Durée de lecture : 4 minutes 27 novembre 2019 / Bizi
L’association basque Bizi appelle ses adhérents à rejoindre la mobilisation contre la réforme des retraites du 5 décembre au nom de la défense de notre modèle de protection sociale et de solidarité mais aussi pour des raisons écologistes. Ce qu’elle explique dans cette tribune.
L’association Bizi a été fondée en 2007 à Bayonne. Elle s’intéresse autant aux questions sociales qu’à l’écologie.
Le jeudi 5 décembre s’annonce d’ores et déjà comme un moment clef pour faire barrage à l’offensive du gouvernement contre le modèle social en vigueur depuis 1945. Une mobilisation d’ampleur se prépare à l’occasion de cette grève inter-pro contre la réforme des retraites. Bizi appelle ses militant.e.s et sympathisant.e.s à y participer pleinement, pour défendre notre modèle de protection sociale et de solidarité, mais également pour ne pas laisser cette réforme aggraver les crises climatique et écologique.
Nous manifesterons ce 5 décembre pour dire stop à cette triple offensive néolibérale que nous subissons aujourd’hui de plein fouet :
- la réforme brutale du calcul de l’assurance chômage plonge des centaines de milliers de personnes dans une pauvreté encore plus forte. En même temps, elle fragilise la situation des salariés face aux patrons, en renforçant la crainte de perdre son travail. Elle pousse ainsi à accepter de futures dégradations des niveaux de salaire et des conditions de travail ;
- la baisse non compensée de certaines cotisations sociales, le refus d’en augmenter d’autres, provoque un déficit de la Sécurité sociale artificiellement créé par le gouvernement. Cela permet de justifier la baisse des prestations, la dégradation inexorable de l’Hôpital public et de favoriser ainsi les systèmes privés d’assurance ou de santé ;
- la réforme de la retraite individuelle — ne l’appelons pas universelle — à points aura deux conséquences : en mettant en place un système, non plus à prestations définies mais à cotisations définies, elle fera automatiquement baisser le niveau des retraites notamment pour les populations les plus précarisées, victimes du chômage ou du temps partiel pendant une partie de leur carrière. En refusant de toucher au niveau des cotisations retraite, et en figeant un pourcentage de la dépense des retraites par rapport au PIB, on fait là aussi baisser les prestations des retraites en même temps qu’on pousse les gens à travailler plus longtemps. Là également, cette réforme attaque le principe de solidarité et de protection sociale publique et vise à faire glisser notre société vers le principe de l’individualisme à tout crin et les systèmes privés de protection sociale. Cela engraissera encore plus les fonds de pension et compagnies d’assurance privées sur le dos des majorités les moins riches de la population.
Si l’on fait travailler plus longtemps la population sans vouloir augmenter le chômage de masse actuel, cela ne peut se faire que d’une manière : en produisant plus !
En plus de précariser encore davantage les personnes les plus fragiles aggravant ainsi les injustices sociales, cette réforme des retraites s’inscrit en outre dans une logique d’aggravation de la crise écologique et climatique. Comme le revendiquait le Premier ministre lui-même jeudi 21 novembre sur France Inter, il faudra « travailler plus longtemps dans la vie, progressivement, mais travailler plus longtemps, soit par la durée de cotisations, soit par une mesure d’âge (…) Il faut dire aux Français, clairement, tranquillement, le faire progressivement, que nous allons travailler plus longtemps ».
Mais, si l’on fait travailler plus longtemps la population sans vouloir augmenter le chômage de masse actuel, cela ne peut se faire que d’une manière : en produisant plus ! Produire plus signifie tout simplement extraire plus de ressources de la planète, brûler plus d’énergies non renouvelables et rejeter plus de déchets et de gaz à effet de serre réchauffant l’atmosphère et les océans. Or, le jour du dépassement de notre empreinte écologique est atteint chaque année plus tôt aggravant les grands déséquilibres et notre dette écologique envers nos enfants, le pic de nombreuses matières premières et ressources non renouvelables est bientôt atteint, nous assistons à la sixième extinction de masse des espèces et nous frôlons des seuils irréversibles de changement climatique.
Comment, dans une telle situation, accepter des logiques et des prétendues solutions ne pouvant qu’aggraver et accélérer la catastrophe en cours ? Comment accepter de scier plus longtemps et plus vite la branche sur laquelle l’humanité est assise ?
Il nous faut réagir aujourd’hui, cette bataille est gagnable !
Bien d’autres logiques et solutions existent. Partage du travail et des richesses, développement des liens, de la culture et du soin plus que des biens et de la consommation ostentatoire, lutte contre l’obsolescence programmée, démarchandisation de nombreuses activités, renforcement des systèmes de solidarité et gestion collective des biens communs, etc. C’est sur ces rails là qu’il faut guider les évolutions de notre système de santé, d’assurance chômage et de retraite, pas sur ceux nous menant tout droit vers un monde à la Mad Max !
Il nous faut réagir aujourd’hui, cette bataille est gagnable !
De plus en plus de monde se mobilise pour défendre la solidarité et la
justice sociale ou pour réagir à l’urgence écologique et climatique.
Ensemble, nous pouvons stopper cette nouvelle offensive antisociale et
antiécologique du gouvernement. C’est le moment !
Source : Courriel à Reporterre
Photo :
. chapô : marche climat du 8 décembre 2018 à Bayonne. © Chloé Rébillard/Reporterre
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