LA LUTTE FINALE

de : Nemo3637
jeudi 14 novembre 2019 – 20h36 –

Le mécontentement contre l’Exécutif s’amplifie, se radicalise, se transforme en colère déterminée. Les appels à la mobilisation se multiplient et l’on arrive peut-être enfin, comme ailleurs dans le monde, à une lutte unitaire qui pourrait être décisive. Ce qui signifie non seulement le départ de Macron mais une critique radicale du capitalisme et l’instauration d’un autre type de société.

I. UN COMBAT inévitable

Face aux attaques du gouvernement contre les acquis sociaux, la lutte devient indispensable, vitale.

La « réforme » libérale macronienne nous conduit à une misère encore mal perçue. Dans un premier temps, endiguer le flot de ces attaques qui font partie du projet néo-libéral, est l’objectif, compris de mieux en mieux par l’ensemble de la population .

Tout le monde comprend qu’il s’agit pour les capitalistes de pressurer le Peuple au maximum pour tenter de préserver les profits. Car selon la vision libérale absurde du « ruissellement » leur enrichissement profiterait à l’ensemble de la population.

La réforme des retraites de Macron

Il est bien clair que la manœuvre consite ici, au nom de considérations budgétaires, à diminuer le montant des retraites. Mais conscient de l’impopularité d’une telle mesure, dans la crainte d’une riposte de l’ampleur de celle des Gilets Jaunes, l’Exécutif reste prudent.

La seule hypothèse d’une confiscation des caisses de retraites de certaines professions, comme celle des avocats, représente déjà une stupide provocation. Relativement à ses promesses de « réformes » Macron cependant, ne peut que difficilement reculer. Tout dépend de la riposte…

Budget

Tout en se préparant à l’affrontement, comme à son habitude, le gouvernement, pour gagner du temps, tente toutes les mystifications imaginables.Ainsi en a t-il été du « grand débat national ». Et il en est de même d’un fumeux système de retraite à points, prétendumment égalitaire. Un tel projet, dont la réalisation mettrait des années, n’a pas été sérieusement planifié et reste un mirage.

Plus réaliste, pour ceux qui veulent diminuer les retraites, serait un simple allongement de la durée de cotisations. Dans la foulée, les « régimes spéciaux » devraient être sinon annulés, pour le moins affaiblis, et ce, bien sûr, au nom de l’Egalité.

Arrêtons nous ici. Car l’essentiel dans un schéma classique, dépend de l’assiette des cotisations, de la gestion du système – par qui ? par l’Etat ? par les « partenaires sociaux ? » et leurs caisses comme aujourd’hui. ?.. – , du montant du budget que l’on entend consacrer aux retraites, et donc des sources de financement.

Le système fonctionne sur les cotisants. Si le nombre de ceux-ci décroît comme c’est le cas aujourd’hui, de par le chômage, par la diminution promise du nombre de travailleurs du fait de la mécanisation, des progrès technologiques – le capital fixe – , ledit système serait de toutes façons promis à la faillite. Notons bien au passage, que la productivité des travailleurs d’aujourd’hui est démesurément plus grande qu’il y a trente ou cinquante ans. La richesse qui profite aux capitalistes, produite par un plus petit nombre, est bien plus grande que dans le passé …

C’est donc sur l’argent public, sur l’impôt, ou un nouveau calcul des cotisations, que doit se constituer une nouvelle assiette.

Arnaques

Or ce n’est absolument pas la voie tracé par les libéraux, les capitalistes qui dirigent l’Union Européenne, et qui, tout au contraire, veulent justement faire diminuer le plus possible la contribution des entreprises privées. Et, en ce sens, il faut « gratter » tant que l’on peut et où l’on peut. Tout est bon pour détourner l’argent des fonds publics. Ainsi « depuis 2013, plus de 100 milliards d’euros de Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) ont été alloués aux entreprises. Dernièrement, un article paru dans Libération mettait en lumière qu’une partie des sommes empochées par le groupe Michelin pour conserver ou créer des emplois, lui avait servi à délocaliser sa production à l’étranger. » (1).

Les laboratoires pharmaceutiques, les cliniques privées, entre autres, creusent le déficit de la Sécurité Sociale.

La cour des Comptes, ces dernières années, a montré que nombre de taxes devant être versés à la SS, nel’ont jamais été :

1/ Les taxes sur le tabac. Ne sont pas reversées – représentent 7,8 milliards d’Euros.

