Publié le 27 juillet 2023
Les Bêtes Sauvages d’Extinction Rebellion Toulouse ont décidé de venir faire justice pour ce bien commun qu’est l’eau, la nuit du 26 au 27 juillet en s’introduisant sur le golf de Vieille-Toulouse, pour piocher et arracher les pelouses des greens, saboter les pompes et asperseurs.
« Nous allons bientôt manquer de l’eau et c’est pourquoi je bois devant vous un verre d’eau précieuse puisque avant la fin du siècle, si nous continuons un tel débordement, elle manquera… »
René Dumont, 1974
Alors que des communes étaient privées d’eau potable dès le mois d’avril et que ce mois de juillet 2023 a connu le jour le plus chaud jamais enregistré sur Terre (1), aucune mesure ambitieuse et courageuse n’a été prise par les décideurs politiques pour privilégier les besoins vitaux en eau des habitants et habitantes aux dépenses liées aux activités de luxe, non-essentielles, comme l’arrosage des golfs. Les Bêtes Sauvages d’Extinction Rebellion Toulouse ont décidé de venir faire justice pour ce bien commun par elles-mêmes, la nuit du 26 au 27 juillet en s’introduisant sur le golf de Vieille-Toulouse, pour piocher et arracher les pelouses des greens, saboter les pompes et asperseurs.
Juillet 2023. Alors que la France est en stress hydrique – et l’était déjà en plein hiver 2022 -2023, que des feux hivernaux, normalement rarissimes, ravageaient ses campagnes dès le mois de février, que l’eau potable manquaient déjà dans plusieurs communes dès le mois d’avril (2), tous les signaux sont au rouge, malgré l’illusion d’un été « moins pire » que celui de 2022 qui battait tous les records. Pourtant, l’hydre capitaliste étendtoujours plus ses bras avides et ravageurs en s’attaquant aux biens communs et le passe-temps bourgeois du golf en est une méprisante facette.
Au niveau mondial, ce « loisir », véritable industrie et lobby, consomme toujours l’équivalent de l’eau bue par l’humanité (3), et les parcours français contribuent évidemment à ce chiffre. Selon la Fédération Française de Golf (FFG) elle-même (4), « La consommation nationale moyenne annuelle d’eau d’un golf est de 25 000 m3 par an et par tranche de 9 trous. » soit près de 70 m3/jour (= 70 000 litres/jour). Cela signifie qu’entretenir un trou consomme en moyenne presque 7800 litres/jour contre 148 litres/jour pour une personne habitant en France (d’après VigieEau), soit environ 50 fois plus ! Et pourtant, à qui s’adressent les conseils d’économies d’eau et de « petits gestes » sur le site VigieEau du gouvernement ? Aux foyers, comme toujours. Et qui bénéficie de cette eau qui n’est utilisée ni pour la consommation ni pour l’agriculture ? D’après la FFG (5), à 441 961 licenciés, d’âge moyen 54 ans, comprenant 73% d’hommes. Parmi les golfeur·euse·s, 36 % sont cadres, 33 % en professions libérales et 21 % gagnent plus de 60 000 euros par an (6).
Il faut aussi dénoncer et démonter l’affirmation par ses défenseur·euse·s qu’à l’heure des restrictions de prélèvements d’eau et en cas de sécheresse, les golfs n’arroseraient que le strict minimum du parcours, c’est-à-dire les greens. C’est un mensonge au golf de Vieille-Toulouse, où de discrets observateurs nocturnes ont constaté la poursuite de l’arrosage de l’ensemble des pistes et fairways. Et l’on imagine aisément le nombres de structures dans ces cas d’illégalité, dû au laxisme des contrôles dans le secteur par les institutions responsables.
De plus, en France, 751 structures occupent 33 000 ha (7). De quoi produire sans doute beaucoup de blé… À celles et ceux qui clament que ces surfaces artificialisées sont de « formidables lieux de protection pour la faune et la flore… […] privilégiés par la biodiversité »…(7), nous rappelons que des monocultures de gazon sont évidemment bien plus pauvres en biodiversité qu’une forêt, véritable puits de carbone par ailleurs, et leur entretien demande l’usage de sept fois plus de pesticides qu’en agriculture (3).
À ses défenseurs qui se refusent à entendre les cris d’alertes et avertissements de la part de celles et ceux qui se soulèvent, qui se refusent à venir à la raison, nous sommes venus dire assez.
C’est pourquoi une horde de bêtes sauvages est venue se battre pour l’eau, pour la vie, le temps d’une nuit.
En ciblant le golf de Vieille Toulouse, nous ciblons par la même occasion la mafia entrepreneuriale de l’autoroute A69 Castres-Toulouse et son monde. En effet, il ne nous aura pas échappé que l’actuel président du Golf-Club de Vieille-Tououse depuis 2018, Géraud GUILHEM, est également patron de 8 sociétés au total (8)…dont la société d’exploitation du projet d’autoroute, ATOSCA EXPLOITATION et est directeur opérationnel Occitanie de l’entreprise NGE qui tente de construire l’autoroute. Un patron propriétaire de nombreuses sociétés qui s’enrichit sur la destruction de la nature au profit des plus aisés, véritable reflet de cette caste bourgeoise et de sa course folle à la croissance qui a décidé de faire la guerre au Vivant et à l’Humain par tous les moyens et humiliations possibles.
Nous refusons une fois de plus de rester passif·ves face à ce hold-up organisé que sont ces écocides et exploitations des terres et du Vivant. Nous nous dressons et nous dresserons encore sur sa route, par refus de la soumission, par dignité, parce que c’est la vie et la raison qui nous guide à la résistance.
Cette action répond aussi à l’appel lancé par les Soulèvements de la Terre à travers la campagne d’action des « 100 jours pour les sécher », qui appelle à s’en prendre aux accapareur·euse·s d’eau.
L’État nous traque, nous matraque, nous perquisitionne et nous condamne. Ils veulent nous faire taire, nous abattre alors que l’urgence se fait toujours plus criante. Allons-nous leur laisser croire qu’ils sont en train de réussir ?
Kirikou est de retour, et les bêtes sauvages sont avec lui cette fois-ci.
Les Bêtes sauvages d’Extinction Rebellon Toulouse
Sources :
Voir archives INA :https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/rene-dumont-1974-penurie-eau-ecologiste-campagne-presidentielle
« Candidat à l’élection présidentielle de 1974, René DUMONT, écologiste, tente de sensibiliser les téléspectateurs au gaspillage : « Nous allons bientôt manquer de l’eau et c’est pourquoi je bois devant vous un verre d’eau précieuse puisque avant la fin du siècle, si nous continuons un tel débordement, elle manquera… »
Il termine en buvant son verre d’eau. Il est le premier candidat écologiste à une élection présidentielle en France. »
(1) https://reporterre.net/La-temperature-du-globe-atteint-des-niveaux-hors-norme
(3) https://www.lesechos.fr/weekend/voyages/golf-la-tentation-du-green-1411054
(4) https://www.ffgolf.org/transition-ecologique/gestion-raisonnee-de-l-eau/la-verite-des-chiffres
(5) https://www.ffgolf.org/la-federation/chiffres/statistiques-licence
(6) https://www.republicain-lorrain.fr/sport/2019/08/31/le-golf-est-il-un-sport-reserve-aux-gens-aises
(7) https://www.golfstars.com/fr/actualites/golfs/verite-sur-relation-golfs-avec-leau-en-2023
(8) https://www.verif.com/dirigeants/G-raud-GUILHEM-8764593/
https://iaata.info/Sabotage-du-golf-de-Vieille-Toulouse-6070.html
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