paru dans lundimatin#112, le 4 septembre 2017
Si la lutte au Rojava est avant tout une guerre de territoire dans laquelle chaque bataille est un enjeu spatial en soi, la force des kurdes réside en partie dans la dimension internationale qu’ils ont su donner au conflit. Il ne s’agit pas seulement de belles paroles mais d’une réelle force qui a pu prendre part aux combats, notamment au travers du Bataillon International de Libération. Créé en 2015 sur le modèle des brigades internationales de 1936, cette brigade mixte se bat aux côtés de forces kurdes (comme les YPG) et contre l’État Islamique en particulier. Grâce à la présence de l’un de nos envoyés spéciaux sur place, nous avons pu faire parvenir une liste de question à l’une de ses commandantes, Ceren Günes.
lundimatin : Merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. Depuis combien de temps êtes-vous commandante du Bataillon International de Libération ?
Ceren Güneş : Tout d’abord c’est moi qui vous remercie. J’ai été commandante d’un bataillon de décembre à avril 2017.
LM : Pouvez-vous nous expliquer à quel moment vous avez ressenti le besoin d’organiser la venue de combattants étrangers ?
CG : Le Rojava est entré dans l’actualité mondiale après la grande et difficile résistance de Kobané. Avant cela l’attitude des forces impérialistes était de considérer qu’il était impossible d’arrêter et de bloquer Isis (l’État Islamique). La résistance et la grande guerre de Kobané ont montré à l’inverse la force des valeurs humaines. Et dans le monde entier chaque personne qui a cru et qui a défendu cela avec ses valeurs et sa conscience a contribué politiquement à la bataille : des personnes ont laissé leur maison et sont venues au Rojava, elles se sont investies en combattant et en défendant les peuples du Rojava. L’organisation collective est notre force, chaque personne qui vient ici est précieuse. En tant que révolutionnaires de Turquie, nous avons construit ce bataillon comme une pratique qui concrétise notre ligne idéologique, afin de faire grandir cette force et de renforcer l’esprit révolutionnaire.
LM : Qu’est ce qui a motivé la création de ce bataillon spécifique ?
CG : D’où tirons nous cette motivation ? Nous tirons notre force et notre motivation de l’histoire mondiale des révolutions, de l’histoire de l’existence des sociétés, de la guerre des révolutionnaires du monde entier contre le fascisme durant la seconde guerre mondiale, de la dignité et du courage de nos peuples. Pour une communiste et une internationaliste, les frontières, les langues, les nations ne sont pas des divisions, il s’agit de frontières artificielles. Nous ressentons les mêmes choses et où que nous nous trouvons nous nous battons et triomphons avec la même détermination, le même courage contre le fascisme et les oppresseurs.
LM : Ce bataillon sert à accueillir les volontaires pour le combat, y a-t-il une autre organisation pour recevoir ceux qui viennent pour faire autre chose ?
CG : Chaque personne qui veut se joindre à la révolution du Rojava et contribuer à la faire grandir peut rejoindre cette guerre, la force guerrière révolutionnaire se constitue sur la base du volontariat. Au Rojava, on peut être inclus dans n’importe quel domaine, dans chaque dimension requise pour les besoins de la guerre.
LM : Comment ce bataillon fonctionne pour accueillir et former les combattants étrangers ?
CG : Le bataillon est un bataillon mobile, c’est un groupe d’opération, un bataillon qui combat. C’est un bataillon qui tient sans arrêt des positions, qui prend place sur le front. Les camarades qui nous rejoignent viennent après avoir reçu une formation de base.
LM : Pouvez-vous nous donner une idée du type de formation et du temps qu’elle prend avant qu’un combattant étranger soit envoyé au front ?
CG : Pour qu’un.e nouveau combattant puisse venir au front il faut absolument qu’il ou elle ait terminé sa formation de base. Cette formation dure environ un mois et demi – deux mois. Dans la guerre il y a des domaines en fonction des besoins : sabotage, assassinats, armes lourdes… La formation pour ces domaines peut être reçue dans les académies spécialisées.
LM : Est-il déjà arrivé que des volontaires étrangers montent dans la hiérarchie militaire ?
