L’extrême droite et le « respect » des morts

Extrême droite


Le 7 janvier, après la mort de Jean-Marie Le Pen, des scènes de liesse et des feux d’artifice ont éclaté dans toute la France. La fête était-elle justifiée alors que le Jean-Marie Le Pen s’est éteint tranquillement, dans son lit, riche, entouré et impuni, et que clan Le Pen est plus puissant que jamais et que ses idées sont déjà au pouvoir ? La question mérite d’être posé.


Jean-Marie Le Pen rigole à gorge déployée face à un article de journal annonçant la mort d'Ibrahim Ali, tué par des colleurs d'affiches du FN à Marseille.

Mais ce qui a monopolisé le débat médiatique depuis deux jours, c’est la prétendue «indécence» qu’il y aurait à se réjouir de la mort d’un fasciste, tortionnaire en Algérie et antisémite virulent. Depuis plusieurs jours, on entend en boucle les médias des milliardaires appeler à «respecter» sa mémoire. Et de nombreux responsables politiques, y compris au gouvernement, rendent même hommage au fondateur du Front National.

Mais Jean-Marie Le Pen et ses camarades en auraient-ils fait autant ?

Prenons l’exemple, tragique, de l’assassinat du jeune Ibrahim Ali. Cet adolescent de Marseille, âgé de 17 ans, a été assassiné le 21 février 1995 par des colleurs d’affiches du Front National. Alors qu’il s’apprêtait à prendre le bus avec des amis, trois militants d’extrême droite ont tiré sur Ibrahim Ali. Une balle dans le dos, pour rien. Il est mort sur le coup.

Le tireur se nomme Robert Lagier, il était membre d’un club de tir depuis sept ans et décrit comme très doué dans l’exercice. Il avait tiré trois balles et n’a laissé aucune chance à sa victime. Lors du procès, sa propre petite-fille témoignera contre lui : «Il m’apprenait à viser les melons. Je croyais qu’il parlait des fruits. Il m’a répondu qu’il s’agissait des Arabes».

Un crime raciste accablant : l’exécution d’un adolescent noir d’une balle dans le dos. Pourtant, Jean-Marie Le Pen a défendu les assassins, membres de son parti. Il a déclaré, avec un cynisme terrifiant : «Au moins, ce malheureux incident a attiré l’attention générale sur la présence à Marseille de 50.000 Comoriens. Que font-ils là ?»

La justification d’un crime raciste par encore plus de racisme contre la communauté à laquelle appartenait le jeune défunt. Un crachat sur la mémoire de la victime.

Lors d’une allocution médiatique à l’époque, Le Pen a de nouveau parlé de «triste accident», sans un mot pour la victime. Il avait décrit le groupe de colleurs d’affiches comme «travaillant pour leurs idées», et avait dénoncé «une véritable opération de lynchage» contre son parti. Il avait même qualifié l’affaire de «diversion», comme si l’assassinat d’un adolescent n’était qu’un détail, voire une manipulation contre lui. L’inversion de la victime et de l’agresseur, grand classique des fascistes.

Le Pen avait également qualifié ce décès comme étant un «accident de légitime défense», et maintenu, même des années plus tard, que le tir mortel aurait en réalité «ricoché». Une hypothèse totalement fausse, démentie par les expertises et la justice. Un nouvelle preuve de mépris.

Voilà comment les fascistes témoignent leur «respect» aux morts. Et Ibrahim Ali n’est pas isolé : ils nient la Shoah et les crimes de guerre en Algérie – quand il n’y ont pas directement participé, on sait que les fondateurs du FN étaient pour certains d’anciens SS, pour d’autres des terroristes de l’Algérie française. Ils méprisent les victimes du racisme et de la répression. Ils en rient.

Par exemple, l’extrême droite a multiplié les «blagues», autocollants et montages odieux sur la mort de Clément Méric, jeune antifasciste de 18 ans tué par des néo-nazis à Paris en 2013. Il en a été de même pour de nombreuses victimes de violences policières.

Plus récemment, en 2023, suite à la mort de Nahel, l’extrême droite a même organisé une cagnotte pour soutenir le tueur du jeune homme, au milieu d’une profusion de moqueries ignobles et d’injures contre le défunt et la famille.


« Pour être respecté, il faut être respectable » dit un proverbe, qui ne s’applique pas à ces gens là.

https://contre-attaque.net/2025/01/10/lextreme-droite-et-le-respect-des-morts/

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