Publié, le samedi 28 janvier 2017
Dernière modification : dimanche 29 janvier 2017
Appel à la grève du 20 février 2017
Demain, au moins deux millions de migrants ressortissants de l’UE devront faire face aux incertitudes du brexit. Aujourd’hui déjà, de nombreux migrants non-ressortissants de l’UE, demandeurs d’asile ou en charge d’un travail au Royaume Uni, affrontent les tracasseries des services de l’immigration. C’est avec ces exilés qu’une « grève des migrants » intitulée « One day without us /Un jour sans nous » est en préparation au Royaume Uni. Cet intitulé – apparu aux USA en 2006 et repris par la France et l’Italie en 2010 – vise à amener sur le devant de la scène la lutte des migrants contre l’exploitation sociale et pour la liberté de circulation. Le but n’est pas de faire la démonstration de la contribution à l’activité économique du pays des migrants mais également de leur capacité de rupture. Nous voulons relancer ces expériences de modalités de grève au Royaume-Unis : au delà des conséquences du brexit, cette « grève des migrants » se veut un enjeu européen.
Le flot des médias ressasse les images inquiétantes des migrants accaparant nos villes, entraînant les salaires à la baisse, augmentant le chômage et aggravant la mise en compétition de tous contre tous. L’Union Européenne répond en proposant une politique d’asile qui est politique d’agression contre les exilés, et en institutionnalisant un racisme d’état fondé sur un renforcement de plus en plus strict des lois de séjour pour les migrants, nourrissant le terreau de la précarité et de l’exploitation sociale. Le retour à la souveraineté et à la « pureté » nationale est donné comme la solution à la crise, et le consensus entre les gouvernements des pays membres et les institutions européennes se fonde toujours sur la précarisation, les coupes dans les protections sociales et la baisse des conditions de vie pour tous. Le brexit n’a pas initié ces politiques mais il s’inscrit dans cette logique ; il augure de luttes à venir plus dures encore pour conserver droits sociaux et travail non indignes.
Dans ce contexte, la solidarité avec les migrants ne suffit pas. En choisissant la grève comme arme politique, les migrants ne sont plus d’inquiétantes victimes ou une multitude informe, ils s’affirment comme protagonistes de leurs luttes, ils appellent chacun à les rejoindre dans un combat commun. Nous devons créer les conditions pour que les réfugiés, les migrants, les précaires, les salariés luttent ensemble contre le racisme institutionnalisé, en faveur de la santé et l’éducation pour tous, afin d’obtenir de meilleurs salaires et conditions de travail. Ainsi la prochaine grève des migrants du 20 février nous impose-t-elle de repenser les modalités de la grève au-delà de ses limites conventionnelles, comme une pratique d’insubordination susceptible de se propager dans l’ensemble de la société pour miner l’exploitation et les institutions politiques qui la nourrisse.
Nous nous inscrivons dans la continuité des précédentes expériences de grèves de migrants et des récents mouvements tels celui contre la « Loi travaille ! » en France ou de défense du droit à l’avortement en Pologne. Nous rejoindrons le mouvement de grève des femmes du 8 mars prochain.
Afin de discuter des modalités et mise en place de cette grève, de connecter ensemble les différents mouvements contre le racisme et l’exploitation sociale, le Transnational Social Strike appelle tous les concernés à se réunir en amont de la grève des migrants.
Cette assemblée se tiendra à Londres du 10 au 12 février 2017. Rencontre nationale et internationale, prenant la forme d’ateliers et de séances plénières, elle sera l’occasion d’envisager et d’élaborer la journée « One day without us » et la grève qui l’accompagne comme de nouvelles armes politiques.
Réseau « Pour une grève sociale transnationale » (TSS)
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