Les forces de l’ordre absolu étaient sorties en masse ce mardi matin à Paris, pour manifester leur soumission à un gouvernement soumis au patronat.
La matinée s’annonçait pourtant relativement calme : en face, tout au plus 500 consciences aiguisées formaient le gros du rassemblement contre la loi esclavage, une paille comparée à la mobilisation du 31 mars, mais une paille de trop sans doute, et promise à croître au fil de la journée, et répétée chaque jour et même plusieurs fois par jour : pour la bleusaille – et surtout pour ses chefs – , quand ça commence comme ça, on sait pas où ça va, et quand ça va, faut qu’ça cesse.
Bandes de p’tits cons, rentrez chez vous, pliez les genoux, dites oui monsieur et fermez-la, c’est nous les maîtres. Enfin, les chiens des maîtres, mais c’est tout comme.
Quasi aussi nombreux que les manifestants, les flics pouvaient s’en donner à cœur joie, et c’était bien leur objectif : mater la révolte avant qu’elle n’enfle.
Tout est donc allé très vite.
Rapidement, les forces de l’ordre ont pris en tenaille toute la tête du cortège et l’ont gardée un certain temps coincée dans cette nasse. Le temps d’énerver suffisamment les manifestants pour qu’un geste d’exaspération justifie le déclenchement des hostilités ? Celui de s’assurer que le groupe était bien isolé et coincé, et donc suffisamment vulnérable ? Ou celui de recevoir l’ordre attendu en direct de la préfecture, oui chef, ok chef, l’État c’est toi ?
Parmi les prisonniers, se trouvaient quelques lycéens et principalement des anars (autonomes ou organisés) dont un groupe de camarades de la FA « Et à un moment, ils se sont mis à charger et à embarquer tout le monde ; on s’est tous retrouvés dans les fourgons, direction le comico du XVIII°, rue de l’évangile »
Il y eu bien quelques coups de tonfa balancés par des éléments contrôlés particulièrement hargneux (Blue-marine Blocs ?) au hasard des crânes de gosses, mais ça c’est comme dans les films : quand le héros a une arme, c’est qu’elle va servir. Dans la vie d’ici, quand le zéro a un tonfa, c’est qu’il va sévir.
Mais pour une fois, l’idée était pas trop de mater la révolte dans les coups, mais tout simplement de la faire diparaître… en embarquant tout le monde.
Et, une fois tout le monde au commissariat, de mettre la pression. Officiellement, les embarqués auront subi, durant les quelques 6 ou 7 heures qu’ils auront passées là bas avant d’être relâchés un à un au fil de la journée, un simple contrôle d’identité.
Dans les faits, ledit contrôle s’est accompagné de chantage et d’intimidations pour briser toutes velléités de contestations ultérieures « là, on t’a repéré maintenant, alors on a pas intérêt à te retrouver dans les manifs cet après midi ou demain sinon on te loupe pas, et tu vas prendre cher ».
Une autre forme de violence, et un déni total du droit fondamental de manifester.
Les interpellations de ce type auront été nombreuses tout au long de la journée sur les différents lieux de rassemblement, inaugurant une nouvelle stratégie d’intimidation anti-contestation : les arrestations de masse.
« le fait d’entraver, d’une manière concertée et à l’aide de menaces, l’exercice de la liberté d’expression, […] ou de manifestation est puni d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende. » (article 431-1 du Code pénal)
Sarko, en son temps (décidément, il aura ouvert le chemin de la décomplexion en politique), proposait de « traquer les délinquants dès la maternelle »… C’est un peu l’idée ici : traquer les « petites » manifs avant qu’elles ne grandissent.
D’abord, c’est beaucoup plus facile et moins risqué, ensuite, c’est moins suivi médiatiquement, et enfin, ça permet de repérer les « éléments moteurs » qui sont de tous les rassemblements, et peut être de les calmer un peu.
C’est ensemble que nous pourrons démonter cette stratégie débile : nous faisons largement confiance à nos camarades interpellés ce matin pour ne pas s’être laissés intimider, et savons déjà qu’ils seront à pied d’œuvre sur les prochains rassemblements, plus vindicatifs encore… et plus nombreux.
On ne lâche rien !
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