Éditorial
Le journal l’Opinion vient de l’annoncer, et cela a été repris et commenté par les autres médias, Emmanuel Macron, Président de la République, entend modifier profondément la loi de 1905. Il entend ainsi mettre en place des critères de reconnaissances publiques des cultes. Tel culte serait bon, tel culte serait mauvais. Plus d’un tiers de la loi de Séparation des Églises et de l’État serait ainsi modifié, voire supprimé.
Le prétexte en est l’Islam pour mieux contrôler les musulmans dans le pays, comme au bon vieux temps des colonies. La réalité, ce sont des privilèges accordés à l’Église catholique qui sera la première bénéficiaire de l’opération-destruction de la loi de Séparation.
Une reconnaissance publique des cultes, cela porte un nom : le Concordat. Or, la République, depuis 1905, ne reconnaît aucun culte. Elle n’a pas à établir lequel est un bon culte, et l’autre pas. Avec cette « reconnaissance », des avantages fiscaux seront proposés pour inciter les cultes « reconnus » à être dociles et bien dans la ligne du pouvoir. C’est bien la vision du bonapartisme le plus clérical qui arrive à nouveau sur le devant de la scène.
Benoitement, la communication de l’Élysée indique que la loi de 1905 a déjà été modifiée plusieurs fois. Derrière le Bénédictin, il y a toujours le Jésuite. La vérité est qu’après le vote de la loi, il y a eu quelques ajustements nécessaires dans sa mise en œuvre. Mais ces « ajustements » ne remettaient pas en cause le principe de Séparation des Églises et de l’État. Ce n’étaient que des ajustements à la marge.
Il n’y a eu qu’une seule modification profonde de la loi de 1905, c’était le 25 décembre 1942 où le Régime de Vichy du futur-ex-maréchal Pétain a fait un cadeau royal à l’Église en lui redonnant la capacité (interdite en 1905) civile et testamentaire pour recevoir des dons et des legs défiscalisées et en permettant le financement public des travaux dans les bâtiments religieux. Les dispositions annoncées par Emmanuel Macron sont du même ordre. Une mesure proposée avait déjà été retoquée par le Parlement il y a quelques temps sur la possibilité pour les religions de profiter financièrement de biens immobiliers.
On comprend pourquoi, il n’a jamais voulu recevoir la Libre Pensée qui voulait le questionner sur le devenir de la loi de 1905. A l’ombre des sacristies se préparait la forfaiture de la « réparation du lien avec l’Église » (Discours aux Bernardins).
Emmanuel Macron, c’est Bonaparte additionné à Pétain :
Tout cela ne peut déboucher que sur Waterloo et Vichy !
La France laïque et la Libre Pensée ne laisseront pas faire cette infamie antilaïque. D’ores et déjà, la Fédération nationale de la Libre Pensée indique qu’elle utilisera tous les moyens pour torpiller cette offensive cléricale, y compris sur le terrain juridique où elle a quelques expériences. La vie l’a montré.
La Libre Pensée appelle les laïques et leurs associations, les démocrates et les républicains, le mouvement ouvrier et syndical à s’unir contre cette forfaiture. Elle les appelle à s’associer aux rassemblements laïques devant toutes les préfectures les 8 et 9 décembre 2018. Première étape de la mobilisation laïque.
Ne touchez pas à la loi de 1905 !
Paris, le 6 novembre 2018
photo 3 extraite du reportage de la chaîne KTO (youtube)
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