Les luttes, résistances, adaptations et alternatives vont-elles accélérer et se radicaliser franchement ?
Le réchauffement climatique catastrophique et meurtrier fabriqué par la civilisation industrielle s’accélère, tandis que le système en place continue – forcément il ne peut pas faire autrement – d’aggraver les choses et d’accentuer ses moyens de répression contre toute forme de contestation.
Au vu des possibles effets de seuil (boucles de rétroaction positive), les scénarios terrifiants du GIEC pourraient bien être encore trop « optimistes ».
Les actions de résistance, de luttes et d’alternatives radicales sont plus qu’urgentes, elles auraient du avoir lieu avant hier.Le réchauffement climatique encore plus rapide que prévu : le GIEC encore trop optimiste Entre 1 et 2°C de réchauffement global, on est en plein dans la zone dangereuse
vendredi 21 octobre 2022, par Auteurs divers.
MÉTÉO : 30 DEGRÉS EN OCTOBRE, LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE PLUS RAPIDE QUE PRÉVU
Mercredi 19 octobre, les températures ont dépassé les 30°C dans le Sud-Ouest. Il a même fait 27°C à Nantes et 28°C à Clermont-Ferrand. Ce sont des températures du mois de juin ou juillet en plein automne. Dans le Sud-Ouest, les températures ne sont pas descendues en dessous de 25°C depuis cinq jours. Un épisode exceptionnel par sa durée. Ce mois d’octobre est pour le moment le plus chaud de l’histoire.
Cet épisode succède aux longues canicules qui ont eu lieu cet été, provoquant des milliers de morts dans une indifférence effrayante. L’été 2022 a été marqué par des pics de chaleur historiques, bien au-dessus de 40°C, avec de nombreux records absolus, notamment en Bretagne, des incendies massifs et des sécheresses intenses.
Ce n’est peut-être pas fini. Les modélisations du « Global Forecast System » – GFS, aux USA – envisagent des températures anormalement chaudes en Europe à la veille de la Toussaint, avec de possibles pointes autour de 30°C. Pour le moment, cet horizon est trop éloignée pour faire des prévisions fiables, mais une masse d’air chaud venue d’Afrique du Nord continue de planer au-dessus de l’Espagne et de la France.
des conflits majeurs autour de l’eau, une crise agricole durable
Il y a la météo, et il y a le climat. D’après une étude du CNRS la France se réchauffe beaucoup plus vite que la moyenne planétaire. Et la planète se réchauffe plus vite que les précédentes études l’imaginaient. Les scientifiques font plusieurs scénarios. Avec une réduction « modérée » des gaz à effets de serre, les températures dans l’Hexagone pourraient augmenter en 2100 de 3,8 degrés en moyenne par rapport au début du XXe siècle. Dans le pire des scénarios, celui où on continuerait à avoir un recours massif aux énergies fossiles – pétrole, gaz, charbon –, ce qui est actuellement le cas car les émissions vont même en augmentant, les températures moyennes pourraient grimper de 6,7 degrés. On a du mal à se le représenter, mais cela signifie un changement de pays dans les prochaines décennies : le paysage entièrement modifié, des espèces qui disparaissent, des conflits majeurs autour de l’eau, une crise agricole durable, et donc des pénuries, des morts…
Selon l’étude, pour 2023 on atteindrait déjà +1,8°C par rapport à 1900. Les fameux objectifs de l’accord de Paris de 2015, la COP 21, qui prétendaient limiter le réchauffement à 1,5°C, sont déjà pulvérisés.
Et cette accélération du réchauffement en France n’est qu’une moyenne. Les régions méditerranéennes pourraient connaître des températures encore plus élevées en été, avec une hausse de 5,1 degrés même en cas de scénario « modéré ». Les phénomènes extrêmes, de chaleur, de sécheresse, d’inondations, seraient donc bien plus fort que cet été. Certains coins pourraient être inhabitables l’été et les villes irrespirables.
Ne pas tout mettre en place ici et maintenant pour protéger l’environnement, ralentir la production et sortir du capitalisme qui ravage la planète est un choix criminel et délibéré des élites. Ou un suicide collectif.
(post de Contre Attaque)
voir aussi Le Monde pour les sources et diagrammes : En France, le réchauffement climatique s’annonce pire que prévu, selon de nouvelles projections – Si les émissions de gaz à effet de serre se maintiennent au même niveau, la température moyenne de l’Hexagone pourrait être supérieure de 3,8 °C en 2100 par rapport au début du XXᵉ siècle. (…) Difficile d’imaginer les conséquences d’une telle fournaise. « Il faudra faire de nouvelles études sur les impacts et des projections à l’échelle régionale, mais il est certain qu’un tel réchauffement va entraîner des canicules plus fréquentes, longues et sévères, un assèchement important des sols et une forte baisse des ressources en eau » (…)
Les effets d’auto-emballements encore peu pris en compte…!
Ces effets de seuil (de rétroaction positive) pourraient expliquer en partie le réchauffement climatique plus rapique que prévu qui est observé.
Ces boucles de rétroaction positive pourraient signifier que les scénarios du GIEC sont encore bien trop « optimistes » vu qu’ils n’en tiennent pas suffisamment compte. Et il est difficile d’intégrer précisément ces effets de seuil vu qu’ils sont pour l’instant impossibles à modéliser précisément. Dur de connaître la température de réchauffement global les déclenchant, et dur de prévoir précisément leurs effets.
