samedi 5 octobre 2019, par OCL Reims
Le 26 octobre 2019, mobilisation générale pour la terre sur la ZAD face aux exploitants cumulards et à l’administration complaisante de la CDOA.
Les projets d’installation agricole sur la ZAD
de Notre Dame des Landes continuent à se heurter aux appétits des
exploitants cumulards : ceux qui n’ont pas résisté au projet de
bétonnage des terres mais qui ont quand même doublé la superficie de
leurs terres sur la ZAD : en compensation et en baux précaires en
attente du chantier. Ces 60 hectares qui, selon les règlements officiels
en cours, devaient plutôt être affectés à de nouveaux exploitants en
manque de surfaces pour la viabilité de leurs projets, pourraient être
ré-attribuées contre toute attente à des fermes déjà très étendues,
pratiquant l’agro-industrie : bocage, mares, flore et faune
deviendraient rapidement des souvenirs.
La CDOA (Commission Départementale d’Orientation de l’Agriculture, qui
valide ou non les signatures de baux agricoles et les droits
d’exploitation selon des critères gouvernementaux.. et aussi quelques
complaisances) du 17 septembre dernier à Nantes a décidé prudemment de
repousser de quelques semaines toute décision, face au rassemblement
(COPAIN 44, habitants, naturalistes, Poursuivre ensemble NDDL) de 200
personnes et quelques tracteurs, venus exiger une simple application des
directives agricoles. Au même moment sur la ZAD, un incendie se
déclenchait sur une prairie exploitée par des habitants de la ZAD,
mitoyenne d’une parcelle disputée. Une parcelle de bois brûlait
également, rappelant un autre incendie d’une haie bocagère survenu au
printemps. Une occupation militaire casquée ne serait plus à craindre
mais plutôt des escarmouches et la terre brûlée..?
Le mouvement a d’ores et déjà annoncé qu’il appliquerait lui-même les
répartitions légitimes, quelque soit la décision de la CDOA. Il donne
rendez-vous sur le terrain le 26 octobre pour passer à l’action. À
suivre
Rencontres, constructions et activités
Avant cela, début juillet, la deuxième édition du festival « ZAD En
Vie » a vu quelques 2000 participant-e-s passer sur trois jours avec
débats, stands d’infos et concerts, dans une ambiance plus sereine et
conviviale qu’en 2018. L’association Poursuivre Ensemble NDDL, qui a
pris la place de feu l’ACIPA, joue le jeu. Certaines figures
« médiatiques » semblent tentées par un come back, en voyant le rebond
de la lutte après l’abandon du projet d’aéroport vers de nouveaux
objectifs comme l’expérimentation de nouveaux modèles de cultures,
d’artisanats, d’auto-construction et d’organisation commune. Dans la
période d’incertitudes, de reculs sociaux et de questionnements
généralisés, ouverte par l’effervescence sociale actuelle (Gilets
Jaunes), une nouvelle crise économique possible (Brexit, guerre
Iran-USA,..) et le pessimisme climatique (les forêts en feu, les
banquises fondues,…), la ZAD constitue un début de réponse possible
aux impasses urbaines (présentation des différents projets sur le site :
https://encommun.eco
) ; certains gilets jaunes, après des discussions informelles lors du
contre-G7 au Pays Basque, comptent bien venir « toucher du doigt » cet
espace collectif et complexe, multiple et vivant, qui déjoue pour le
moment les pronostics et autres critiques définitives.
Cet été, la ZAD a aussi accueilli le camp Transborder : près de 500
personnes d’Europe et d’Afrique ont échangé autour de la solidarité avec
les exilé-e-s sur terre et sur mer. Des réflexions en groupes de
travail ont notamment abordé la criminalisation de la solidarité en
Méditerranée. Des « alarm phones » sont mis en place, pour fournir
assistance, précautions à prendre et aide, en mer mais aussi dans le
désert. Une prochaine édition pourrait se tenir en Afrique (obtention de
visas plus facile pour les européen-ne-s), mais la ZAD a démontré sa
capacité en espace et logistique pour constituer un carrefour des
luttes.
Actuellement la ZAD recommence à attirer de nouveaux habitants
intéressés justement par les expériences d’installation à moyen et long
terme, par la participation à des projets collectifs de production et de
transformation hors des logiques marchandes. Les préoccupations
climatiques de la jeunesse, très médiatisées au point qu’elles servent
forcément un secteur du capitalisme, peuvent y trouver une autre façon
de résister. Les prochains mois pourraient nous indiquer si cette
rencontre fait mouche.
Nantes le 26/09/19
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