2/ Les taxes sur l’alcool – Ne sont pas reversées – 3,5 milliards d’Euros

3/ Les Primes d’assurances automobiles – Ne sont pas reversées – 1,6 milliard d’Euros

4/ Les taxes sur les industries polluantes – Ne sont pas reversées – 1,2 milliard d’Euros

5/ La part de la TVA – n’est pas reversée – 2,0 milliards d’Euros

6/ Retard de paiement par les entreprises – Ne sont pas reversés – 1,9 milliard

En soustrayant le total des taxes, au prétendu « trou », nous avons donc un excédent de 9 milliards d’Euros. (2)

Si la révolte qui s’annonce débouche sur la victoire, sur le recul du gouvernement, nous devons imposer, dans un premier temps, une confiscation des dividendes des grands actionnaires – quelques 5 milliards de profits pour 2018 – ce qui serait une première participation aux budgets de la protection sociale….

La diminution des indemnités chômage

Enonçant les mensonges les plus éhontés concernant un fabuleux retour au plein emploi, surfant sur les manipulations des chiffres du chômage (3), l’Exécutif décide donc de diminuer les prestations chômage.

« D’abord, les conditions d’accès se durcissent : désormais, il faut avoir travaillé pendant six mois sur vingt-quatre (au lieu de quatre sur vingt-huit) pour pouvoir prétendre à une prestation. 32 % des personnes qui auraient ouvert un droit si les textes étaient restés inchangés (soit environ 832 000 demandeurs d’emploi) pourraient être touchées. C’est une réforme inique tournée contre les précaires.

Car le durcissement des règles va pénaliser en priorité ceux qui sont déjà les plus précaires et notamment les femmes, beaucoup plus nombreuses (56 %) que les hommes à cumuler leur chômage avec une activité réduite, c’est-à-dire à être répertoriées dans les catégories B et C de Pôle emploi… justement dans le viseur de la réforme du gouvernement. » (4)

Beaucoup de jeunes et de moins jeunes, travaillant en CDD, situation que connait une majorité de salariés aujourd’hui, vont se retrouver dans la misère la plus noire, dans l’impossibilité de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires, comme celui du logement. L’horrible tentative de suicide de ce jeune étudiant lyonnais est la sinistre illustration du désarroi de nombre de précaires privés de ressources (5).

Mais là comme ailleurs, nous pouvons faire reculer le gouvernement, mettre en place à terme, une autre politique. Car de l’argent, répétons le, il y en a !

II. URGENCES SOCIALES

Reconstruire le système de santé

C’est un véritable démantèlement du système de santé qui a été entrepris ces dernières années. Les urgentistes, débordés, ne représentent qu’un aspect d’une misère programmée. Ainsi la ministre de la Santé, , avait fixé dans une circulaire le niveau des économies à réaliser en 2018, dans les établissements de santé, à 1,6 milliards d’euros, « dont 960 millions pesant directement sur le budget des hôpitaux. Concrètement, décrypte le président de la Fédération hospitalière de France, Frédéric Valletoux, « c’est comme si on nous demandait de supprimer 15 000 emplois » (6)

Depuis, face aux grèves, à la menace d’une explosion sociale, le gouvernement semble reculer pas à pas, obligé de « lâcher du lest », sans qu’on sache vraiment quelle réalité l’on peut attribuer à ses annonces et déclarations . Son seul crédo, pour ne pas lâcher un kopeck, est : « réorganisation ». Il devrait ajouter : « … de la pénurie » !

Là encore seule la pression populaire qui pourra influencer la politique de santé.

Urgent ! Chacun doit être conscient du péril grandissant que l’on fait courir à chacun d’entre nous et à nos proches.

Et une nouvelle fois on allègue des difficultés budgétaires.« Il n’ y a pas d’argent ! » serine ainsi l’ancienne ministre de droite Roselyne Bachelot, devenue irrésistible fantaisiste à la télévision…

« Quelle hypocrisie ! Et surtout quelle arrogance de la part d’un gouvernement qui distribue depuis un an les milliards aux très fortunés (suppression de l’ISF, de la taxe sur les transactions financières, instauration du prélèvement forfaitaire unique…) et serre la vis pour le plus grand nombre.

Il faut faire 960 millions d’économies à l’hôpital ? Il n’y a pas à chercher bien loin pour les trouver : c’est à peu de choses près ce qu’a rapporté l’exit tax en 2017… » (6)

Etablissements fermés ou promis à la fermeture, lits supprimés, bâtiments et matériels en déshérence…

Différents collectifs, de médecins, des personnels de santé se sont créés, chiffrant les besoins, dénonçant le « soupoudrage » de la ministre de la Santé, évoquant l’insuffisance d’une dernière annonce d’un plan de 250 millions d’euros (7).

