Deux nouveautés En librairie à partir du 10 novembre Ou directement à Acratie – l’Essart 86310 La Bussière (Port compris)
jeudi 8 novembre 2018, par
A bas le patriarcat !
Un regard communiste libertaire,
Vanina (104 p., 10 €)
Dans les années 70, les femmes en mouvement ont ébranlé toute la société française car, en luttant pour arracher au pouvoir le droit à disposer de leur corps, elles remettaient en cause les fondements mêmes de cette société : l’idéologie et les institutions patriarcales – l’Etat (avec l’école, la justice, l’armée) et l’Eglise, mais aussi le couple et la famille. Malheureusement, la parole féministe s’est ensuite réduite aux milieux universitaires travaillant sur le genre et à quelques groupes militants.
Jusqu’à l’automne dernier, où une protestation massive contre le harcèlement sexuel que subissent au quotidien les femmes dans leur activité professionnelle et dans la rue est partie des Etats-Unis pour se propager en France par le biais des médias et des réseaux sociaux, replaçant sur le devant de la scène la question de la domination masculine.
Cette dénonciation n’était pas portée par une mobilisation militante s’affirmant dans la rue sur des mots d’ordre précis. Elle exprimait de façon spontanée, pour l’essentiel sur Internet, un ras-le-bol des violences sexuelles et sexistes, et restait centrée sur les agressions dans l’espace public. Un choix a priori étonnant, puisque c’est dans l’espace privé que se déroulent la plupart des actes les plus graves (les viols et les « féminicides »). Mais un choix qui tient à une nouvelle priorité, pour des femmes appartenant surtout aux classes moyennes et supérieures : obtenir de l’Etat une répression accrue du harcèlement sexuel sur leur lieu de travail, dans l’espoir de s’y trouver ainsi à égalité avec les hommes et de pouvoir mieux s’intégrer à la société existante.
Les discriminations et les violences faites aux femmes en général découlent pourtant toujours des rôles sociaux imposés dès la naissance aux deux sexes par le système patriarcal, pour le plus grand profit du système capitaliste – une réalité qui devrait les inciter à viser la rupture avec l’ordre établi plutôt que son renforcement.
La Chine en grèves
Hao REN, Zhongjin LI et Eli FRIEDMAN
260 pages – 15 euros
En 2016, le nombre des travailleurs migrants ayant quitté la campagne pour être embauchés en ville, le plus souvent dans une précarité semi-légale, était estimé à 281 millions. Ce phénomène a été le plus fort dans le Delta de la Rivière des Perles (Guangdong) dont l’industrialisation a été le terreau de luttes ouvrières, y compris dans les usines les plus modernes de l’ « atelier du monde ». Ce sont ces luttes qui sont le sujet de Chine en grève, recueil d’entretiens avec des ouvrières et des ouvriers relatant leurs luttes entre 2002 et 2010.
La parole est prise par ceux qui luttent dans un décor dantesque et dont la compréhension de leur condition s’élabore collectivement. Comment est organisée l’usine, quelles sont les périodes les plus favorables pour désorganiser la production, comment minimiser les effets de la répres- ion, voilà entre autres choses ce qu’apprennent les ouvriers à l’école pratique de la lutte auto- nome.
Les auteurs s’informent dans chaque entretien de la composition de classe des différentes usines, de l’organisation des ateliers, des salaires pratiqués, des marchandises produites, de l’ori- gine des capitaux et de la direction. Ceci est l’occasion pour les ouvriers de formaliser leurs réflexions sur leurs luttes et sur le système de production en partant de la réalité de l’usine. Au lecteur, l’assemblage des différents récits permet de se familiariser avec une réalité ouvrière diverse loin des images d’Épinal. Les témoignages de ces prolétaires qui ont compris, à l’autre bout du monde, qu’ils ne devaient compter que sur leurs propres forces sont une bouffée d’air frais pour les tenants de l’autonomie ouvrière.
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