paru dans lundimatin#246, le 9 juin 2020 Appel à dons Alors que la question du racisme et de la police se trouve au centre du débat public, la journaliste Camille Polloni de Mediapart, révélait le 4 juin dernier des enregistrements de policiers proférant des propos ouvertement racistes, antisémites, fascistes et on peut même dire, néo-nazis. Beaucoup de choses ont été dites quant à ce que cela dit de l’institution policière, d’autant plus que les agents en question n’ont toujours pas été inquiété, 6 mois après la découverte des faits et que dans leurs échanges, ils parlent ouvertement de leur volonté de se procurer des armes, l’un d’entre-eux annonçant même à ses amis avoir enfin pu se procurer un fusil d’assaut. On a vu des perquisisitions et des mises en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste pour moins que ça dans ce pays. Mais passons. Ce qui a été peu commenté néanmoins, c’est la place qu’occupe la virilité dans les discussions de ces policiers, alors même que cela semble être le nœud depuis lequel leur haine semble assez systématiquement se déployer. C’est ce point que cet article tente d’explorer.
Quand des hommes armés, bénéficiant d’un monopole de la violence légale, disent se préparer à une « guerre raciale » et civile sur fond d’ « effondrement » économique et écologique ; et quand ces hommes, qui se revendiquent du « fascisme », désignent expressément les « ennemis de la race blanche », au premier rang desquels les Noirs et les Arabes (mais aussi les Juifs, les Gens du voyage, les femmes, les homosexuel·les, les gens de gauche), on comprend mieux la logique des meurtres et des agressions racistes perpétrées par la police, que des mouvement populaires dénoncent en ce moment même aux États-Unis et en France.
Certaines questions se posent alors immédiatement : comment empêcher ces gens de nuire ? Comment leur reprendre des armes que, selon leurs propres dires, ils accumulent jusque dans leurs domiciles privés ? Comment prendre en compte et combattre, dans les temps incertains à venir, ces individus qui cherchent à se constituer en force ? Comment se montrer solidaires des révoltes antiracistes, comment amplifier et étendre leur impact ?
Les documents révélés sur le blog d’Arte radio et sur le site de Mediapart [1] sont précieux, dans la mesure où ils permettent de poser ces questions urgentes et réalistes. Ils complètent la réflexion sur les liens qui unissent l’institution policière, les politiques publiques, l’exercice de la violence et le racisme [2].
Mais ce sont des documents précieux, également, parce qu’ils nous donnent à entendre des paroles parfois intimes de policiers – et qui nous portent, en fait, au cœur de la sensibilité fasciste. C’est-à-dire, comme on essaiera de le montrer ici, au cœur des expériences et des représentations du monde sur lesquelles cette sensibilité fasciste s’édifie, et forme sa réaction.
Ainsi, en plus de susciter l’effroi et la volonté d’agir, les propos échangés par les policiers suprémacistes blancs nous incitent à questionner ce qu’il y a lieu de combattre, au juste, dans ce fascisme autoproclamé. Qu’est-ce qui – y compris, peut-être, jusqu’en nous-mêmes – donne prise à ce positionnement politique ? En quoi pourrions-nous bien (nous, à savoir les personnes qui, a minima, reconnaissent qu’elles veulent combattre le fascisme) ressembler à ces policiers, ou bien alimenter leur système d’interprétation du monde ?
Pour répondre à ces questions, que l’« antifascisme » laisse hélas bien trop souvent de côté, nous pouvons nous appuyer entre autres sur des analyses avancées par les mouvements féministes depuis plusieurs décennies, et en particulier ces dernières années. Des mouvements qui ont diffusé une large production critique sur les rapports de genre, au moyen desquels se construisent les subjectivités comme les groupes.