CG : Oui bien sûr. Nous apprenons beaucoup les un.e.s des autres. Il est important que les camarades européen.ne.s prennent place dans les directions. Sur ce sujet-là nous essayons le plus possible d’encourager les camarades et nous souhaitons qu’ils et elles prennent place dans les instances de responsabilité. Durant la période dans laquelle j’étais dans le bataillon, l’un.e des deux commandant.e.s de peloton/équipe et deux des 4 commandant.e.s de groupes étaient européen.ne.s. De la même manière la moitié des responsables des munitions, de la logistique ou encore de la santé étaient européen.ne.s. Dans la directions nous travaillions de manière très harmonieuse. Une autre dimension est celle du devenir sujet : prendre place dans la vie ce n’est pas seulement être dirigeante ou commandante. ce qui importe c’est de pouvoir organiser la vie, la vie quotidienne et soi-même. Le critère le plus important est d’être un sujet dans la vie, c’est cela que nous voulons permettre.
LM : Y a-t-il des bataillons étrangers exclusivement féminins ? Si ce n’est pas le cas, les volontaires étrangères rejoignent les bataillons féminins du YPG ou forment-elles des bataillons mixtes avec les autres volontaires étrangers ?
CG : Non, non. Comme vous le savez il y a une organisation en terme de YPG-YPJ. Nous en tant que révolutionnaires de Turquie nous sommes en mixité, nous ne faisons pas de différence au sein de la force combattante entre hommes et femmes. Malheureusment il n’y a que très peu de combattantes européennes qui viennent ici. Pour être honnête nous nous demandons qu’elles en sont les raisons. Je demande aux camarades internationaux pour plaisanter « pourquoi vous empêchez la venue des camarades femmes » et je leur dit que désormais nous n’allons plus accepter d’hommes. L’endroit où ils et elles vont prendre place est laissé au choix des personnes qui viennent ici, il n’y a pas d’obligation concernant les YPJ ou les bataillons internationaux.
LM : Arrive-t-il que vous refusiez des volontaires ou que certains soient exlcus ? Pour quelles raisons ? Comment la décision est-elle prise ?
CG : Parfois en venant ici nous venons avec en tête un scénario de guerre. La réalité de la guerre c’est différent, c’est autre chose. Lorsqu’on n’arrive pas à s’adapter à cette réalité, lorsqu’on oublie ce qu’on fait et pourquoi on le fait certain.e.s peuvent avoir des déceptions. C’est pour cela qu’il y a certain.e.s camarades qui passent dans le domaine des activités civiles ou alors qui vont dans d’autres régions. Ou alors certains camarades internationaux sont contraints de retourner en Europe lorsque leurs visa se termine mais ces camarades reviennent ensuite. Nos relations ici se déroulent dans un cadre idéologique déterminé, qui est constitué de la révolution et de toutes ses valeurs. Il y a des comportements irrespectueux de ces valeurs et des délits et des crimes militaires. Ceux-ci sont évalués en fonction de leur gravité dans le cadre du règlement. La guerre est un sujet très sérieux dans lequel la discipline et le sérieur sont importants. Les conséquences d’une toute petite erreur ou d’une insuffisance peuvent être très cruelles, cela peut être un camarade qui meure en martyr, ou vous-même, la position que vous tenez qui tombe aux mains de l’ennemi, cela peut aller jusqu’à la perte du front. Par exemple ne pas se conformer aux règles des tours de garde, être responsable de la perte de munitions, ou développer des relations contraires aux relations de camaraderie sont des choses qui font l’objet de sanctions. Cette guerre se déroule ici aujourd’hui mais elle n’est limitée au Rojava que dans le sens de guerre chaude. En vérité la guerre est partout dans le monde. Ici il y a près de 100 pays et de nombreux peuples qui sont présents. Chaque position qui est gagnée ici l’est pour tous les peuples du monde, elle est une bouffée d’air pour tou.te.s les opprimé.e.s dans le monde. Chaque position conquise est un coup porté à l’impérialisme et au fascisme. Peut être que demain un processus révolutionnaire se développera en France et nous en tant que bataillon internationaliste nous y prendrons place. Nos révolutions sont communes. C’est pour cela que c’est très important et précieux.
