Féminicides dans les rangs du RN : quand la réalité sexiste rattrapes les mensonges racistes

Extrême droite, Sexisme


Le RN, parti fondé par Jean-Marie Le Pen, a toujours été et sera toujours un parti misogyne et violent envers les femmes.


Jean-Michel Moulun et Christian Bernard : deux membres du RN auteurs de féminicides.

Il n’y a pas eu de reportages en prime time, de marches blanches, ni de polémiques politiques pour Évelyne. Il n’y en aura pas non plus pour Sonia. Ces deux femmes ont été assassinées par des militants du Rassemblement National.

Sonia Grandin avait 52 ans. Son corps a été découvert mercredi 15 janvier à Laon. Le principal suspect est son compagnon, Christian Bernard, retrouvé les poignets tranchés à côté du corps de Sonia. Une tentative de suicide après féminicide, un grand classique. Il a depuis été placé en garde à vue pour meurtre, enlèvement et séquestration.

Il s’agit du 5ème féminicide de l’année. Depuis quelques années, le RN est passé maître dans l’art de se présenter en parti défenseur de la cause des femmes. Mais vous n’entendrez pas un mot du RN concernant ce crime. Parce que le RN n’est pas l’allié des femmes : il ne fait qu’instrumentaliser les affaires qui servent son discours.

Ainsi, dès qu’un suspect rentre dans les clous : étranger sous OQTF, non blanc, chômeur, musulman si possible, déjà connu des services de police, ce parti se jette sur l’affaire afin d’alimenter son délire raciste selon lequel seule cette catégorie d’hommes serait dangereuse pour les femmes. Et ce en ignorant royalement toutes les études sur le sujet.

Seulement ici, le problème est double. Le suspect est blanc, agent territorial socialement intégré. Mais surtout, le couple est engagé à l’extrême droite : les deux étaient sur la liste RN des élections municipales de 2020 de la ville de Laon. Difficile de les faire passer pour des islamistes radicaux.

En décembre dernier, une affaire tout aussi effroyable était jugée. Jean-Michel Moulun, un ancien boxeur de 53 ans, passait en procès pour avoir tué et décapité Évelyne, une institutrice à la retraite chez qui il faisait des petits boulots. La dame de 77 ans a été sauvagement assassinée le 13 octobre 2021 chez elle, dans l’Hérault. Elle y vivait seule depuis le décès de son mari, deux ans plus tôt.

L’assassin avait posé la tête de sa victime sur la table de la cuisine avant d’aller voler son argent avec sa carte bleue. Le fil d’Évelyne avait aperçu le corps de sa mère allongée sur le sol, sur les images de caméras de surveillance installées chez elle. Il s’était rendu à son domicile et avait découvert l’horreur.

En 2014, Jean-Michel Moulun s’était présenté aux élections municipales sous l’étiquette du Front National. L’homme, obsédé par les salafistes, s’était présenté à l’époque sur une de ses affiches électorales comme le candidat «anti-décapitation». Il vient d’être condamné à la prison à perpétuité. «Elle était sûre d’elle, arrogante», avait osé l’assassin devant ses juges, à propos de sa victime. Il n’a pas supporté d’être recadré par une femme : patriarcat, encore.

Revenons à l’assassinat de Sonia Grandin le 15 janvier. Les médias, fidèles à eux-mêmes, ont lancé la machine : «Dans le voisinage c’était la stupéfaction» peut-on lire dans L’Union, suivi de l’habituel refrain des voisin·es prêt·es à défendre un homme bien sous tout rapport : «Je discutais souvent avec lui. Il disait toujours bonjour». C’est bien connu, un homme qui dit bonjour est incapable de tuer sa femme.

Alors que les études s’accumulent, qu’on pensait la théorie des monstres enfin évacuée avec l’affaire Pélicot, l’acharnement de ces médias à perpétuer ce discours nous prouve qu’il n’en est rien. Il faudra peut-être l’écrire avec le sang de chaque victime : les bons pères de famille violent, frappent, tuent.