Peut-on compter sur les politiciens ? Doit-on se jeter dans les bras de l’extrème-droite ?

La solution ne réside t-elle pas plutôt à une prise en mains responsable par les travailleurs eux-mêmes de toutes les productions, de tous les services, et ce en relation directe avec les consommateurs, les patients, ceux que l’on a rabaissés souvent au rang de clients ? Satisfaire les besoins et non pas faire du profit…

Supprimer la pauvreté

La dramatique tentative de suicide de cet étudiant lyonnais nous rappelle qu’une grande partie de la jeunesse étudiante survie dans la misère, sans ressources et aussi sans soins.

Et malheureusement il n’y a pas que les étudiants qui soient pauvres ! Nombre de jeunes et de moins jeunes, condamnés à la précarité, n’arrivent même plus à se nourrir convenablement. Trouver un emploi ? Il y a certes du travail, notamment dans le domaine social, des besoins à satisfaire. Mais ce travail social, dans l’optique du capitalisme, ne rapporte rien et ne bénéficie donc pas, à moins de profits à court terme, des investissement nécessaires. On n’embauche pas faute de crédits.

Assurer à chacun les moyens de vivre moyennant une participation et une contribution à la production de biens pour tous, doit être bien sûr l’un de nos objectifs. Une économie de proximité, basée sur de nouvelles relations sociales permettra de mettre fin à la misère promise partout par le capitalisme.

III. DECHOUKER MACRON

Nous savons bien que Macron n’est qu’un pantin aux mains de la Finance Internationale qui dirige aujourd’hui le monde. En elle-même sa destitution sera insuffisante pour signer un changement de politique. Néanmoins on peut espérer raisonnablement qu’il s’agit là d’un coup de semonce nécessaire pour ébranler tout le système, propice pour établir les jalons de cette société libertaire, non productiviste, écologique, à laquelle nous rêvons tous.

Un monde en crise

L’argument de poids des insurgés d’aujourd’hui réside dans l’absence de perspective pour le capitalisme. Au risque de nous répéter, voilà ce que nous écrivions encore récemment :

« Bien que le krach financier de 2008 ait été un clair symptome de la profonde crise qui gangréne le système économique, le capitalisme dans son essence même, celle-ci était toujours niée par certains, plusieurs années après. En réalité on ne fit que s’adapter à un rétrécissement, à s’accomoder de la spéculation financière, seule « perspective économique ». Les néo-libéraux s’y adaptaient avec pragmatisme, incapables désormais d’analyses sérieuses sur les causes de l’agonie. Les keynésiens qui rassemblaient sans véritable espoir ce qui restait d’une gauche viscéralement réformiste, misaient sur une chimérique relance de la consommation. En vérité les uns ou les autres ne pouvaient concevoir la fin du système capitaliste » (L’Effondrement tranquille – Bellaciao, le 28/10/2019)

Le temps de l’affrontement

Avec le temps le bilan de Macron s’alourdit.

Les violences des forces de l’ordre, à l’occasion des manifestations de Gilets Jaunes, inédites jusqu’à présent en Europe, condamnées par les instances internationales (8) ont durablement souillé son mandat, entamé encore plus sa légitimité de mal élu. Considérant ces exactions, il semble logique qu’à terme ’il rende des comptes devant la Justice

Face au difficultés, à la révolte qui gronde, sans moyens, entouré par des sbires plus que par des ministres, il ne resterait que la matraque. Cette « matraque française » employée à présent par tous les dictateurs et gouvernants au prise avec leur peuple…

Saturer l’espace public par des discours claironnés et repris en choeur par des médias serviles, monologuer à travers un grand Bla-bla National, dont on ne parle plus, tenter de divertir par une logorrhée de déclarations de bonnes intentions… C’est-à-dire mettre surtout en place une stratégie de la diversion.

Le gouvernement Macron brille par son indécision et l’inconsistance de ses mesures.

L’extrème-droite, épouvantail utile.

L’objectif est sans nul doute, de mettre en avant le Rassemblement National – dont on connait bien en haut lieu la vacuité et l’absence de perspectives cohérentes -, d’en faire le principal opposant, afin de mieux s’assurer des prochaines victoires électorales.

Jouer avec l’extrème-droite et les fascistes, sous prétexte de les affronter, en présentant le libéralisme comme la moins mauvaise solution, conduit tout droit à de sinistres issues dont l’Histoire nous a montré les exemples, à une instabilité dont pourtant personne ne veut à priori.

