Voici pourquoi le nucléaire est absolument incapable
de « combattre » le changement climatique

Par Stéphane Lhomme
Directeur de l'Observatoire du nucléaire
www.observatoire-du-nucleaire.org

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Tout le monde connait les arguments classiques du débat sur le nucléaire : risques, déchets radioactifs, coût, centralisation de la production, prolifération, etc.

Mais il est aussi très intéressant, et même indispensable, de regarder objectivement les données officielles sur l’énergie, ce qui permet en particulier de tordre le cou au principal argument avancé ces temps-ci par les amis de l’atome : ce dernier permettrait en toute simplicité de « sauver le climat ».

La vérité est au contraire que la contribution du nucléaire à la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre est, et va rester, pratiquement négligeable. Voici pourquoi.

Attention : bien différencier électricité et énergie.

Dans le monde, l’électricité représente un peu moins de 20% de la consommation totale d’énergie (extrait de documents de l’Agence internationale de l’énergie):

Pour mémoire, si on veut lutter contre le réchauffement climatique, il faut se préoccuper de toute l’énergie et non de la seule électricité, qui n’est qu’un cinquième du problème.

Le nucléaire produit 9,9% de l’électricité mondiale (chiffres 2021. Aujourd’hui c’est encore moins : 9,5%) :


Le nucléaire couvre donc moins de 10% de moins de 20% de la consommation mondiale d’énergie, à savoir moins de 2%.


Le nucléaire représente donc une part infime de l’énergie mondiale, avec de fait une contribution quasi-nulle dans la lutte contre les émissions de co2.

La remarque logique (du moins du point de vue pronucléaire) est donc de dire « Eh bien il faut faire augmenter cette part !« 

Or il se trouve que la part du nucléaire dans l’électricité mondiale… ne cesse de décroître : elle était de 17,1% en 2001 :

En clair, la part du nucléaire dans l’électricité mondiale est passée de 17,1% à 9,9% en vingt ans (ce n’est pas une simple baisse mais un véritable effondrement), ce qui correspond à une part dans l’énergie mondiale passée d’environ 2,7% à environ 1,9%.

Qui plus est, cette baisse va continuer inexorablement : dans les 20 ans, malgré les prolongations de durée de vie accordées inconsidérément par les autorités de « sûreté », entre 150 et 200 réacteurs vont définitivement fermer (sur environ 400 encore en service sur Terre): ils ont déjà plus de 40 ans parfois plus de 50.

Dans le même temps, il y aura bien la construction de quelques dizaines de nouveaux réacteurs, principalement en Chine d’ailleurs. Cela peut paraître beaucoup du point de vue antinucléaire mais, en réalité, c’est très peu sur le plan industriel : cela ne fera que freiner un peu l’effondrement du nucléaire.

A titre de comparaison, si vous reprenez le diagramme de l’électricité mondiale en 2021, vous voyez que, au delà des balivernes habituelles sur l’intermittence des énergies renouvelables, l’éolien et le solaire ensemble ont, pour la première fois, produit plus d’électricité (10,3%) que tous les réacteurs nucléaires du monde (9,9%).

Quant à l’hydroélectricité, cela fait des décennies que, à elle seule, elle produit chaque année bien plus que le nucléaire (en 2021 : 15,3% contre 9,9%).

Note : nous n’évoquons pas ici les défauts plus ou moins graves des diverses énergies mais la prétendue capacité du nucléaire à mettre en échec le changement climatique.

Au final, l’ensemble des énergies renouvelables produit presque 30% de l’électricité mondiale, une part en forte augmentation, 3 fois plus que le nucléaire lequel est désormais sous les 10%, en baisse continue…

Si on regarde l’ensemble de la consommation mondiale d’énergie, le trio pétrole-gaz-charbon fait hélas 80%, les renouvelables 18% (une part insuffisante certes, mais en très forte augmentation), le nucléaire 1,9%, une part très faible et en baisse continue. Il est donc avéré que la production d’électricité par le nucléaire ne réduit que de façon infime les émissions de co2 sur Terre.

Il faut aussi prendre en compte le fait que le co2 n’est pas, loin de là, le seul gaz à effet de serre : les autres gaz concernés, à commencer par le méthane (CH4) représentent selon les estimations environ 40% du problème, et le nucléaire n’a aucune influence sur ces émissions !

CONCLUSION

La contribution du nucléaire à la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre dans le monde est donc proche de 1%, une part infime et en déclin :  ce n’est vraiment pas le nucléaire qui pourra « sauver le climat »…
Il s’agit là de réalités industrielles, ce sont des données publiques officielles et incontestées, mais ce sont aussi et surtout des choses que les promoteurs du nucléaire, à commencer par M. Jancovici et ses parrains EDF, Bouygues et Vinci – ces deux derniers ayant beaucoup d’argent à gagner en cas de nouveaux réacteurs à construire ! – ne vous diront jamais…

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Stéphane Lhomme
Directeur de l'Observatoire du nucléaire
www.observatoire-du-nucleaire.org

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