LM : Quelle est l’importance des bataillons étrangers dans votre combat ? Sur quelles bases vous rejoignent-ils ?
CG : Par exemple il y a Robin. L’année dernière il était commandant d’équipe dans le bataillon. C’était un camarade très discipliné, généreux et dévoué. Il est tombé en martyr à Minbiç. Il nous a beaucoup apporté. Nous avons donné le nom Robin au groupe dont un camarade européen est commandant et qui participe à la campagne de Raqqa. Nous faisons vivre le camarade Robin dans notre combat et dans notre vie.
LM : Comment expliquez-vous qu’il y ait autant d’occidentaux qui rejoignent votre mouvement ? Comment votre combat s’inscrit-il dans les luttes anticapitalistes, antifascistes, et féministes ?
CG : Notre lutte se base sur ces principes. Kobané, pour les révolutionnaires du monde entier, est devenu la Palestine ou le Vietnam du 21e siècle. Kobané inspire tous les mouvements anticapitalistes, antifascistes et féministes. Avec Kobané, la révolution du Rojava est devenue pour nous un lieu de respiration.
LM : Faites vous une différence entre les kurdes turcs et les kurdes syriens, si oui laquelle et pourquoi ? Quel rapport avez-vous avec la révolution syrienne ?
CG : Non, je ne fais pas de distinction. Ici, l’enjeu n’est pas seulement pour les kurdes. La guerre menée par le peuple kurde depuis des années contre le colonialisme a été un guide pour tous les peuples du Moyen-Orient. En cela, Le Moyen-Orient est une zone intéressante et originale. Le coeur du monde bat ici. Ainsi s’affrontent ici les influences politiques du monde entier. Le Moyen-Orient a cette capacité que lorsqu’un changement intervient localement, celui-ci se propage très rapidement à travers toute la région. Ce fut le cas avec l’Intifada en Palestine ou la révolution en Tunisie par exemple, qui s’est propagée à travers tout le Moyen-Orient et qu’on a appelé le Printemps Arabe. Pour Erdogan, le Rojava est également en Turquie. Ce qu’on sait depuis le début, c’est que Erdogan soutient les gangs djihadistes en leur fournissant munitions, armes et équipement. Erdogan a aussi utilisé des milices paramilitaires pour former une sorte d’immense gang. Aujourd’hui, Erdogan contrôle des forces djihadistes en Turquie et au Rojava. Ces gangs fascistes vont et viennent librement entre la Turquie et le Rojava sans la crainte de devoir répondre de leurs actes. Partout où ils se trouvent, ils tentent de propager leur fondamentalisme islamique en faisant régner la terreur aux femmes ne s’habillant pas selon leurs règles, aux personnes ne faisant pas le Ramadan et aux personnes parlant le kurde. Avec ces exactions, le lien entre Erdogan et l’E.I. n’est plus à démontrer. Ces gens-là n’attendent qu’un mot de leur gourou (Erdogan) pour tuer tous ceux qu’ils pensent être leurs ennemis. En fin de compte, partout dans le monde, la lutte des peuples contre le fascisme est un acte révolutionnaire en soi, quelles que soient les circonstances. C’est pourquoi malgré deux situations différentes entre la révolution au Rojava et la lutte révolutionnaire en Turquie, les deux choses sont liées. C’est une seule et même révolution.
LM : Comment gérez vous les différentes raisons pour lesquelles les étrangers rejoignent votre combat — par exemple entre ceux qui viennent pour combattre l’EI dans une perspective patriotique et/ou confessionnelle, et ceux qui viennent pour le projet politique du Rojava ?
CG : Il existe différentes institutions et organisations. Après tout, la guerre révolutionnaire ne peut pas être faite que par l’armée mais toujours dans le cadre de la lutte politique. En dehors des combats, nous nous occupons d’établir le contact avec les populations, entretenir les relations existantes, répondre aux besoins des gens en matière de nourriture, d’hébergement, d’éducation et de santé. Les camarades voulant s’impliquer politiquement choisissent d’intégrer des organisations à même de correspondre à leurs aspirations. Les personnes disposant de compétences médicales se tournent vers les unités de santé. Il y a aussi des coopératives, des communes de village et ce travail se poursuit. Il existe de nombreux domaines où s’impliquer, être libre de choisir sa vie, c’est la vie elle même.