Si cette production critique nous est utile aujourd’hui, c’est parce que les enjeux liés au genre paraissent au cœur de la réaction fasciste, telle qu’elle se donne à entendre dans la parole des policiers. Et cela, non seulement parce qu’ils sont obsédés par les femmes (c’est-à-dire par l’« accès » aux femmes, même celles qui sont « colorées » [3]) ; mais aussi, parce qu’ils témoignent d’une volonté permanente d’établir ou de réétablir leur virilité, vis-à-vis d’autres hommes qui la mettraient à mal : ils réagissent contre ce qu’il perçoivent, à tort ou à raison, comme une rivalité entre hommes, une menace que les uns font peser sur la virilité des autres [4]. Aussi, il paraît indispensable de combattre ces mécanismes, et pour cela de commencer par bien les identifier.
Nous n’avons pas les moyens, ni la prétention, de faire ici le point sur la question (qui fait l’objet de débats intenses) des liens entre le sexisme et le racisme, ou entre les différents types d’oppression [5]. Nous nous contenterons donc de mettre en avant une dimension en particulier du discours des policiers fascistes, qui a trait à la construction et au maintien de leur virilité de blancs.***
Que font les policiers, au juste, sur le groupe WhatsApp auquel un de leurs collègues noir a eu accès, et dont le contenu a été confié en partie aux médias et à la justice ? Ils passent, notamment, beaucoup de temps à se plaindre. Voyons de quoi : non pour les excuser ou pour leur donner satisfaction, mais pour comprendre à quoi tient notamment leur positionnement fasciste.
Un élément récurrent du discours des policiers est qu’ils se prétendent délaissés sur le marché amoureux. L’un d’eux va jusqu’à se plaindre que son « fascisme » repousse les femmes (y compris des femmes non blanches de son unité professionnelle). « Quand elles ont appris que j’étais métaleux, bon bah voilà… T’as compris quoi. Ça les fait fuir. Mais si je leur dis que je suis fasciste, alors là laisse tomber, non seulement je serai emmerdé, mais y’en a plus aucune qui me tour’ [on dirait qu’il s’apprête à dire : « qui me tournera autour », mais il se reprend], qui… voudra me parler. »
Le sociologue Francis Dupuy-Déri explique la chose suivante, à propos des hommes qui pensent avoir droit, notamment, aux faveurs des femmes : « Aujourd’hui, ces hommes blancs réagissent comme des aristocrates qui voient leur échapper des privilèges qui leurs seraient dus à titre de mâles. Ne pas pouvoir jouir de ces privilèges – emploi, épouse, amante, etc. – apparaît comme un véritable scandale, d’où ces deux émotions souvent évoquées : la colère et le ressentiment. Même si objectivement, l’inégalité persiste entre les sexes, ces hommes blancs se prétendent victimes d’une très grave injustice en faveur des femmes et des populations racisées et migrantes ». [6]
Dans le domaine amoureux, les policiers incriminent la concurrence exercée par des personnes racisées. À propos de leur collègue noir, ils disent : « Il doit charmer à mort de la pute à nègres blanche. (…) N’importe quelle gonzesse qui a un minimum de jugeote sait qu’elle a affaire au nègre typiquement séducteur qui la fera cocue à tous les niveaux ». Ces paroles nous rappellent que les différentes constructions masculines, en fonction des variantes de classe et de « race » notamment, répondent diversement aux canons dominants de la virilité. Certains hommes sont accusés de manquer de virilité (les hommes non hétérosexuels, ou les Juifs par exemple), tandis que d’autres sont accusés d’en avoir trop. Ainsi la virilité de certains groupes racisés (Noirs, Arabes) est considérée comme menaçante : ils passent pour trop virils, ce qui leur attire d’ailleurs (et justifierait) un traitement plus sévère de la part de la police, de la justice, voire de l’institution scolaire. [7]
