lundi 21 décembre 2020, par CNI, EZLN
Nous, les peuples, nations, tribus et quartiers autochtones qui formons le Congrès national indigène, le Conseil indigène de gouvernement et l’Armée zapatiste de libération nationale, nous faisons face à la maladie de notre Terre Mère, qui s’exprime par une grave pandémie qui a frappé la vie et l’économie de nos communautés et du monde entier.
Nous nous nous retrouvons dans la voix des peuples originaires qui crient depuis les géographies où ils luttent et résistent contre la guerre capitaliste qui se dispute les territoires indigènes et paysans à travers d’agressives politiques extractivistes, dans toute la géographie nationale ; par des mégaprojets de mort qu’ils appellent Couloir interocéanique dans les États d’Oaxaca et de Veracuz, Projet intégral Morelos dans les États de Morelos, Puebla et Tlaxcala, Train maya dans les États du Sud-Est mexicain, ou encore Aéroport international de la Ville de Mexico dans le centre du pays ; par la mise en place d’un ensemble de politiques et de mécanismes pour la poursuite du « libre commerce » tributaire des États-Unis et du Canada et pour contenir la migration ; pour empêcher ou affaiblir l’organisation et la résistance de nos peuples, en passant au-dessus des autorités traditionnelles et par la réalisation de consultations indigènes simulées.
Il s’agit de politiques et de mégaprojets impulsés par le gouvernement néolibéral de la Quatrième Transformation, au service des grands capitalistes mondiaux et contre l’organisation autonome de nos peuples ; tout ce qui précède est soutenu par la militarisation, la création de la Garde nationale et la militarisation de tout le territoire national, la complicité des États-mafias criminels, la création de programmes cherchant à briser l’organisation communautaire, comme c’est le cas (du programme) Sembrando Vida [« en semant la vie »], et l’approbation de lois favorables aux grands consortiums transnationaux comme la loi fédérale pour le développement et la protection du maïs natif.
Nous, le CNI-CIG — avec les communautés zapatistes —, en tant que congrès lorsque nous sommes ensemble et en tant que réseau lorsque nous sommes séparés, nous sommes cette parole collective que non seulement nous faisons nôtre, mais dans et avec laquelle nous nous entrelaçons, avec la détermination que notre résistance grandira autant que la menace capitaliste contre la vie.
Car pour nos peuples, il n’existe pas la possibilité de nous rendre, de nous vendre ou d’abandonner, quand ce sont la Terre Mère et la vie que les gouvernements, entreprises, militaires et cartels de la drogue veulent obtenir comme butin du vol, et ;
Considérant que :
1. Ils durcissent la répression, les menaces, la formation de groupes de choc et la criminalisation des communautés qui résistent au Projet intégral Morelos, que le mauvais gouvernement fédéral a décidé d’imposer illégalement et avec l’utilisation de son groupe armé de choc qu’il appelle la Garde nationale ; et que, néanmoins, l’héritage héroïque de Samir Flores Soberanes est maintenu en vie par les sœurs et les frères du Front des peuples en défense de la terre et de l’eau de Morelos, Puebla et Tlaxcala qui ne se rendent pas, ne se vendent pas et ne renoncent pas ;
2. La guerre contre les communautés autonomes et les communautés autochtones du CNI dans l’État du Chiapas s’accentue, alors que les gouvernements garantissent l’impunité pour les groupes paramilitaires qu’ils financent et qui attaquent jour et nuit les peuples et communautés sœurs ;
3. Le mauvais gouvernement fédéral et ses forces armées, dans son alliance éhontée avec les sombres intérêts économiques qui spéculent sur la conquête du territoire des peuples indigènes et paysans, sèment la peur et la terreur, violent cyniquement les lois, les peines et les suspensions judiciaires pour imposer leurs mégaprojets, qui livrent le territoire du pays aux intérêts économiques transnationaux ;
4. La résistance et la rébellion grandissent dans la géographie des peuples originaires, car le pillage et la répression violente du côté du mauvais gouvernement à tous ses niveaux grandissent également, en complicité avec les groupes paramilitaires et les narco-paramilitaires, qui rendent possibles leurs projets d’extraction et de pollution. Même dans les grandes villes, nos peuples résistent, comme le montre la communauté Otomi vivant dans la Ville de Mexico ;
5. À partir des luttes que nous sommes, nous, les peuples originaires, nous voyons que dans le monde s’allument des espoirs contre cette guerre qui est la même, et de ces lointaines géographies nous nous tournons vers là où nous sommes, c’est-à-dire vers la lutte pour la vie, qui devient une langue dans laquelle nous nous reconnaissons les uns les autres ;
6. Il existe la convocation zapatiste d’entreprendre un voyage planétaire en avril 2021, qui commencera par le continent européen, auquel le CNI est invité en y intégrant une délégation pour accompagner ce voyage et porter nos paroles collectives ;
Nous convoquons
les délégué·e·s et conseiller·ère·s du CNI-CIG pour qu’ils assistent à la
Cinquième Assemblée nationale du Congrès national indigène
et du Conseil indigène de gouvernement
qui aura lieu à :
« La Quinta Piedra », territoire récupéré du peuple nahua de l’ejido Tepoztlán,
les 23 et 24 janvier 2021
Avec le programme suivant :
23 janvier
Inauguration
Tables de travail :
- Bilan de la spoliation et de la guerre capitaliste contre nos peuples.
- Proposition pour la participation d’une délégation de CNI-CIG pour le voyage planétaire zapatiste.
24 janvier
Plénière ouverte :
- Conclusion des tables de travail
- Accords et résolutions
- Communiqué public
- Clôture
Note 1 : Considérant les circonstances sanitaires actuelles nous proposons de nommer un·e ou deux délégué·e·s par village, communauté ou organisation indigène, selon le cas, dans le but de réaliser une assemblée amplement représentative mais moins nombreuse. Celles et ceux qui assisteront devront respecter les mesures d’usage du masque, d’une saine distance, d’un lavage fréquent des mains et du visage, ainsi que celles qui se mettront en place sur le lieu de réunion.
Note 2 : Celles et ceux qui ne sont pas délégué·e·s ou conseiller·ère·s du CNI-CIG pourront uniquement entrer à l’assemblée avec l’invitation exprimée de la commission de coordination et suivi.
Cordialement
Décembre 2021
Pour la reconstitution intégrale de nos peuples
Jamais plus un Mexique sans nous
Congrès national indigène – Conseil indigène de gouvernement
Armée zapatiste de libération nationale
Texte d’origine et traduction :
Enlace Zapatista
Commentaires récents