LM : Y a t’il une hiérarchisation des différentes brigades liée aux critères d’expériences militaires ou de kurdité (activisme kurde) ?
CG : Les retours d’ experiences nous permettent d’enrichir notre connaissance militaire et de développer notre génie tactique. Évidemment, l’expérience des uns est riche d’enseignements pour les autres et la notion de hiérarchie n’a pas sa place dans notre organisation car elle est un rapport de force du système productiviste capitaliste et pour cette raison doit être violemment combattue. Le but de ce retour d’expériences est de passer d’une expérience individuelle à un savoir collectif.
LM : Un service militaire a été rétabli en 2015 au Rojava. Le mouvement est donc composé d’une armée de volontaires qui politise le combat et d’une armée d’appelés qui n’ont pas le choix (sauf celui de partir). Comment ces deux types d’engagement militaire coexistent-t-il ? Comment gérez vous ça ?
CG : Parler de conscription n’est pas tout à fait correct. C’est plutot une étape stratégique pour la création de forces d’autodéfense populaire. Ce que nous voulons, c’est que les gens puissent librement choisir comment ils souhaitent s’organiser. Aujourd’hui, on assiste à la fin de l’E.I., mais demain que se passera-t-il ? Nous devrons défendre les valeurs de la commune contre l’ennemi qui peut revenir sous un autre nom et une autre forme. La bataille principale ne se joue pas sur le front, armes à la main, mais sur ce qu’on porte dans notre coeur, dans notre esprit et dans notre idéologie. Il est important pour nous de développer et de rendre tangible notre vision de la commune. Quoi qu’il en soit, et pour en revenir à votre question, tous les hommes, à partir de 18 ans, participent au combat selon les besoins du moment mais chaque soldat a droit à une période de congé par semaine.
LM : Vous revendiquez une dimension internationale à votre combat, et pour autant on a l’impression que le travail de propagande à cette échelle n’est pas à la hauteur du discours premier. Étant donné que votre principal ennemi en Syrie est l’Etat Islamique, et que ces derniers ont considérablement investit la propagande et le recrutement à l’étranger, on aurait pu croire que vous tentiez de rivaliser avec eux sur ce terrain, en présentant le Rojava comme le lieu de la révolution anticapitaliste contre les forces réactionnaires de ce monde. Est-ce un choix politique de ne pas mettre plus d’énergie là-dedans ou une conséquence de la précarité de la situation ?
CG : En effet, nous ne faisons pas assez de propagande à ce sujet. C’est notre autocritique. Notre devoir, en tant que révolutionnaire, c’est de parler de ce que le fascisme fait aux peuples d’ici, comment ces peuples ont été libérés et de quelle façon nous les avons libérés. C’est très important. Tous ceux qui sont solidaires de notre lutte, nos camarades, tous, où qu’ils soient ont le droit d’être informé de ce qu’il s’y passe. Il faut leur faire partager ce que nous ressentons. La guerre au Rojava est intense et meme si les conditions matérielles, techniques ainsi que l’embargo nous limitent, nous devons nous améliorer sur cette question et faire ce qu’il faut.
D’ailleurs, le travail d’information que vous menez est aussi important que le notre.
LM : Auriez-vous un message pour les européens et les français ?
CG : Ici, lutter contre l’oppression est une décision libre, vous faites un choix. Dans la guerre révolutionnaire, il n’y a que deux cotés. Il ne peut pas y avoir de position centriste. D’un coté, l’opprimé, l’exploité, de l’autre, le destructeur, le pouvoir, le fascisme. Choisissez votre camp, la révolution du Rojava ou ses ennemis, la liberté ou la sujétion, l’obscurité ou la lumière, pour moi la réponse est claire et nette. Si je choisissais de ne pas me battre ici, si je n’avais pas envie de faire la guerre, je vivrais une contradiction entre mes pensées et mes actes. Si la société dans laquelle je suis n’est pas libre, comment puis-je être libre ? Comment puis-je rester là ? Si tu décides de vivre en dehors de la société, en tant qu’individu, alors tu ne pourras saisir ta réalité, la réalité de cette société. Une fois que tu es envahi par le système, les dogmes du système t’empoisonnent. On ne peut alors pas considérer que la liberté est possible dans un tel système.