La colère ressentie par les policiers se retourne contre les femmes. « De toute façon, les gonzesses ne veulent pas de mec bien, elles prennent le daleux nègre qui les saute et puis qui les lâche après une fois qu’il a trouvé mieux. Tant pis, qu’est-ce que tu veux que je te dise. Il y a 140 féminicides… Tant pis les gars. » « Je me dis que tous ces gens doivent crever. Ça régénérera l’espèce humaine et surtout la race blanche. Quand des gonzesses s’offrent à des nègres ou à des bougnoules, je m’en bats les couilles si après elles se font démonter la gueule, buter, tout ce que tu veux. » [8]
Il faut comprendre la rhétorique masculiniste par laquelle les policiers parviennent à se représenter comme des victimes de masculinités plus menaçantes. Voilà des hommes qui affirment : « vivement la guerre civile, vivement l’effondrement, y a pas que la diversité qui va prendre cher, la gauche aussi, il va vraiment falloir éliminer ces fils de pute ». Puis, ils se vantent d’accumuler des armes chez eux, ou bien dans leur « sac », lorsqu’ils sortent en civil dans la rue. Pourtant, ces mêmes hommes ne craignent pas de se poser en hommes faibles, en hommes sensibles, en hommes injustement stigmatisés (et éliminés du marché amoureux) à cause de leur trop grande « gentillesse ». On peut les entendre dire par exemple : « Pour ce qui est des filles qui aiment bien les bâtards [le terme par lequel ils désignentdes hommes racisés, Noirs et Arabes] (…) elles se sentent en sécurité avec de gros bâtards comme ça. Parce que les mecs comme toi et moi qui sont trop gentils, qui sont pas des connards ni des cassos, elles les croient beaucoup trop faibles, ce qui est une erreur d’ailleurs. » « Ce que ces putes n’ont pas compris, c’est que ça a beau être des racailles, des cassos, des putains de bougnoules de merde, tôt ou tard elles vont finir par le payer. Par exemple, quand il y aura l’effondrement économique, ils sauront pas les protéger. […] Moi, qu’elles trouvent beaucoup trop faible et beaucoup trop gentil, ben méfie-toi de l’eau qui dort. Parce que moi j’ai des armes par contre. Donc avec les armes, je serai capable de pouvoir la défendre mieux qu’un gros bâtard qu’elle a choisi, mieux que son singe. »
Ce discours pourrait paraître contradictoire : d’un côté, les policiers s’empressent de réaffirmer leur valeur virile, grâce à leur armes et à leur capacité de protection. Et de l’autre, ils se plaignent d’être stigmatisés pour leur défaut de virilité (ils passent pour trop « faibles »). Dans son livre intitulé La Crise de la masculinité, autopsie d’un mythe tenace, Francis Dupuy-Déri nous a appris à cerner la cohérence de cette position, qui n’est contradictoire qu’en apparence. En effet, ce n’est pas la masculinité – par exemple celle de ces policiers blancs et « gentils » – qui est en défaut, ou en crise. C’est au contraire la masculinité qui représente, en elle-même, un défaut et une crise : une crise potentiellement permanente, et en tous lieux. La construction masculine consiste à intérioriser une prétention à jouir d’une emprise sur d’autres : dès lors, toutes les contrariétés que cette prétention rencontre peuvent être vécues sur le mode de la « crise », et de la douleur. Et la vocation à établir son emprise, ou à faire valoir une domination arbitraire, ne peut manquer en effet de soulever des objections et des résistances, dont les exemples remplissent la vie quotidienne aussi bien que l’histoire humaine. Aussi la virilité s’expose-t-elle à des déconvenues permanentes. Ainsi, il n’y a pas de différence fondamentale entre la virilité et le sentiment d’être lésé dans sa virilité, qui en constitue une composante essentielle et constante.
