Éboulement mortel sur le site du laboratoire de Bure
Un technicien de la société Eiffage a trouvé la mort et un de ses collègues a été légèrement blessé dans l’effondrement ce mardi à 12h20 d’une galerie sur le chantier du laboratoire souterrain de l’Agence nationale pour la gestion des déchets nucléaires (Andra), site controversé d’enfouissement des déchets nucléaires de Bure (Meuse). Une autre personne, choquée, a été orientée vers les services médicaux.
L’éboulement est survenu dans une galerie en cours de forage où étaient effectués des relevés géophysiques, a indiqué la préfecture de la Meuse dans un communiqué, où intervenaient des salariés d’une entreprise prestataire lors d’une opération de boulonnage, a indiqué de son côté l’Andra.
Les déblaiements sont encore en cours, et une cellule psychologique a été mise en place pour les employés. L’Andra analyse actuellement les causes de cet accident, et, sous la direction du parquet de Bar-le-Duc, une enquête de gendarmerie a été ouverte.
C’est la deuxième fois qu’un accident mortel se produit sur ce site, fortement contesté par les associations antinucléaires, qui doit accueillir dans le cadre du projet Cigéo les déchets les plus radioactifs à 500 mètres sous terre, ainsi que ceux ayant la durée de vie la plus longue.
Le laboratoire souterrain n’accueille pas de déchets radioactifs et «n’en accueillera pas», précise l’Andra. Il s’agit d’un laboratoire de recherches et d’expérimentations pour la conception du futur centre de stockage, Cigéo, qui sera physiquement séparé du laboratoire.
S’il est entré en phase de conception industrielle, il reste plusieurs étapes décisives avant la mise en service de Cigéo, prévue en 2025. Il doit notamment être validé par le Parlement. Le gouvernement a annoncé l’an dernier qu’un texte spécifique serait présenté en 2016, après avoir tenté de faire avancer le dossier via un article de la loi Macron, finalement censuré par le Conseil constitutionnel. Un accord des députés aurait permis au mieux à la construction des installations de stockage de débuter à l’horizon 2020. Récemment, le ministère de l’Ecologie et de l’Energie a estimé à 25 milliards d’euros le coût du projet Cigéo.
Un des deux types de déchets qui doivent être stockés par le Cigéo sont dits de «haute activité vie longue», HA-VL (principalement des résidus hautement radioactifs issus du traitement des combustibles usés, dégageant de la chaleur). Le volume de déchets HA est estimé à environ 10.000 m3, dont 30 % sont déjà produits. Les autres déchets prévus sont dits «de moyenne activité à vie longue» (MA-VL), et seraient stockés les premiers. Leur volume est estimé à 70 000 m3, dont 60 % déjà produits.
Ces deux types de déchets représentent 3 % du volume total des déchets radioactifs produits en France, mais concentrent plus de 99 % de la radioactivité, dont 96 % rien que pour les HA-VL (0,2 % du volume).
Les associations antinucléaires dénoncent «une gigantesque poubelle atomique de 300 ha en surface et 15 km2 de galeries souterraines», et pointent l’obsolescence des matériaux devant servir à contenir ces déchets. Ces dernières avaient intenté une action en justice contre l’Andra. Elles lui reprochent d’avoir sous-estimé volontairement la richesse du sous-sol de Bure – des nappes souterraines d’eau chaude – pour faciliter l’implantation du futur centre dans cette zone rurale (à cheval sur quatre petites communes totalisant aujourd’hui quelques centaines d’habitants). Elles ont été déboutées fin mars 2015, mais ont fait appel.
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