Brève réflexion sur un parti fasciste, une chaine télévisée et leur intellectuel organique
par Pierre Tevanian
1er octobre 2020
C’était le 23 octobre 2019, sur CNews : “Quand le général Bugeaud arrive en Algérie, il commence à massacrer les musulmans, et même certains juifs. Eh bien moi, je suis aujourd’hui du côté du général Bugeaud. C’est ça être Français !” . Un an après, à peine condamné pour ces propos et quelques autres du même tonneau, reconnus par les juges comme une incitation caractérisée à la haine et à la violence, le prédicateur d’extrême droite, maintenu à l’antenne, continue de creuser son sillon. Ce mercredi 30 septembre, il attaque frontalement la convention européenne des droits humains et celle des droits de l’enfant, en affirmant tranquillement que les mineurs étrangers doivent tous être expulsés, car ils sont des assassins et des violeurs. L’occasion de republier les lignes qui suivent, écrites il y a un an. De ces lignes, il n’y a rien à ajouter ni retrancher. Elles sont concises, parce qu’il est des sujets sur lesquels il n’y a pas à tergiverser, et des moments de péril dans lesquels le temps et l’énergie sont précieux.
C’était clair depuis un bon moment, c’est patent après une semaine d’antenne : ce qui s’opère avec Eric Z (sur C News) est ni plus ni moins qu’un coup d’État idéologique. Un putsch fasciste dans la bataille des idées, visant à supprimer, « au moins en paroles » (préalable nécessaire aux passages à l’acte), toutes les limites, tous les tabous constitutifs de la civilisation humaine – y compris celui du meurtre.
Comme le faisaient les soi-disants « dérapages » de Le Pen père dans les années 80-90, sauf que c’est désormais en direct live que se fait ce travail, quasiment tous les jours, et en dehors de la famille Le Pen, et même du parti fasciste – ce qui permet audit parti fasciste de paraître bienséant par comparaison, en se contentant de défendre « la liberté d’expression » de son orateur délocalisé à Medialand.
Quiconque par conséquent joue aux cons et fait mine de ne pas le comprendre, quiconque s’amuse à « débattre » avec cet individu, quiconque va dans son émission ou simplement sur sa chaîne, quiconque finance cette chaîne en y passant une pub, quiconque s’engage dans autre chose que des actions de boycott, des actions en justice pour injures raciales, incitation à la haine, à la violence, à la discrimination, apologie de crimes contre l’humanité, ou des manifestations publiques destinées à l’empêcher de parler, sera comptable de toutes ses victoires futures.
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