Les policiers disent souffrir de certains jugements défavorables portés sur leur virilité. Mais, plutôt que de mettre en cause le bien-fondé de ces normes, ils réaffirment fortement leur désir d’être mesurés à leur aune : ce sont de vrais hommes – comme les circonstances à venir finiront « d’ailleurs » par le montrer. Ici, il faut entendre la mise en garde formulée par Valérie Rey-Robert : bien entendu, cette rhétorique est celle des « incell » – pour « involuntary celibates » – ces hommes qui composent une partie de la fachosphère, et qui imputent au féminisme et aux mouvements migratoires présents ou passés l’impossibilité où ils se trouvent de faire valoir ce qu’ils considèrent comme les droits qu’ils posséderaient sur les femmes. L’autrice de Le Sexisme, une affaire d’hommes souligne que, face à ces gens, la dernière chose à faire est bien de les attaquer sur leur défaut de virilité – au titre par exemple que ce seraient des ratés, des paumés, des hommes souffrants, des « fragiles ». Ce sont au contraire des hommes qui vouent un culte à la virilité, aux armes, à la violence. Des hommes dont certains ont pu montrer, à l’occasion par exemple de certaines tueries sanglantes contre des femmes, toute la violence viriliste dont ils sont capables. Dans le cas des policiers d’extrême-droite, ce sont des hommes qui se dotent d’armes et affichent l’intention de s’en servir, y compris dans leur vie « civile ». Plutôt imputer leur souffrance, donc, à leur adhésion aux valeurs viriles et suprémacistes elles-mêmes, qu’ils ont toujours la possibilité d’abandonner.
Aussi, attaquer l’extrême-droite sur son manque de virilité revient à partager avec elle certaines valeurs ou certaines ambitions. Au moment où la parole fasciste se libère au point que des policiers armés peuvent rester en poste après avoir affirmé : « il reste quelques années avant l’effondrement, de toute façon la guerre raciale est inévitable », il ne paraît pas opportun par exemple de railler « l’image d’une extrême droite fragile et incompétente ». [9] Voudrait-on que l’extrême-droite prouve à quel point elle est non fragile, c’est à-dire virile, et compétente ? La menace fasciste peut être combattue avec un dégoût sourcilleux pour tout ce qui la compose, y compris le virilisme.
Il en va de même pour les pseudos catégories écologistes utilisées par les policiers fascistes, et qui se disent occasionnellement « survivalistes » : des catégories comme celle d’ « effondrement », comme l’a montré l’historien Jean-Baptiste Fressoz, appartiennent à un discours réactionnaire ancien. [10]
[1] Une compilation des messages audios, avec les voix authentiques des policiers en question, est présentée par un de leur collègue noir et son avocate, à cette adresse : https://www.arteradio.com/son/61664080/gardiens_de_la_paix. L’article de Mediapart du 4 juin 2020 (réservé aux abonnés) est consultable à cette adresse : https://www.mediapart.fr/journal/france/040620/bougnoules-negres-fils-de-pute-de-juifs-quand-des-policiers-racistes-se-lachent. On se concentrera ici sur les propos des policiers, non sur ce qu’en disent le policier qui les a révélés et son avocate.
[2] Voir par exemple l’article informé de Saïd Bouamama, qui cite une large documentation, republié sur le site de Contretemps : https://www.contretemps.eu/fabrique-politique-violence-policiere/ .
Sur le vote pour l’extrême-droite dans la police on peut consulter cet article : https://www.liberation.fr/checknews/2018/04/24/quelle-est-la-proportion-de-policiers-votant-a-gauche-en-france-et-de-militaires_1653591 ; et cet autre, sur la prolifération des idées et des militants d’extrême-droite dans la police : https://www.lamuledupape.com/2020/05/14/quand-lextreme-droite-prolifere-dans-la-police/.
[3] Cette citations entre guillemets, et les suivantes, sont extraites des messages audio des policiers.
[4] Le présent article, écrit en pensant à comment des hommes (dont l’auteur fait partie) pourraient facilement passer à côté d’une partie du problème du fascisme tel qu’il se donne à voir dans ces témoignages, a beaucoup tiré parti de la lecture du dernier livre de Valérie Rey-Robert, Le sexisme, une affaire d’hommes (Libertalia, 2020).
