien. Autre singularité notable de
ce mouvement sans chefs ni structures stables, son évidente intelligence
stratégique : blocages des flux (de marchandises, essentiellement),
dispersion territoriale rendant impossible toute intervention policière
coordonnée, popularisation des actions auprès de la population,
confluences avec d’autres fronts de lutte, regroupements informels
d’activistes décidés à en découdre, mobilisations – pacifiques ou non –
de ces samedis déclinés en actes, assemblées générales décisionnelles
parfois.
Comprendre l’hétérogène de ce mouvement est mission impossible si l’on
n’admet pas, d’abord, que la déconstruction méthodique, depuis une bonne
trentaine d’années, de toutes les formes anciennement admises de
sociabilité populaire, est allée beaucoup plus loin, et plus vite, dans
les grandes métropoles, progressivement vidées de leur peuple social
pour des raisons économiques, que dans leurs périphéries périurbaines et
semi-rurales, où, par force, ce même peuple s’est retrouvé, pour les
mêmes raisons, massivement déplacé. Cette donnée sociologique de base
permet d’expliquer pourquoi ce mouvement touche beaucoup plus la
province que la capitale [3]
ou les grandes villes, mais aussi en quoi il catalyse des sociabilités
déjà existantes ou pouvant faire sens commun. Une autre caractéristique
de ce mouvement tient à sa capacité à se développer localement, en
souplesse et sans préjugés, en s’adaptant aux réalités d’un terrain
qu’il connaît suffisamment pour y organiser des points de blocage, mais
aussi des espaces de rencontre où se tissent des solidarités, où
s’échangent des expériences, où se créent des liens, où s’expriment des
colères. Dans ces ZAD du pauvre où circulent les paroles librement
exprimées et contredites, il importe peu, en fait, qu’on ait pu été
abstentionniste, électeur de Mélenchon, de Le Pen ou même de Macron. Ce
qui compte, c’est ce « nous » qui émerge et se met en mouvement en
bloquant pratiquement, mais plus encore symboliquement, ce monde qui
tourne désespérément en rond dans sa nuit.
À bien des égards, ce mouvement relève d’une forme spontanée et non
identifiable d’anarchie plus sécessionniste qu’instituante, d’une
révolte populaire qui n’aspire qu’à vivre décemment. On a beaucoup
moqué, dans les salons du progressisme, de la radicalité abstraire et
même chez certains amis, l’insistance michéenne à vanter, de livre en
livre, la « common decency » orwellienne. Au prétexte, laissait-on
entendre, que Jean-Claude Michéa se référerait à un peuple fantasmé ou
disparu depuis longtemps. C’était ne pas comprendre, ou avoir désappris,
que cette « common decency » ne relevait, chez Orwell, d’aucune
mythification, mais d’un simple constat : il y a chez ceux d’en bas
l’idée, morale disons, que certaines choses ne se font pas. On n’a pas
le droit, par exemple, de condamner à la misère infinie ceux qui, par
naissance ou par accident, ne seraient bons qu’à ça. Cette « common
decency » irrigue, dans ses plus intimes profondeurs, ce mouvement des
Gilets jaunes. Elle n’est pas révolutionnaire ; elle est juste
salutaire. Elle fonde nécessairement tout projet de communauté humaine
solidaire et égalitaire. Si la Macronie a contribué à la réamorcer
durablement, c’est précisément parce que l’arrogance et le mépris dont
elle a abreuvé ceux d’en bas [4],
ne pouvaient, en retour, qu’attiser la haine dont elle est aujourd’hui
l’objet, une haine étendue à sa faible base électorale et, au-delà, à la
petite-bourgeoisie urbaine partageant, même critiquement, le même
imaginaire sociétal.
Pouvoir du vide et vide du pouvoir
Si l’enjeu de cette lutte n’est pas aujourd’hui d’ébranler le système
général de domination, elle participe clairement, et quelle qu’en soit
l’issue, d’une volonté populaire de mettre en crise le régime et, pour
le moins, de démontrer qu’il est possible, socialement, de le faire
reculer sur ses fondamentaux.
