lundi 9 novembre 2020
Communiqué de presse du collectif national Stop CETA Mercosur
C’est ce lundi 9 novembre que les ministres du commerce des pays de l’UE, réunis en vidéoconférence, devaient enclencher le processus de ratification de l’accord de libéralisation du commerce entre l’UE et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay). Cela n’est pas le cas : alors que la présidence allemande de l’UE en avait fait une priorité, aucun vote n’a eu lieu en raison des trop vives oppositions exprimées dans de nombreux pays. C’est une première victoire qui en appelle d’autres.
Jamais un accord de libéralisation du commerce n’avait été aussi contesté : près de 80% des personnes interrogées dans plusieurs pays européens veulent que l’accord UE-Mercosur soit abandonné (1). La mobilisation citoyenne et le rejet de cet accord « voitures contre bétail », y compris au sein de plusieurs Parlements nationaux (Autriche, Wallonie, Pays-Bas, Irlande), empêchent aujourd’hui la Commission européenne et les lobbys économiques de parvenir à leurs fins.
C’est une première victoire pour les organisations de la société civile qui ne cessent d’alerter l’opinion publique et les gouvernements sur les dangers sociaux, écologiques, sanitaires et même de droits humains que porte l’accord UE-Mercosur. Rien que durant cette semaine (2-9 novembre), près de 100 000 messages ont été envoyés à Emmanuel Macron, et aux ministres Jean-Yves Le Drian, Franck Riester, Clément Beaune et Julien Denormandie pour les exhorter à prendre les dispositions nécessaires pour obtenir l’abandon de l’accord UE-Mercosur à Bruxelles (2).
Cette mobilisation s’étend également aux collectivités territoriales (3). Ainsi, Grenoble s’est déjà déclaré « en faveur de l’abandon de l’accord UE-Mercosur et en faveur de la relocalisation écologique et solidaire » (4). A l’échelle européenne, plus de 1850 collectivités locales membres de la « Climate Alliance » viennent aussi de s’opposer à l’accord avec le Mercosur (5).
Ce lundi 9 novembre, plus de 190 économistes expliquent dans une lettre ouverte combien les données produites par la Commission européenne pour justifier des gains économiques attendus d’un tel accord sont fragiles, alors que d’autres études « montrent que l’impact net réel de la libéralisation du commerce sur les revenus, l’emploi, la productivité du travail, l’innovation et la compétitivité pourrait bien être négatif ». Ils appellent la Commission à mener une étude d’impact plus sérieuse (6).
Pour autant, beaucoup de décideurs européens cherchent encore à sauver l’accord UE-Mercosur et envisagent annexes ou autres ajouts à la marge dans une tentative désespérée de rassurer sur des sujets comme la déforestation. C’est hors de question : il faut abandonner ce projet d’accord avec le Mercosur et, avant toute chose, réviser en profondeur la politique commerciale européenne. L’heure n’est plus celle d’une mondialisation qui fait de l’intérêt des multinationales un objectif supérieur aux droits des populations et à la protection de la planète.
Réactions de plusieurs membres du collectif national Stop CETA Mercosur
- Pour Maxime Combes, en charge des enjeux commerce/relocalisation à l’Aitec et porte-parole d’Attac France, « E. Macron et le gouvernement doivent faire à Bruxelles ce qu’ils disent à Paris : “stopper net” l’accord UE-Mercosur plutôt que tenter de sauver un accord suranné, dangereux et profondément rejeté par l’opinion »
- Pour Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne, « la relocalisation, notamment de notre alimentation, ne pourra être effective et généralisée sans des politiques de régulation des marchés et de protection économique du monde paysan qui passent par le refus de ce genre d’accords »
- Pour Nicolas Roux, porte parole des Amis de la Terre, « l’accord UE-Mercosur appartient à un autre temps. Il ignore les enjeux auxquels nos sociétés font face aujourd’hui, tels que la crise climatique. Le tout pour le bénéfice d’une élite du milieu des affaires. Il faut le rejeter et refonder le commerce sur d’autres valeurs ».