« Notre dernière chance d’éviter l’effondrement consiste à sortir de cette idéologie suicidaire » – Le rythme actuel de réchauffement pourrait déclencher plusieurs « points de bascule » planétaires : des changements abrupts et irréversibles du système climatique. Les chercheurs Aurélien Boutaud et Natacha Gondran nous expliquent pourquoi.
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Une augmentation de température moyenne supérieure à 1,5°C pourrait suffire à déclencher plusieurs points de bascule conduisant à des changements abrupts et irréversibles du système climatique mondial
Une étude publiée en septembre dans la prestigieuse revue Science apporte quelques éléments de réponse. Elle montre en particulier qu’une augmentation de température moyenne supérieure à 1,5°C pourrait suffire à déclencher plusieurs points de bascule conduisant à des changements abrupts et irréversibles du système climatique mondial.
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Jusque-là assez peu présents dans les rapports du Giec, les points de bascule sont pourtant discutés depuis longtemps par les spécialistes des Sciences du Système Terre, en particulier dans le cadre des débats sur les limites planétaires – un certain nombre de variables comme le climat, la biodiversité ou encore les cycles biogéochimiques jugés déterminants pour l’équilibre de la biosphère.
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L’étude parue en septembre dernier dans la revue Scienceétablit ainsi un état des lieux actualisé des différentes rétroactions positives recensées dans la littérature académique sur le climat. Pour seize d’entre elles, l’étude identifie des seuils de température au-delà desquels les rétroactions positives seraient irrémédiablement enclenchées.
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Or les scientifiques montrent que plusieurs de ces rétroactions adviendraient avec un changement de température compris entre 1 et 2°C. C’est le cas de la fonte du pergélisol, évoquée précédemment. Mais c’est également le cas de la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique occidental, qui aurait de nombreux effets induits sur le fonctionnement du climat : modification de la salinité et des courants océaniques, accroissement de l’absorption des rayonnements solaires par la surface terrestre, augmentation consécutive de la part d’infrarouges dans le bilan radiatif de l’atmosphère terrestre, etc.
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L’étude parue dans Science en septembre 2022 ne fait, de ce point de vue, que confirmer une certitude : les politiques menées jusqu’à présent, fondées en grande partie sur des hypothèses économiques hors-sol, nous ont menés à deux doigts du précipice. Notre dernière chance d’éviter l’effondrement consiste à sortir de cette idéologie suicidaire pour mener enfin une politique volontariste à la hauteur du péril.
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On lit par ailleurs danscette présentation du premier volume du 6e rapport d’évaluation du GIEC paru en 2021 :
Les phénomènes à forts impacts mais de faible probabilité, tels que l’effondrement de la calotte glaciaire, les changements brusques de la circulation océanique, certains événements extrêmes simultanés ou en cascade et un réchauffement nettement supérieur à la plage d’incertitude très probable du réchauffement futur, ne peuvent être exclus et font partie des risques à évaluer pour la planification.
Accélérer et radicaliser les résistances
A présent on a déjà dépassé les 1°C de réchauffement global.
Les boucles de rétroaction positives qui mènent mécaniquement la planète à des températures invivables se déclencheraient entre 1 et 2°C selon les dernières études.
Les émissions de gaz à effet de serre et les destructions d’écosystèmes déjà faites ou en cours mènent à un réchauffement global de plus de 2°C (avec environ +1.5°C vers 2030 pour la planète, d’autres parlent même de +1.8°C dès 2023 en France).
CONCLUSION :
Faut espérer que les scientifiques se plantent (dans un sens favorable), car on est déjà en plein dans la zone ultra dangereuse.
Les actions subversives radicales pour stopper les émissions et les destructions de la biosphère sont plus qu’urgentes, elles sont vitales et auraient du avoir lieu avant hier.
Evidemment, impossible de compter sur les institutions en place et leurs élus pour faire ce qu’il y aurait à faire, qu’il s’agisse d’adaptation à ce qui est déjà là et inévitable ou de rupture radicale avec la civilisation industrielle qui cause les problèmes.
Dernières actus sur Reporterre sur les luttes pour le climat :
- Des militants antipub perturbent le Mondial de l’auto – Trois militants de l’association Résistance à l’agression publicitaire ont déployé une banderole et une affiche parodique au Mondial de l’auto, à Paris. But : dénoncer le greenwashing de cette industrie polluante. (Note : hélas de simples banderoles n’empêcheront pas l’industrie automobile de continuer ses ravages)
- Luttes locales, sabotages… Le mouvement climat toujours vaillant – Après plusieurs années de lutte, le mouvement climat revient avec une nouvelle stratégie, plus offensive : sabotages, dénonciation des ultrariches, conquête de l’Assemblée nationale…
Même les éventuelles stratégies plus offensives du « mouvement climat » ne suffiront pas à changer la donne. Et puis le « mouvement climat » se cantonne souvent à l’objectif impossible et indésirable du « verdissement » de la civilisation industrielle au lieu de viser franchement son démantèlement.
Écrire à l’auteur.e de cet article : Auteurs divers
A.A.
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