Nous publions ici un court reportage donnant la parole à des membres du MGRK précédé d’une mise au point sur la situation et d’un communiqué de presse du MGRK qui précise sa volonté d’indépendance et son opposition au référundum.
Ici, l’État français est déjà destitué car c’est la « Koutume » qui régit la vie. L’indépendance de la Kanaky ne se jouera pas le 4 novembre après la « consultation » référendaire organisée par l’État colonial. Le vote est une hérésie aux droits des peuples indigènes. Après les massacres, l’évangélisation, le viol de la terre pour en extraire le nickel et une politique de colonisation par le peuplement, l’État français, vêtu de son costume de modernité, poursuit ses attaques. Le peuple kanak se défend, résiste et s’organise.
La Nouvelle Calédonie, colonie française, terre occupée depuis 165 ans, sera soumise le 4 novembre à une « consultation » référendaire : souhaite-t -elle ou non sa pleine souveraineté, en d’autres mots son indépendance ?
Après une politique de peuplement qui a rendu le peuple kanak minoritaire, la farce du jeu des urnes est ici sans complexe.
En rentrant dans la politique institutionnelle des accords de Matignon dans les années 90, les mouvements d’émancipation du peuple kanak ont dû en accepter les règles : partis politiques, syndicats, loi 1901, Sénat Coutumier, développement industriel. Mais Alexandre Bwaa, président du MGRK nous dit : « …pour diviser le kanak il faut le politiser ».
Le MGRK refuse « le système centralisé multi-partis » car il vide de sa substance vitale le peuple kanak, qui, comme pour l’ensemble des peuples premiers océaniens, puisait jusqu’ici sa force dans la Koutume. La Koutume résume l’Esprit Kanak, sa forme d’organisation et sa vision du monde, horizontale, verticale, communautaire, spirituelle et liée à la terre. La Koutume organise le monde océanien depuis la nuit des temps. C’est cette forme de vie que les contestataires koutumiers indépendantistes entendent remettre sur pied, et ils proposent une sortie pure et simple des institutions françaises.
Ces dernières semaines, des actions sont menées sur la Grande Terre : des marches, des blocages, dont celui du luxueux hôtel Sheraton ou de la mine de Tiébaghi (principale mine de la SLN : Société Le Nickel), et l’on peut sentir qu’en marge de la politique institutionnelle, des paroles et des gestes veulent se faire entendre et signifier.
Aujourd’hui, le MRGK tente de rassembler les différentes forces coutumières à travers le pays, et s’est doté de l’appui diplomatique du Vanuatu et des pays non-alignés pour déposer une déclaration d’indépendance à l’ONU. Le Vanuatu soutient son « pays frère de Mélanésie », ayant lui-même accédé à son indépendance en 1980 par la voix coutumière, en refusant un referendum. À l’époque, Walter Lini, premier ministre vanuatais disait : « je ne considère pas le Vanuatu comme réellement indépendant tant que la Calédonie ne sera pas elle-même indépendante. ».
À quelques jours du 4 novembre 2018, le MGRK appelle à son tour à une non participation au vote, et à l’accession directe à l’indépendance, par la reconnaissance d’un État Koutumier Kanak.
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