- Pour Karine Jacquemart, directrice de foodwatch France, « Les risques sont très clairs : déforestation, droits des populations, mais aussi pour notre agriculture et notre alimentation (OGM, résidus de pesticides, etc). Un passage en force de cet accord serait un pur scandale et totalement anti-démocratique ».
- Pour Anne Bach de la Fédération ActionAid France – Peuples Solidaires, « cet accord nous fait courir de trop grands risques pour l’avenir sans apporter un avantage utile aux populations concernées : déforestation et atteinte grave à la biodiversité, non-respect des droits humains, production d’une agriculture hors normes sanitaires ».
- Pour Andrée Desvaux du Réseau Roosevelt, « le temps est venu d’arrêter cette mondialisation qui ne profite qu’à une partie de la population, produit des inégalités de plus en plus marquées et des ’’délaissés » parmi les professions des plus utiles et les moins biens reconnues, chez les petits agriculteurs et les habitants des banlieues ou des territoires ruraux ».
- Pour Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace, « il est urgent que la France acte définitivement l’abandon de cet accord qui engendrera indubitablement une hausse de la déforestation dans des écosystèmes qui battent déjà des records de destruction ».
Notes aux rédactions
[1] Sondage YouGov (sumofus.org/eu-mercosur-poll) – Plus de 3 sondés sur 4 contre l’accord UE-Mercosur ! Qu’attend Emmanuel Macron ?
[2] Près de 100 000 messages – Appel pour que la France stoppe l’accord UE-Mercosur à Bruxelles
https://www.collectifstoptafta.org/accord-ue-mercosur/article/interpellez-emmanuel-macron-et-le-gouvernement-pour-exiger-l-abandon-de-l
[3] Initiative « les collectivités territoriales s’engagent contre le Mercosur et pour la relocalisation »
https://www.collectifstoptafta.org/accord-ue-mercosur/article/stop-accord-ue-mercosur-demandons-aux-collectivites-territoriales-de-s-engager
[4] Voeu voté par la ville de Grenoble le 2 novembre 2020 « Pour la relocalisation écologique et solidaire » : https://www.grenobleencommun.fr/voeux-pour-la-relocalisation-ecologique-et-solidaire/
[5] Position des collectivités territoriales de la Climate Alliance : https://www.climatealliance.org/newsroom/news/news-detail/climate-alliance-resolution-against-eu-mercosur-trade-agreement.html
[6] Lettre ouverte concernant les impacts économiques du projet d’accord UE- Mercosur http://s2bnetwork.org/wp-content/uploads/2020/11/SIA_FR-8-November.pdf
Pour aller plus loin :
- Lettre ouverte (29 juin 2020) : 265 organisations appellent l’UE et les États-membres à rejeter l’Accord UE-Mercosur – https://www.collectifstoptafta.org/actu/article/265-organisations-appellent-l-ue-et-les-etats-membres-a-rejeter-l-accord-ue
- Accord UE-Mercosur : derrière la confusion, où en est-on ? Réponse en 10 questions – https://www.collectifstoptafta.org/accord-ue-mercosur/article/accord-ue-mercosur-derriere-la-confusion-ou-en-est-on-reponse-en-10-questions
Le 14 juin 2013, la Commission européenne a obtenu mandat de la part de tous les États membres pour négocier avec les États-Unis le Transatlantic Free Trade Area (TAFTA). Cet accord cherche à instaurer un vaste marché de libre-échange entre l’Union européenne et les États-Unis, allant au-delà des accords de l’OMC. Site réalisé par Attacavec SPIP
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Ce projet de Grand marché transatlantique vise le démantèlement des droits de douane restants, entre autres dans le secteur agricole, et plus grave encore, la suppression des « barrières non tarifaires » qui amplifierait la concurrence débridée et empêcherait la relocalisation des activités.
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