Restait l’opposition de la droite parlementaire. Mais celle-ci, bien qu’ayant dans ses rangs de vieux briscards rodés, se désagrège inexorablement. Nous ne sommes pas ici pour donner des conseils à des ennemis, pour leur tendre la perche qu’ils ne voient pas. Mais il est bien évident qu’une crise politique violente aurait pu favoriser, dans un premier temps, la prise du pouvoir en douceur d’un de ces conservateurs rondouillards et rassurants. Il est sans doute trop tard pour eux et tant mieux !

Le piège du communautarisme

Exacerber en sous main le communautarisme, pour diviser, pour se présenter ensuite en arbitre, en chevalier blanc capable de mettre fin « aux abus de l’immigration »…. ça, n’est-ce pas, c’est pour Bibi-clin-d’oeil-et-tape-dans-le- dos !

Vacuité sur le plan international

Sur le plan diplomatique, même si Macron a sans doute fait signer récemment quelques contrats juteux avec la Chine (des calendos et du parfum ?…), la place de la France est insignifiante. Face à la guerre économique engagée par Trump, le jeune président français se fait gentiment rajuster son costume par l’Américain qui le trouve bien sympathique. En fait il n’a rien à répondre, ne pouvant s’appuyer sur l’Union Européenne, sur une Allemagne avec qui les désaccords surgissent. Qu’il est loin le temps où, arrogant, il se voyait à la tête de l’Europe !

Absence d’une politique environnementale cohérente.

Aux carences déjà évoquées – la liste est évidemment loin d’être exhaustive – ajoutons une politique environnementale sans envergure, ne respectant même pas les Accords de Paris dont la France se gargarisait.

L’agriculture représente un secteur fondamental qui lui aussi doit servir au mieux-être de tous et non pas rester, en nous intoxiquant, prisonnier d’une quête de profit impossible. Des agriculteurs meurent presque chaque jour. Suicides, maladies… Jouet de la concurrence, l’endettement, la Finance les asservit. Doit-on se résigner ? Honneur à ceux qui résistent.

Quel intérêt avons-nous à garder ce nuisible ?

Tous en grève, unis et dans la rue le 5 décembre, et même avant !

Construisons une société autogestionnaire au service du Peuple !

(1) « Ces entreprises qui empochent les milliards du CICE en licenciant », Stéphane Ortega, sur son blog médiapart, 06/11/2019

(2) « Le trou de la Sécurité Sociale est un trou « fictif », Nicole Cheverney, AgoraVox, 06/12/2016.

(3) Les chiffres du chômage ne nous montrent qu’une réalité déformée où les « travailleurs pauvres », salarié à temps partiel, ubérisés, ou CDD, ne sont pas représentés.

(4)« la réforme de l’assurance chômage entre en vigueur le 1er novembre » site de la cgt. 31/10/2019

(5) Selon une étude commandée par la MGEN, une majorité d’étudiants ne parviendrait pas à manger à leur faim… Le gouvernement minimise leur situation de misère en insistant sur le faible côut relatif des études. Il omet de dire, bien sûr, que c’est le logement qui grève le plus, à près de 70% en moyenne, le budget de l’étudiant…

(6) Fabien Roussel, député de la 20e circonscription du Nord, sur son site le 18/05/2019

(7) « Nancy Tardres, infirmière au sein du service d’urgences de Saint-André, participera aussi à la grève et à la manifestation. Dans son service, en grève depuis mai, un protocole d’accord avec la direction a été signé en octobre. Le texte prévoit notamment la création d’un poste d’infirmier.e supplémentaire pour surveiller les patients qui se trouvent dans la « zone tampon » des urgences, en attente d’une prise en charge, d’un acte ou d’un lit disponible. « La grève locale est terminée mais les revendications au niveau nationale sont toujours d’actualité et sont valables pour tous les personnels des hôpitaux », souligne-t-elle, en citant par exemple la demande d’une prime de 300 euros. « Les étages prennent conscience que nos revendications s’appliquent à tout le monde ». »Les différentes annonces de Mme Buzyn n’ont pas été à la hauteur » juge-t-elle. Au niveau national et local, des collectifs inter-hôpitaux sont en cours de création, à l’image des collectifs inter-urgences. »

Par AR, publié sur le site de France Info le 13/11/2019.

(8) « Le journaliste David Dufresne dénombre, au 5 juillet 2019, 1 décès, 314 blessures à la tête, 24 éborgnés et 5 mains arrachées. Amnistie Internationale, l’ONU et le Haut Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l4europe s’inquiètent d’un « usage excessif de la force » contre les Gilets jaunes. » « Violences policières en France » sur le site Wikipedia

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article162605

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