La CGT ports et docks appelle à 3 journées de grève en ce mois de février. Dockers et travailleurs portuaires refusent de voir s’appliquer à eux la dernière réforme des retraites et demandent que le gouvernement investisse 10 milliards d’euros dans les ports.
C’est l’heure de la grève dans les ports français en ce mois de février. « Nous, les dockers, on a cette chance : être unis dans la lutte. Quand le syndicat lance un appel, les dockers répondent », assure Serge Coutouris, secrétaire général adjoint de la fédération CGT des ports et docks. Ce vendredi 16 février, les dockers et travailleurs portuaires sont entrés en grève à l’appel de leur – quasi seul – syndicat, la CGT : 80% des voix aux élections professionnelles et des encartés fidèles, prompt à répondre aux appels à la grève de leur fédération. Le mouvement est très largement suivi dans les ports du Havre, de Marseille, de Lorient ou de Saint-Malo tant chez les dockers (aussi appelés débardeurs, ouvriers du chargement et déchargement des navires) que chez les travailleurs portuaires (autres professions en charge de la pêche, manutention, réparation, ou encore nettoyage).
En plus des 24 heures d’arrêt de travail observés ce jour-là, deux autres dates de mobilisation sont déjà prévues le 22 et le 27 février. « Le 27 février on fera quelque chose de plus conséquent, avec une opération “ports morts”. Il n’y aura plus aucune activité portuaire ce jour-là », précise le syndicaliste.
« 7 à 8 ans d’espérance de vie en moins »
Une première journée de grève avait déjà eu lieu le 7 février. « Depuis octobre, on refuse aussi les heures supplémentaires », ajoute Serge Coutouris. La raison ? Les dockers et travailleurs portuaires refusent que la dernière réforme des retraites s’applique à eux. « Bien sûr, on aurait voulu que cette réforme ne s’applique à personne et on a largement fait grève en ce sens avec l’ensemble de la CGT et en intersyndicale. Mais la loi est passée à coup de 49-3. Pour autant, notre syndicat a ses propres moyens de négociation et peut imposer un rapport de force de haut niveau avec le gouvernement. Alors on ne va pas s’en priver », continue le docker originaire de Fos-sur-Mer.
Avec la prise en compte de la pénibilité un docker pouvait partir à 59 ans au lieu de 62 avant la dernière réforme des retraites. Désormais c’est 61 au lieu de 64 ans. « C’est un métier difficile, on a des horaires décalés, on est exposés à l’amiante, on a des espérances de vie 7 à 8 ans inférieure à la moyenne. Il est hors de question qu’on accepte cela. On l’a bien dit au gouvernement. Maintenant c’est à lui de trouver les solutions » continue Serge Coutouris.
Engagement d’Emmanuel Macron
Les dockers et les travailleurs portuaires estiment leur demande d’autant plus légitime qu’ils disent avoir reçu un engagement de la part d’Emmanuel Macron lors de sa dernière campagne électorale : ne pas toucher à leur retraite. « Le ministre Clément Beaune [ndlr : ancien ministre des transports] nous a répété la même chose au mois de juin », confirme le docker.
Pourtant, la promesse n’est toujours pas réalisée. « On a laissé passer le mois de janvier mais maintenant on n’attend plus. On a fixé 4 dates en février et tant que l’on a pas obtenu des nouvelles du ministère, on les maintient. Si le silence continue, on pourra aller beaucoup plus loin. Personne ne doute de la capacité des dockers à pouvoir se mobiliser », maintient Serge Coutouris.
En 2017, lorsque Emmanuel Macron avait réformé le code du travail par ordonnance ( on parlait alors des « ordonnances Macron »), les dockers, tout comme les routiers, avaient obtenu une dérogation pour leur convention collective. Ils avaient pu refuser que celle-ci puisse être remise en cause par des accords d’entreprise, contrairement à ce que prévoyaient le gouvernement. La grève actuelle permettra-t-elle d’obtenir à nouveau une dérogation ? Les grévistes veulent le croire.
Une grève pour investir dans les ports
Enfin, la grève du mois de février n’a pas pour seul objet la négociation sur les retraites. La CGT ports et docks espère aussi obtenir un chèque d’investissement de 10 milliards pour les ports.
« Nous craignons beaucoup pour l’avenir de nos ports. Si nous ne prenons pas un virage de compétitivité dès maintenant, ils risquent de devenir des ports de seconde zone. À terme, il en va aussi de la pérennité de nos emplois. C’est pourquoi notre syndicat a rédigé un document présentant une véritable stratégie portuaires. Ce document prend aussi en compte la question écologique. Nous aussi , on se modernise. Ça aussi, on ira le chercher par la grève. Et on ne lâchera pas », conclut le docker.
Commentaires récents