EDF n’a plus les moyens de financer le rafistolage des réacteurs actuels qui sont dans un état de délabrement avancé. La question n’est plus de savoir si des accidents nucléaires vont se produire en France mais quand il vont se produire…
L’option nucléaire imposée par la force dans les années 70/80 a engagé la France dans une véritable impasse
L’option nucléaire imposée par la force dans les années 70/80 a engagé la France dans une véritable impasse
Après avoir encensé aveuglément Areva et Madame Lauvergeon, les « élites » de l’industrie, de la politique et des médias (éditocratie) ont célébré depuis plusieurs années le projet d’EDF de construire des réacteurs EPR, présenté comme « un immense succès de la filière nucléaire française ». (sic)
Or ce programme est en réalité un terrible échec et, dès 2012, l’Observatoire du nucléaire affirmait que le projet de deux EPR en Grande-Bretagne n’avait en réalité aucune chance d’aboutir sauf à ruiner EDF(*). De même, l’abandon du projet de construction de 4 EPR en Inde n’a pas été annoncé publiquement mais est consommé.
Par ailleurs, trois des quatre EPR en chantier – deux en Chine et celui de Flamanville (Manche) – connaissent de grave retards et sont dotés de cuves défectueuses, mal fabriquées par Areva dans ses usines du Creusot.
Quant à l’EPR finlandais, sa cuve est correcte car usinée par le japonais Mitsubishi et non par Areva (!), mais les errements insensés de ce chantier (qui devait être fini en 2009 !), et la baisse importante de la consommation d’électricité, font que les Finlandais ne sont plus intéressés par la mise en service de ce dinosaure et préfèrent se faire rembourser en attaquant Areva en justice internationale.
Après la faillite d’Areva, c’est EDF qui est au bord du gouffre, sabordée par son parc nucléaire. Ce dernier est bien heureusement impossible à renouveler : incapable de construire UN réacteur, EDF ne peut évidemment pas en construire 25 ou 30, sans parler du coût incommensurable d’une telle aventure.
Par ailleurs, EDF n’a même plus les moyens de financer le rafistolage des réacteurs actuels : le programme pompeusement dit « grand carénage », annoncé au départ à un coût de 55 milliards, nécessite en réalité plusieurs centaines de milliards, dont EDF est bien loin de disposer..
Il est donc probable qu’EDF va concentrer ses dernières ressources sur quelques centrales et, dans les 10/15 ans qui viennent, fermer des dizaines de réacteurs nucléaires.
Comme aucune alternative n’a été prévue, la France va se retrouver dans une impasse énergétique et sera obligée de lancer en catastrophe des programmes de réduction de la consommation (ce qui sera une bonne chose) et d’importer massivement de l’électricité de chez nos voisins… à supposer qu’ils aient des surplus à vendre (au prix fort) aux moments de forte consommation.
Bien entendu, les centaines de milliards d’euros nécessaires pour démanteler les réacteurs nucléaires et s’occuper des déchets radioactifs vont manquer à l’appel et ces graves problèmes seront légués à nos enfants.
Présentée pendant des décennies comme un « prodigieux exploit industriel », la construction en quelques années de 58 réacteurs nucléaires revenait en réalité à programmer pour 30 à 40 ans plus tard, c’est-à-dire à partir de maintenant, une situation catastrophique et inextricable sur le plan économique : tous les réacteurs arrivent en fin de vie pratiquement en même temps !
La faillite de l’option nucléaire est désormais avérée et incontestable, mais les dirigeants industriels et politiques, à commencer par M. Macron, n’ont pas le courage de le reconnaître devant les citoyens.
Peut-être faut-il demander à MM Giscard d’Estaing et Boiteux, respectivement Président de la République et PDG d’EDF lors du lancement du parc nucléaire français, de se charger de ce terrible mais nécessaire aveu ?
(*) http://www.observatoire-du-nucleaire.org/spip.php?article219
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