Les relations entre les différents acteurs du conflit peuvent changer, ils changent tout les jours. Que nous en soyons conscient ou pas, ceci est une guerre mondiale. Au Moyen-Orient, la dynamique d’équilibre continue. Bien sur, les changements d’alliances affecteront notre positionnement au niveau tactique. La ligne stratégique est médiane.
Nous sommes les combattants de la liberté et de son essor.
PRESENTATION DE L’INTERVIEWEE
Bonjour.
Je m’appelle Ceren Güneş. J’ai 25 ans. Je suis au Rojava depuis un an et demi. Je suis combattante au sein des BÖG (Forces Unies pour la Liberté). Pourquoi suis-je venue au Rojava ou pourquoi suis-je devenue révolutionnaire ? Le plus grand facteur dans mon devenir révolutionnaire est je crois la conscience et le sentiment de justice. Le première chose qui m’a dérangée était la position de ma mère, de ma tante, de mes soeurs et plus généralement la position des femmes dans la société. Vous pourriez me demander quelle était ma première protestation. Réaliser la réalité de la vie de ma mère a été ma première révolte féministe. La deuxième a été l’abime entre la vie des pauvres et des riches, c’est-à-dire la question de classe. J’avais grandi dans une société turque et sunnite. Et durant longtemps j’avais cherché une réponse à ces malaises dans l’islam et le kémalisme. Durant mes années de lycée j’ai fait connaissance avec les activités révolutionnaires, avec la littératre révolutionnaire, le marxisme. Et j’ai vu que la réponse à mes questions se trouvait là. C’est donc de cette manière que j’ai commencé le « révolutionnarisme » (devrimcilik, terme difficile à traduire) organisé.
La raison pour laquelle j’insiste sur l’aspect organisation c’est qu’en fait chaque individu habrite en lui une essence révolutionnaire constituée par l’héritage des sociétés communales qui ont existé tout au long de l’histoire de l’humanité, ce fond révolutionnaire est peut être dans les profondeur ou peut être prêt à apparaître. Concernant le révolutionnarisme on peut dire que le système a des points d’évacuation, des sorties cachées. Ce n’est que lorsqu’on commence à prendre conscience de soi-même – qui est aussi naturellement une prise de conscience de la société dans laquelle on vit – que l’on remarque ces portes et lorsque nous commençons à marcher vers cette direction nous commençons aussi en même temps à nous émanciper/libérer.
Quelqu’un qui a senti une fois la force de cette liberté ne peut désormais plus accepter le système et ne peut plus envisager une vie qui s’y soumette. Un.e ami.e disait que c’était comme le choix entre la pilule rouge et la pilule bleu dans le film Matrix. C’est ce processus qui m’a amenée ici aujourd’hui, afin de soutenir la révolution du Rojava, de détruire le fascisme en Turquie et de faire vivre une société libre et la force de la commune. Le prix de l’engagement révolutionnaire est évidemment élévé. Atteindre la réalité et s’émanciper a un prix. Nous en sommes les humbles volontaires.
Mais penser vraiment les choses et les ressentir, c’est réfléchir en profondeur, aimer, se réjouir, être en colère, pouvoir se mettre à la place de quelqu’un d’autre comme par exemple ses camarades parfois ou l’enfant qui croise ta route soudainement et rayonne de joie, être la mère qui t’embrasse à la place du fils qu’elle a perdu, et être l’arme qu’elle tient dans sa main. C’est ça se sentir vivre pleinement.
La philosophie de la force de la commune dont j’ai parlé c’est cela en fait. Le révolutionnarisme, le fait de devenir la révolution c’est le fait de se constuire avec la force de la commune, s’en nourrir, se nourrir de sa propre histoire, de sa propre société et les créer en même temps. Ma courte aventure s’est déroulée comme cela. Je vous remercie à nouveau, je vous salue avec résistance et espoir.
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