par Mireille et Daniel Pinos
Depuis 2011 et la naissance du mouvement des Indignés, le mouvement libertaire catalan ne cesse de croître à travers de nouvelles assemblées de quartiers, de nouvelles organisations, de nouvelles sections syndicales, d’ateneos (centres culturels), de groupes de femmes, de squats, de fêtes populaires, chaque jour avec une plus grande capacité de mobilisation qu’auparavant.
Pour une partie du mouvement libertaire, le processus actuel d’indépendance couvre tous les aspects de la politique quotidienne en Catalogne. Malgré cela, l’offensive néo-libérale est patente, nous avons voulu savoir, à travers plusieurs entretiens et rencontres, si ces luttes sociales se sont accentuées ou si elles ont stagné en raison de la question nationale et du processus d’indépendance. Nous avons cherché à comprendre si sur le champ de la mobilisation et de la construction d’alternatives politiques, une collaboration avec des organisations de gauche et d’extrême-gauche indépendantistes pouvait conduire à des alliances tactiques et si un projet émancipateur commun pouvait être envisagé.
Pour une autre partie du mouvement libertaire, la brutale agression policière perpétrée le 1er octobre 2017 contre une partie de la population catalane, voulant participer à un référendum d’auto-détermination, rappelle que l’usage de la force fait partie de la définition même de l’État. Pour ces libertaires, il ne faut pas se montrer ingénus face aux stratégies élaborées par l’indépendantisme catalan. Ils et elles pensent que ces stratégies sont le choix d’une partie de la bourgeoisie régionale pour forger un nouvel État qui aura nécessairement les mêmes prérogatives que l’État monarchiste actuel. Il leur semble incompréhensible que des organisations libertaires se laissent entraîner dans cette lutte, ou qu’elles essaient de justifier la participation à cette lutte en recourant à l’argumentaire anarchiste. L’implication dans la lutte pour un nouvel État catalan n’a rien à voir avec l’anarchisme mais relève d’autres considérations. Nous les avons questionné à leur tour afin de comprendre leur positionnement.
Durant plusieurs jours et à travers différents entretiens, nous avons tenté de refléter les diverses sensibilités existant aujourd’hui au sein du mouvement libertaire catalan. Nos témoins sont des militants agissant sur différents terrains de lutte, anarcho-syndicalistes, militants d’ateneos et de quartiers, féministes, squatteurs, ils et elles nous permettent de comprendre les enjeux actuels et les perspectives qui s’ouvriront, après les élections régionales du 21 décembre, pour le mouvement indépendantiste.
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