Au moins 540 000 personnes ont manifesté à Barcelone, dimanche.
Des centaines de milliers de Catalans sont descendus dans les rues, dimanche 11 septembre, pour réclamer la sécession avec l’Espagne et pousser les partis à surmonter leurs désaccords sur la voie à suivre vers l’indépendance.
« Il faut aller jusqu’au bout. Nous ne pouvons plus attendre », a déclaré Xavier Borras, un employé de bureau de 58 ans, parmi les manifestants qui ont envahi un boulevard de Barcelone proche du parlement régional, où les élus séparatistes préparent la sécession de cette région de 7,5 millions d’habitants du nord-est de l’Espagne.
Le projet, qui devrait aboutir à la mi-2017, avance moins vite que prévu en raison des divisions entre les partis séparatistes. C’est pourtant le moment de « prendre des décisions cruciales », a déclaré le président de la région, Carles Puigdemont, devant la presse étrangère avant le début des manifestations.
Au moins 540 000 personnes à Barcelone
L’impatience était perceptible aussi chez les manifestants, souvent drapés dans la bannière rouge, jaune et bleue des indépendantistes, qui depuis cinq ans célèbrent en masse cette « Diada » du 11 septembre, journée « nationale » de cette région fière de sa langue et de sa culture. « Nous espérons que cette Diada sera la dernière avant l’indépendance », a déclaré Carmen Santos, une fonctionnaire de 58 ans à Barcelone, où la police a compté 540 000 manifestants.
D’autres rassemblements ont attiré 135 000 personnes à Salt, dans le nord de la Catalogne, 60 000 à Berga, dans le centre, 45 000 à Tarragone, dans le sud, et entre 25 000 et 30 000 à Lleida, dans l’est. Dans cette dernière, les cloches de la cathédrale ont sonné à 17 h 14 – référence au 11 septembre 1714, quand Barcelone est tombée aux mains des troupes royales après un long siège, et la Catalogne a perdu son autonomie.
La participation totale de 805 000 personnes était cependant inférieure au 1,4 million recensé par les autorités de Barcelone l’année dernière. Les dirigeants indépendantistes catalans ont tenté, sans succès pendant des années, d’arracher l’accord de Madrid pour tenir un référendum d’autodétermination, comme celui de l’Ecosse qui s’est prononcée en 2014 pour le maintien dans le Royaume-Uni.
Ils ont changé de tactique quand ils ont conquis la majorité absolue au Parlement régional en septembre 2015 et opté pour la sécession. Ils entendent mettre sur pied l’administration d’un futur Etat indépendant, adopter les lois pour se détacher de l’Espagne et convoquer des « élections constituantes » pour rédiger la future constitution catalane.
Mais le plan a déraillé en juin quand le gouvernement de coalition, dirigé par Carles Puigdemont, a perdu l’appui du petit parti anticapitaliste CUP, le plus radical des indépendantistes, et sa majorité au Parlement.
La présidente du Parlement catalan poursuivie
Puigdemont et la CUP ont rapproché leurs positions ces dernières semaines. La formation radicale s’est engagée à le soutenir lorsqu’il posera la question de confiance le 28 septembre mais exige l’organisation d’un référendum en 2017 pour proclamer l’indépendance immédiatement après, un projet très différent de celui des autres séparatistes.
Divisé, le mouvement pourrait recevoir une nouvelle impulsion si, comme tout le porte à croire, la justice espagnole poursuit au pénal la présidente du Parlement catalan, Carme Forcadell, pour avoir permis l’adoption de la « feuille de route » séparatiste malgré les avertissements du Tribunal constitutionnel.
La populaire maire de Barcelone, Ada Colau, qui reste volontairement ambiguë sur la question de l’indépendance, s’est jointe aux manifestants à Barcelone, de même que des dirigeants du parti de gauche radicale Podemos. Podemos est le seul parti national espagnol à accepter un référendum d’autodétermination tout en se prononçant contre l’indépendance.
Ada Colau a dénoncé « l’immobilisme chronique » du gouvernement sortant de Mariano Rajoy à Madrid, qui s’est refusé à toute concession pour apaiser la fièvre indépendantiste en Catalogne. Et aucun changement rapide n’est à attendre vu l’incapacité des partis nationaux à former un nouveau gouvernement après deux élections législatives non concluantes.
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