Le RN n’a jamais défendu et ne défendra jamais les femmes victimes de violence. En mai 2023 lors du vote pour la «Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique» les député·es RN se sont abstenu·es. Leurs soi-disant prises de position en faveur des droits des femmes ne sont que des effets d’annonce, des coups de communication pour rallier l’électorat féminin. Et le pire, c’est que ça marche : le vote RN s’est massivement féminisé ces dernières années.

Jordan Bardella déclarait en juin 2024 “Demain, je serai le premier ministre qui garantira de manière indéfectible à chaque fille et à chaque femme de France ses droits et ses libertés”. On attend donc de sa part une réaction ferme à l’encontre de Christian Bernard ou de Jean-Michel Moulun.

« Jamais aucune femme ne devrait craindre de sortir dans les rues quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit” avait-il ajouté, méconnaissant totalement le fait que c’est au sein du foyer que les femmes sont le plus en danger. Preuve en est avec Sonia et Évelyne. Comme vous n’entendrez jamais le RN parler du fait que la famille est le premier lieu de violence pour les enfants : 1 enfant sur 10 est victime d’inceste en France.

Mais cet état de fait est impossible à reconnaître pour le RN, puisqu’il entre en contradiction avec l’idéologie même du parti : la Nation repose sur la famille nucléaire hétérosexuelle qui doit fabriquer “des petits Français” pour perpétuer la “race”. Signaler la famille ou le domicile comme étant dangereux, c’est voir cette idéologie s’effondrer. Le RN préférera donc cacher soigneusement les squelettes au placard, laissant les femmes et les enfants subir cette violence.

Mais qu’attendre d’un parti dont la violence est intrinsèque ? Un parti fondé par d’anciens Waffen SS, par un tortionnaire et négationniste condamné à 11 reprises par la justice, qui a toujours prôné la violence. Lors des élections législatives anticipées, Médiapart avait sorti un dossier recensant les candidat·es RN visé·es par des enquêtes pour propos haineux, agressions, violence ou même braquage à main armée. Au total, loin des “4 ou 5 brebis galeuses” annoncées par Jordan Bardella, ce sont plus d’une centaine de candidats qui avaient été répertoriés.

Idem parmi leurs militants, de plus en plus violents au fur et à mesure que le vote RN augmente. Médiapart recensait au moins 35 actes de violence raciste en quelques jours début juillet. Parmi les exemples à citer : le 4 juillet, le site “Réseau libre” listait 98 avocats “à éliminer” pour avoir publié une tribune contre le RN dans Marianne. Il y a eu des coups de feu aux cris de «mort aux arabes» dans le Gard, par un individu déjà condamné pour des faits de violences et de racisme. Il y a eu une série d’agressions racistes dans l’Herault par un commando roulant en 4X4. Il y a eu cette homme musulman tabassé sur le pas de sa porte aux cris de «sale bougnoule» dans l’Ain. Il y a eu l’exécution d’un algérien sans abris de 7 balles par un policier hors service, qui a ensuite photographié le cadavre. Il y a eu des militants RN armés de matraques semant le terreur devant une école, et ce chauffeur de bus percuté par un raciste hurlant «sale bougnoule» en région parisienne, ou encore des menaces racistes contre des journalistes, un ado maghrébin tabassé à Rouen aux cris de “gratteur d’alloc”.

Concernant les violences faites aux femmes, on en a également dénombré plusieurs parmi les membres du RN. Le député Frédéric Boccaletti, proche de Jean-Marie Le Pen, a été accusé par son ex-conjointe de violences conjugales – notamment un coup de couteau dans le mollet alors qu’elle faisait la cuisine. Ce dernier avait d’ailleurs déjà été condamné pour violences en réunion. Le député Romain Baubry a été accusé de violences par son assistante parlementaire. L’eurodéputé Hervé Jurin a été condamné pour violences conjugales, en 2022, pour avoir frappé sa compagne à coups de poings et de pieds. Certainement un “homme bien sous tout rapport”.


La violence est du côté du Rassemblement National. Sonia, Évelyne et bien d’autres en ont a fait l’expérience à leurs dépens.

https://contre-attaque.net/2025/01/19/feminicides-dans-les-rangs-du-rn-quand-la-realite-sexiste-rattrapes-les-mensonges-racistes/

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