[5] Un débat alimenté entres autres par des interventions politiques, des enquêtes empiriques, des réflexions épistémologiques, ainsi que par de nombreux témoignages d’expériences vécues. Pour un état des lieux scientifique, voir par exemple la synthèse publiée sous la direction d’Elsa Dorlin : Sexe, race classe. Pour une épistémologie de la domination, (Actuel Marx, 2009).
[6] Francis Dupuy-Déri, La Crise de la masculinité, autopsie d’un mythe tenace, (Éditions du remue-ménage, 2018) p. 201-202.
[7] Et cela bien que, dans d’autres contextes, comme notamment pendant la conquête de l’empire colonial français, ces mêmes populations racisées aient pu être « accusées » de manquer de virilité, voire de pratiquer l’homosexualité.
Sur la question de la diversité et de la hiérarchie des masculinités, voir notamment Valérie Rey-Robert (Le sexisme, une affaire d’hommes), p. 80 ; ou Victoire Tuaillon (Les Couilles sur la table, Binge Audio Éditions, 2019, p. 53 et suivantes) qui présente les travaux fondateurs de la sociologue australienne Raewyn Connell.
[8] Ces propos peuvent donner la nausée, mais ils me rappellent personnellement, toutes proportions gardées, la position que tenait un camarade (par ailleurs émeutier de renom) au cours d’une conversation suscitée par la marche féministe organisée au mois de novembre 2019 contre les violences sexistes et sexuelles commises par les hommes – marche à laquelle il n’avait, bien évidemment, pas participé. Car il affirmait se ficher des féminicides, dans la mesure où, pour lui, toutes les vies humaines (ou toutes les « formes-de-vie ») ne se vaudraient pas, dans la mesure où elles ne présenteraient pas le même degré d’ « intensité », donc pas le même intérêt. Au fond, il reprochait aux victimes de ne pas appartenir au camp révolutionnaire, au bon « parti » (non pas amoureux, mais politique cette fois-ci). Il ne faisait donc aucun cas, pas plus que les policiers en question, de la dimension proprement sexistes des violences commises par la classe des hommes en tant qu’hommes, contre les femmes en tant que femmes.
Autre cas de convergence masculine insoupçonnée, par-delà les allégeances idéologiques ou les appartenances sociales : un policier invoque la figure de Vladimir Poutine pour exprimer sa haine contre des manifestants : « T’es une merde de gauche, tu mérites de mourir. Poutine il s’occuperait de ta gueule vite fait bien fait. » Le président russe, qui a fait une campagne de promotion explicite de sa valeur virile, suscite l’admiration largement en-dehors du cercle des suprémacistes blancs, comme en témoigne par exemple de nombreuses chansons de rap… Un genre musical que les policiers, dans les extraits audio, tiennent pourtant pour un facteur et un symptôme de la dégénérescence de la race blanche, et plus généralement de l’espèce humaine.
[9] https://paris-luttes.info/le-saint-sauveur-attaque-par-les-14083?lang=fr
Sur le virilisme constitutif de la sensibilité fasciste, voir aussi les analyses de Klaus Theweleit dans Fantasmâlgories (publié en allemand en 1977) à propos de certains groupes solides et « compétents » : les Freikorps et autres formations pré-nazies. Theweleit s’inspire entre autres des travaux de la féministe étasunienne Kate Millet (Sexual politics. La politique du mâle, 1970), qui porte sur des auteurs étasuniens plus mainstream, voire admirés par la gauche.
[10] Voir son article : « La collapsologie : un discours réactionnaire ? » paru dans Libération : https://www.liberation.fr/debats/2018/11/07/la-collapsologie-un-discours-reactionnaire_1690596
https://lundi.am/La-virilite-au-coeur-de-la-sensibilite-et-du-probleme-fasciste
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