Partant de là, y a sans doute de précieux enseignements à tirer de la
manière dont le pouvoir « gère », depuis un bon mois, une crise qui le
bouscule jusque dans ses bases. Au mépris des premiers temps s’est
progressivement substituée une réaction de pure panique devant le
caractère incontrôlable d’un mouvement dont l’originalité, le pouvoir le
sait, échappe par avance à tout algorithme de gestion de crise. Sans
autre prise que policière – massivement, brutalement policière – sur une
situation mouvante et éruptive, il s’est alors inventé, comme possibles
interlocuteurs, quelques « gilets jaunes libres » ou « modérés » dont
la principale caractéristique était d’incarner la trahison avant même
d’oser entrer dans la danse. Au bout du compte, le grotesque succéda au
mépris et à la panique. Tombé d’un trône trop haut pour lui, Jupiter dut
en convenir : il ne pouvait désormais négocier qu’avec lui-même et sa
clique de conseillers startupers. Privée de toute base sociale –
qui sortirait aujourd’hui dans la rue pour soutenir le Prince ? –, la
caste tourne à vide. Son « nouveau monde », l’ancien en pire, se
dégonfle comme baudruche. L’erreur de Macron fut sans doute de croire
qu’il était réellement devenu roi et de se comporter comme tel.
Faiblesse psychologique majeure de sa part : il n’en perçut pas le
risque, celui de réactiver, dans l’ombre des chaumières du « nouveau
monde », un imaginaire sans-culotte à gilet jaune. Produit d’un rapt
médiatique construit sur un simulacre, ce « rien » qu’est son pouvoir
s’étale désormais au grand jour. Il est peu probable qu’il s’en relève.
Quand le pouvoir se révèle incapable de la moindre subtilité
stratégique, quand il s’imagine pouvoir tenir sur la mobilisation
permanente de la force brute en alimentant lui-même la peur, quand il
lui confie des pouvoirs exorbitants de répression préventive, quand il
s’imagine faire illusion en lâchant du lest par ponction des caisses
publiques et sans jamais cibler les privilèges fiscaux des riches et
autres dispositifs leur permettant de s’enrichir chaque fois plus, ce
pouvoir s’annule de lui-même comme instance susceptible de penser et
d’apaiser des conflictualités. Il n’est que l’expression d’un néant
armé, mais inconsistant. Et tout indique que, dans les têtes, même les
plus molles, on s’en soit déjà rendu compte, ce que confirmerait la
large sympathie que « l’opinion publique » semble durablement manifester
envers cette révolte populaire dont la première victoire aura été de
destituer ce pouvoir de son apparente invincibilité en le délestant de
la maîtrise des horloges.
Nul ne sait, au soir d’un acte V que le pouvoir médiatico-politique
savoure comme un recul de mobilisation, ce qu’il en sera d’un mouvement
suffisamment plastique pour se réinventer en permanence sur tous les
fronts. S’imaginer qu’il pourrait disparaître sans laisser de trace
relève du vœu pieux. Car ce qu’il a tissé, dans les profondeurs des
consciences, c’est un ralliement à l’idée simple – et ancienne – qu’est
bon tout ce qui peut contribuer à déposséder les possédants, à coaguler
les résistances, à construire les solidarités, à défendre son autonomie
de décision, à s’émanciper des peurs, à ouvrir des alternatives, à
fédérer des zones libérées, à les défendre contre toute prétention
dirigiste, institutionnelle ou contre-institutionnelle. De
Saint-Nazaire, de Commercy, d’ailleurs, sont montés, très vite, des
appels on ne peut plus clairs et largement diffusés, à la mise en
pratique, ici et maintenant, de méthodes de démocratie directe,
d’assemblées populaires décisionnelles régulières, de contre-pouvoirs
locaux capables de créer, par eux-mêmes et pour eux-mêmes, une dynamique
d’auto-organisation coordonnée. C’est là, nous semble-t-il, dans la
claire conscience d’une force collective populaire naissante refusant
tout principe de représentation, que ce mouvement de sécession diffuse
renoue avec le vieux projet émancipateur et l’idée de communauté
humaine. Dire que nous en sommes partie prenante est superflu. Nous en
sommes des partisans définitifs.
Freddy GOMEZ
[1] Et comme le firent quelques sportifs « antifas » qui participèrent aux manifs dans la seule intention de démonter du « faf » et, quand ils en trouvaient un, de poster leurs exploits sur les réseaux dits sociaux où se joue un concours de virilisme permanent entre bandes rivales à la mentalité d’ultras.
[2] L’expression est reprise du texte « Avec les gilets jaunes : contre la représentation, pour la démocratie », de Pierre Dardot et Christian Laval ».
[3] À l’exception des samedis, où le déplacement en masse de Gilets jaunes vers Paris a valeur purement démonstrative. On pourrait même dire qu’ils sont faits pour BFM, qui diffuse le spectacle des affrontements avec une telle application qu’elle favorise naturellement son élargissement par intégrations successives de manifestants esseulés devant leurs écrans ou de lascars simplement désireux de réveillonner au caviar plutôt qu’au kebab.
[4] Entendons par là ce misérable petit peuple corvéable à merci et perçu, par ceux d’en haut, comme formant un rebut nécessairement sexiste, homophobe, raciste, alcoolique, pollueur et fumeur.
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