Le baiser de Judas selon son propre père?
Depuis une semaine, pas un JT ne fait un gros titre sur ce FN qui serait en train de se déchirer suite aux nouvelles déclarations de Le Pen senior (les chambres à gaz sont un détail de la deuxième guerre mondiale, le FN compte de nombreux partisans de Pétain, etc.) qui auraient subitement choquées sa fille (Marine Le Pen) ou encore le compagnon de sa fille (Louis Aliot, que je connais un peu pour avoir été l’un de ses adversaires lors des dernières municipales). Du coup, on emploie des termes forts comme « le suicide du FN » et certains entrevoient la fin du FN… MLP nous promet même que le cas de son père sera examiné par les instances du parti, même si une exclusion semble… exclue (dixit Louis Aliot) ! Mais quelles blagues !
D’abord, il faut se rappeler que le FN s’est construit sur les bases de l’antisémitisme et de la xénophobie, de la nostalgie du régime de Vichy (collaborateur du régime nazi) et de l’Algérie française… Ainsi, une grande partie des cadres du FN restent sur cette ligne, tout comme une grande partie des militants les plus actifs. Marine Le Pen est-elle prête à se priver d’une majorité de ses effectifs les plus dynamiques ? Bien sûr que non.
D’autre part, Marine Le Pen (comme elle l’affirme aujourd’hui) est-elle réellement offusquée par les propos de son père ? Si c’était le cas, elle aurait fait l’objet d’une révélation quasi divine puisque, jusqu’à présent, elle avait toujours défendu les déclarations les plus haineuses de son papounet.
Ensuite, quand bien même des cadres du FN souhaiteraient réellement le départ de Jean-Marie, c’est techniquement quasi impossible. D’une part parce que les statuts du FN font que JMLP est « Président d’honneur » à vie. D’autre part parce que JMLP est, de fait, lui-même membre de la commission qui serait censée le juger !
Enfin, les dernières élections municipales, européennes et départementales ont vu le FN investir bon nombre de candidats ouvertement haineux, racistes, etc. Ce ne sont pas un ou deux candidats qui ont été pris la main dans le sac de déclarations au moins aussi violentes que celles de JMLP, mais des dizaines ! La grande majorité n’ont fait l’objet d’aucune sanction et certains ont même été élus (y compris des gens dont on sait qu’ils ont fait –ou font encore- partie de groupes néo-nazis).
Alors pourquoi tout ce tapage ? Pourquoi cette suite de petites phrases assassines entre la fille et son père ?
La réponse tient en un mot : déception. Oui, les dernières élections départementales étaient censées confirmer la montée d’un FN qui, à la suite du 1er tour, se voyait déjà gagner 2 ou 3 départements. Au final, aucune victoire (malgré des scores qui restent bien trop élevés) et le FN constate qu’après une très forte progression, la stagnation est désormais de mise et que la victoire souhaitée lors de la prochaine Présidentielle n’est pas acquise. Bien que quelques personnalités dites républicaines (comme Sarko) n’aient pas souhaitées se prononcer contre le vote FN, malgré le nombre important de votes blancs et d’abstentions, bien que ni l’UMP ni le PS ne soient en odeur de sainteté et que la gauche du PS soit de plus en plus anecdotique ; oui malgré tous ces paramètres qui auraient dû profiter au FN, force est de constater qu’une grande partie des électeurs français ont encore le réflexe « front républicain », autrement dit « tout sauf le FN ». Ouf !
Le FN doit donc parvenir à augmenter encore son électorat en poursuivant sa tentative de dédiabolisation, sans pour autant décourager la base fasciste du parti. D’où l’idée lumineuse de la famille Le Pen. Pendant que Jean-Marie brosse dans le sens du poil les plus haineux des frontistes, Marine joue les vierges effarouchées pour que le Français moyen la prenne en pitié. Tout cela n’est évidemment que pure comédie et puis, cela fait parler. Et plus on parle du FN, plus il se renforce… La réalité, c’est que Marine a toujours partagé les idées de son père et qu’elle continue bien sûr à le faire, mais elle ne peut plus le dire haut et fort au risque de se mettre à dos son électorat « modéré ». Dans le même temps, pas question de perdre les vrais militants du FN, ceux qui considèrent que Pétain fut un héros, que De Gaulle était un traitre, qu’Hitler sauva l’Allemagne et que les basanés comme les juifs sont des races inférieures… Non, pas question de les perdre car certains font partie des élus actuels du FN, des cadres dirigeants, ils organisent les meetings, les services d’ordre, les séances de tractage lors des campagnes, etc.
Ne nous faisons pas avoir, quelles que soient les déclarations des uns et des autres, Jean-Marie reste le véritable leader charismatique du Front National, celui que les militants de toujours suivront coûte que coûte même après sa mort, celui dont ils appliqueraient les idées nauséabondes s’ils étaient au pouvoir. Et si Marine Le Pen était un jour élue Présidente, ce sont bien les idées de son père qu’elle appliquerait. Elle pourrait le faire d’autant plus facilement que l’évolution récente de notre Constitution, que le système de la Vème République et que les dernières lois liberticides envisagées pour nous protéger du terrorisme lui donneront tout latitude d’exercer une parfaite dictature.
Si elle était élue Présidente, elle pourrait donc faire passer les pires lois qui soient. Elle pourrait, par le biais de son Gouvernement, exercer une censure historique et culturelle (comme cela est déjà le cas dans des communes gérées par le FN). Elle pourrait même modifier la Constitution pour s’attribuer un pouvoir encore plus conséquent. Enfin, imaginez ce qu’elle ferait des lois votées au nom de l’anti-terrorisme : écoutes téléphoniques, surveillance illimitée des mails, des sms et de n’importe quelle utilisation d’Internet. Pratique pour repérer ses opposants, non ? Sous le régime de Vichy (fort apprécié au FN), les Résistants étaient considérés comme des terroristes. Nous, opposants au FN, serions considérés de même.
Vous trouvez que je fais dans le catastrophisme ? Alors laissez-moi vous raconter une anecdote datant d’il y a un an, lors de l’élection municipale de Perpignan où le « gentil » Aliot était candidat (et moi, donc, l’un de ses adversaires). Un jour de campagne, je croise l’un de ses colistiers. Pas n’importe lequel puisqu’il est aujourd’hui conseiller municipal. Ce dernier me regarde amusé. « Quand nous gagnerons Perpignan, vous serez bien obligés d’être avec nous » me dit-il. « Sinon quoi ? » je réponds. Et là, il passe le doigt le long de sa gorge. Je n’ai pas besoin de vous expliquer la signification de s
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