Extension du domaine de la rafle

Publié le 13 janvier 2017 | Maj le 14 janvier

Pour avoir osé parler aux migrants, Houssam El Assimi a été pris pour cible par la police, a subi un placage, un bras tordu, un étranglement par deux policiers, 27 h de garde à vue, le tout ayant entrainé 3 jours d’ITT, mais comme chaque fois que la police se rend coupable de violences c’est elle qui porte plainte contre la personne qu’elle a agressé, pour « violence contre personne dépositaire de l’ordre public et rébellion ».

Le 9 novembre avait lieu le procès contre la solidarité de Houssam El Assimi et d’Aubépine Dahan. C’était aussi un procès qui montrait qu’en France, il était impossible d’imaginer que des personnes exilé.es vivant dans la rue puissent décider par elles-mêmes d’exercer leur, notre droit de manifester et de se rendre visibles autrement que comme des objets de mépris ou de charité sur des cartons. Impossible au point que la police en vienne à illégaliser cette manifestation pourtant déclarée. Ils ont tous deux été relaxé.es. Mais aujourd’hui Houssam doit faire face à un second procès mardi prochain, le 17 janvier.

Un procès qui cherche à faire un exemple parmi l’ensemble des personnes solidaires qui ont refusé l’utilisation des mots d’évacuation, mise à l’abri sous contrainte, contrôlé d’identité, d’opération de contrôle administratif… et affirmer que cet harcèlement de rue policier et administratif était quotidien et ne méritait rien d’autre que le nom de rafle.

Refusons la rafle et l’extension du domaine de la rafle !

Houssam a osé parler aux migrants lors d’une rafle, il a osé se préoccuper de leur sort pendant qu’ils échappaient en courant des griffes d’une administration acharnée à invisibiliser les migrants dormants sur le trottoir pour mieux cacher les échecs de la politique gouvernementale de non-accueil. Les informer de leurs droits alors même que les rugbymen de l’Equipe de France de contrôle administratif couraient après tout le monde pour instaurer une version bien spécifique de l’Ordre et de la Loi.

Les résultats de ces opérations au 9 novembre, après 28 rafles parisiennes :

 4000 arrestations de migrant.es,

 plus de 500 Obligations de quitter le territoire (parfois distribuées en faisant croire aux exilé.e.s que c’etait un formulaire pour avoir un logement),

 140 personnes ont été placées en centre de rétention, et un nombre inconnu déporté vers le Danemark, la Norvège, l’Italie, etc. qui les renvoient dans leur pays d’origine.

Et pour Houssam :
un placage, un bras tordu, un étranglement par deux policiers, 27 h de garde à vue, 3 jours d’ITT et une accusation absurde de violences.
Malgré tous ces faits, il est convoqué mardi 17 janvier 2017 pour comparaître, à une audience au TGI de Paris pour « violence contre personne dépositaire de l’ordre public et rébellion ».

Cet énième procès de la solidarité, à l’heure où se succèdent interpellations policières, réquisitions des procureurs, relaxes des juges, et appels du parquet, s’inscrit dans la logique de répression tout azimut qui cherche à instaurer la peur dans le cœur de tant de femmes et hommes, citoyen.es ou non, qui chaque jour, dans la vallée de la Roya, à Calais, ou en région parisienne, montrent qu’un autre « accueil » est possible et qui font ce que nous appelons à faire ; ce que même la loi nous ordonne de faire :
Art 223-6 : « Sera puni… quiconque s’abstient volontairement de porter à une personne en péril l’assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui prêter soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours.
Or c’est exactement ce que faisait les personnes présentes ce jour-là comme d’autres : informer des droits et risques en cas d’arrestation pour mieux se défendre.

Par saison électorale, cet exhibitionnisme sécuritaire se renforce mais ne cache pas les échecs répétés d’une politique à l’égard des étrangers et de ceux considérés comme tel, dont le fondement reste l’exclusion, le camp, le CRA, la clôture, le barbelé, la matraque, la nasse et le gaz lacrymogène.
Aujourd’hui nous avons non seulement besoin de votre soutien physique et moral, et nous vous appelons à venir nombreux à l’audience, mais aussi de votre soutien financier pour régler les frais juridiques.
Car ce n’est pas seulement par la violence physique que le gouvernement tente de bâillonner toute résistance. Bien conscient de l’asymétrie des ressources, il mise également, par l’acharnement juridique et donc financier, sur un abandon de la lutte.

Liberté ! حریة ! آزادی !
Collectif La Chapelle Debout !
P.-S.

Aidez-nous à payer les frais du procès en faisant un don ici. Pour faire un don par virement bancaire, ou par chèque, merci de nous envoyer un mail à : collectif.lachapelle.debout@gmail.com

Date et lieu de l’audience :
Tribunal de grande instance de Paris
4 Boulevard du Palais, 75001 Paris
Le 17 janvier à partir de 9h et jusq’à 13h (nous n’avons pas l’heure exacte jusqu’au jour-même)
ATTENTION : il faut être devant le Palais à 8h30 pour pouvoir rentrer dans la salle d’audience.

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