jeudi 12 novembre 2015, par ocl-lyon
Alors que le gouvernement de Syriza se lave les mains de leur sort après ses bruyantes promesses électorales de les soutenir, les travailleurs de l’entreprise autogérée VIO.ME (Viomichaniki Metaleftiki) de Thessalonique dénoncent la complicité entre le pouvoir judiciaire et leurs ex-patrons et lancent un appel à la mobilisation le 26 novembre prochain, date de la mise en vente aux enchères du terrain où se trouve l’usine, une vente qui menace directement l’expérience de résistance ouvrière en cours depuis début 2013.
Chers amis de la solidarité,
Nous tenons à vous informer des derniers développements de la lutte des travailleurs de VIO.ME.
Comme vous le savez, depuis maintenant quatre ans nous nous battons pour notre vie et notre dignité. Nous, travailleurs, avons choisi de créer des alliances sociales. Nous avons rejeté les propositions faites par diverses organisations politiques d’avoir des relations ‟exclusives” avec notre lutte et de la mener selon des critères partisans étroits. Néanmoins, nous avons toujours accepté toutes les invitations à parler et à communiquer.
Lorsque de grandes parties de la société ont décidé de se tenir à nos côtés et de nous soutenir avec les moyens dont elles disposaient, un vaste réseau de solidarité a été créé. En conséquence de quoi, nous avons réussi à construire des relations de confiance, à travers des assemblées communes dans lesquelles des communautés les plus larges peuvent s’impliquer, et où, ensemble, nous prenons des décisions sur le cours politique de la lutte, ainsi que sur de nombreuses autres questions.
Beaucoup d’organisations politiques étaient d’accord avec le cadre politique que nous, ensemble, avec la communauté la plus large, avions fixé. Jusqu’à ce jour, ils soutiennent notre effort pour faire fonctionner l’usine par le contrôle ouvrier de la production et l’autogestion par l’assemblée des travailleurs.
Parmi les forces politiques qui ont soutenu notre lutte, il y avait SYRIZA, à travers des déclarations et des engagements, effectués par le premier ministre actuel lui-même, pour une solution immédiate sur la question du fonctionnement de l’usine.
Bien sûr, après l’arrivée de SYRIZA au pouvoir, les déclarations et les engagements sont devenus de plus en plus vagues. La détermination qu’ils démontraient lorsqu’ils étaient dans l’opposition a été remplacée par la timidité et par des propositions pour que nous fassions des compromis dans un cadre différent de ce que nous avions précédemment convenu.
Leur grande ‟réalisation” après huit mois de gouvernement est d’abandonner la lutte des VIOME aux machinations du système judiciaire. Le même système judiciaire qui, malgré avoir condamné l’ancienne propriétaire de VIOME, Christina Philippou, à des dizaines de mois de prison, lui permet d’être libre, soi-disant pour effectuer des travaux d’intérêt général dans une municipalité où elle a de fortes ‟connexions”. À ce jour, elle n’a jamais révélé l’endroit où elle est censée faire ses travaux d’intérêt général.
Un système judiciaire qui permet à ceux qui ont abusé de la société grecque et l’ont détruite depuis cinq ans maintenant de marcher librement, en ne prenant jamais aucune décision pour les punir. Le ‟premier gouvernement de gauche de notre histoire” nous laisse entre les mains de ce système judiciaire.
Le point de vue politique des juges est clair d’après les décisions qu’ils ont prises jusqu’à maintenant : ils sont allés jusqu’à dire que nous n’avons pas le droit légitime de réclamer l’argent dû par nos anciens employeurs ! Dans toutes nos tentatives pour réclamer notre argent, que ce soit par l’intervention des propriétaires de Philkeram, ou en exigeant la remise en fonctionnement de l’usine, nous avons reçu les mêmes réponses.
Et bien sûr, ils ne prennent aucune mesure pour trouver une solution sur le fonctionnement de l’usine, afin que nous, les travailleurs qui ont décidé de rester dedans, puissions échapper au chômage.
Selon les décisions de justice, l’ensemble des parcelles du terrain où sont situés les locaux de VIO.ME sera vendu aux enchères le jeudi 26 novembre 2015, et ensuite pendant les trois jeudis consécutifs. Si aucun acheteur intéressé ne se manifeste, ils poursuivront le processus jusqu’à ce qu’ils réussissent à vendre le terrain, et donc de nous expulser de l’usine.
Ce terrain se compose de quatorze parcelles distinctes, dont certaines ont été directement ou indirectement données par le gouvernement grec à l’ancien propriétaire Phillipou en reconnaissance de la ‟contribution sociale” de la création d’emplois. Maintenant, elles sont vendus aux enchères pour satisfaire les créanciers de la société mère de VIO.ME, Philkeram : les services fiscaux, la sécurité sociale, des anciens travailleurs de Philkeram, des banques et les fournisseurs.
Les locaux de VIO.ME occupent environ 1/7 de la superficie totale, et la zone dans laquelle ils se trouvent pourrait facilement être séparée du reste de la propriété foncière de Philkeram. Mais les employés de VIO.ME ne sont jamais mentionnés dans les procédures de faillite, alors que VIO.ME était une filiale de Philkeram, conduite à la destruction par la faillite de la société mère. VIOME est totalement négligée, alors que la mauvaise gestion de la famille Phillipou, qui a transféré des fonds depuis VIO.ME et l’a surchargé de dettes pour son profit personnel, a été en grande partie responsable de la faillite. C’est là un fait avéré, car une étude faite par les consultants du groupe Deloit a conclu qu’il y avait la capacité pour un fonctionnement normal des deux sociétés. Une fois de plus, le système judiciaire est du côté des forces du capital et rend des décisions contre les travailleurs qui font valoir leur droit de travailler. Et bien sûr, l’Etat ne se confronte pas au défi de fournir des solutions.
C’est pour cette raison que nous, travailleurs de VIO.ME, vous invitons tous, vous qui avez été à nos côtés pendant toute la durée de cette lutte, à être présents le jeudi 26 novembre à la vente aux enchères du terrain, pour faire échouer leur plan de nous expulser de l’usine de VIO.ME. Un espace que nous avons, depuis deux ans maintenant, réussi à transformer en un lieu de travail et un lieu de liberté.
Nous vous invitons à vous tenir à nos côtés, à soutenir tous les efforts des travailleurs pour rendre les forces de production autonomes de la classe capitaliste, une classe qui a de toute façon délocalisé toute la production à l’étranger. Nous vous invitons à soutenir le fonctionnement de l’usine, puisque nous, les travailleurs, avons déclaré que nous ne partirons pas, que nos vies sont maintenant liées à cette usine.
Nous vous invitons à vous mobiliser à nos côtés, pour qu’ainsi nous puissions affirmer tous ensemble qu’il existe une solution au-delà des conseils des ‟experts” : cette fois-ci, la solution se trouve avec ceux qui sont directement impliqués dans la lutte, et pas avec des sommités.
Solidairement.
L’assemblée générale des travailleurs de VIO.ME
Traduction : MP / OCLibertaire
Source : http://www.viome.org/2015/10/a-call-for-support-of-struggle-of-viome.html
(Version en italien ici : http://www.dinamopress.it/news/la-viome-va-allasta-i-lavoratori-rilanciano-la-lotta )
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