1er Janvier 2025 : 1er féminicide de l’année

Médias dominants, Sexisme


L’année commence comme elle a fini. Le patriarcat tue, les médias protègent les agresseurs. Et le gouvernement sort les violons, alors qu’il laisse mourir les femmes sans bouger le petit doigt.


Un collage féministe indique qu'on "ne tue jamais par amour", y compris le premier janvier.

Isabelle avait 51 ans. Elle porte aujourd’hui le triste titre posthume de premier féminicide de l’année 2025. Le premier d’une liste qui, on le sait, sera encore longue. En 2024, le collectif NousToutes a comptabilisé 135 femmes mortes sous les coups de leur conjoint ou d’un proche.

Dans la nuit du réveillon, dans le Nord, le mari d’Isabelle l’a rouée de coups, jusqu’à la tuer. Il a ensuite appelé les pompiers, et évoqué une dispute lors de sa garde à vue.

Comme d’habitude, le traitement médiatique du féminicide est révélateur. L’agresseur n’est pas un étranger, il n’est pas sous le coup d’une OQTF. Il ne rentre pas dans la case du parfait agresseur. Alors on minimise, on temporise. On nous dit qu’ils avaient deux enfants, on interroge les voisins, qui nous rassurent : « c’était un couple discret ». Encore un bon père de famille en somme, selon la formule consacrée par Rose Lamy. Quant à la victime, elle est présentée comme une «mère dévouée».

La Dépêche, France 3, CNews, tous reprennent en titre les propos du mis en cause : « J’ai fait une bêtise ». Non, une bêtise c’est briser un vase, pas briser une vie. Les mots ont un sens. Prendre une vie ne sera jamais « une bêtise ». Rose Lamy dans l’excellent « Défaire le discours sexiste dans les médias » explique : « Quand il est impossible de nier ou de dissimuler les violences sexistes et sexuelles dans le secret de la vie privée alors les médias en parlent, mais bien souvent ils en relativisent la gravité. Dans un État de droit pour maintenir un système qui domine et violente plus de la moitié de sa population, il faut des techniques efficaces et discrètes, qui endorment tout risque d’indignation ou de révolte. »

Ainsi, on préférer parler de « drame familial », d’un « bon père de famille qui perd les pédales », d’un homme qui « aimait trop sa femme ». C’est pour cette même raison que ces médias s’empressent d’expliquer que derrière ce féminicide, il y aurait « un fond d’adultère ». Sous-entendu : ne l’a-t-elle pas un peu cherché ? Schéma classique du patriarcat : comme le corps de sa femme doit lui appartenir, il est normal que le mari puisse ôter la vie à celle qui lui aurait été infidèle. Ainsi on n’a pas à remettre en cause l’ordre établi. On n’a pas à vouloir renverser un système qui nous oppresse. Puisque c’est la faute d’Isabelle.

Aurore Bergé, ministre chargée de l’Égalité Hommes-femmes et de la lutte contre les discriminations, s’est empressée de réagir : « La détermination du gouvernement est totale pour endiguer ce fléau. Et tous les moyens seront mobilisés ». Première nouvelle.

Petit rappel de qui est Aurore Bergé

Issue d’un milieu privilégié, Aurore Bergé a commencé son engagement politique à l’extrême droite, au sein de l’UNI, un groupuscule étudiant qui soutient actuellement Zemmour. Elle travaille ensuite pour trois agences de communication et de lobbying et milite en 2017 pour François Fillon avant de rejoindre Macron en pleine campagne présidentielle. En 2019 elle vote la proposition de loi d’Éric Ciotti, à l’extrême droite des Républicains, visant à interdire le port du voile aux accompagnantes lors des sorties scolaires.

Le 11 février dernier, elle annonçait son intention de «passer au crible» les associations féministes pour couper leurs financements si elles ne reprenaient pas le narratif de l’extrême droite israélienne, c’est-à-dire, selon ses mots, si ces associations avaient des «positions ambiguës» sur le 7 octobre en Israël. Elle a en outre discriminé une fonctionnaire parce qu’elle était de gauche et, ce qui aggrave encore les faits, portait un nom maghrébin, et s’est opposée à sa nomination.

À qui fera-t-on croire qu’Aurore Bergé va se battre pour les droits des femmes ? C’est comme nous faire croire que Darmanin va lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Rappelons-le, il s’agissait pourtant de la « grande cause du quinquennat Macron ». Une femme est morte tous les 3 jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint depuis 2017, l’année de sa première élection.


Ce gouvernement n’est qu’une vaste farce. Et pendant que ces guignols paradent, les femmes continuent de mourir.

https://contre-attaque.net/2025/01/03/1er-janvier-2025-1er-feminicide-de-lannee/

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