Dimanche 16 octobre au soir, des militants d’extrême-droite ont volé du matériel syndical sur le piquet de grève tenu par les agents de nettoyage de la gare Perrache à Lyon. « Banderole, drapeaux, tracts et autres matériels militants volés à la CNT. Lyon est nationaliste », ont-ils publié dans la foulée sur leur canal Telegram, Ouest Casual, en-dessous d’une photo de cinq d’entre eux brandissant le matériel en question. Des militants des groupes fascistes Lyon populaire et Clermont nationaliste seraient à l’origine de l’action, selon une source antifasciste.
Du côté de la CNT-SO, la perplexité règne : « on a constaté la disparition d’une partie de nos drapeaux et banderoles. Ils n’ont même pas revendiqué l’action, on pensait au début que c’était la métropole… C’est un peu surréaliste ». Seuls deux agents de nettoyage étaient sur place, dans la gare. « Ils sont intervenus, il n’y a eu aucune violence », nous raconte la CNT-SO.
Il s’agit du seul syndicat visé par l’action ; le matériel de la CGT et des autres organisations soutenant la grève n’a pas été volé. De quoi laisser penser à une action antisyndicale bien ciblée. « La devanture de la CNT à Lyon a déjà été plusieurs fois ravagée », rappelle notre contact de la CNT-SO. « On a l’impression qu’ils confondent la CNT et la CNT-SO », issue d’une scission en 2013, précise-t-il.
Le caractère raciste de l’action d’hier soir est également à souligner. « L’extrême-droite s’attaque à un piquet de grève dans leur délire nationaliste. La quasi totalité des agents sont d’origine étrangère », insiste la CNT-SO. « S’ils veulent vraiment casser la grève, qu’ils viennent faire le nettoyage à leur place. Ce sont juste des travailleurs qui veulent continuer à bosser ».
Ces agents de nettoyage sont en grève illimitée contre la Métropole de Lyon, qui les emploie via la société sous-traitante Arc-en-ciel, depuis le 12 octobre. À l’origine du mouvement : un nouvel appel d’offres restreignant la possibilité, pour ces agents, de voir renouveler leurs contrats. Celui-ci exclut toute candidature qui n’émanerait pas « d’organismes sous convention d’insertion par l’activité économique », expliquent les grévistes et les syndicats qui les soutiennent (CNT-SO, CGT, FO, CFDT).
Cette action s’inscrit, en tout cas, dans un contexte lyonnais et national. Les agressions de piquets de grève ou de cortèges syndicaux sont un mode d’action récurrent des militants d’extrême-droite. Notre carte des violences de l’extrême-droite, régulièrement mise à jour, en témoigne. Les agressions répertoriées au cours de l’année 2021 étaient en majorité à destination de militants politiques et de leurs manifestations. Lyon en demeure un laboratoire. Elle est la ville de France où ses violences ont été les plus nombreuses en 2021, notamment du fait de l’union informelle des militants de divers groupuscules.
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