A propos de la chanson de Craonne

Publié le 16 juillet 2016
guerre | militarisation | anti-militarisme


Vendredi 1er juillet 2016, le secrétaire d’État aux anciens combattants Todeschini censure La chanson de Craonne, une chanson issue des tranchées de 1917 exprime dégout de la guerre et rejet d’aller mourrir pour défendre les intérêts de la bourgeoisie.

« C’est malheureux d’voir sur les grands boul’vards
Tous ces gros qui font leur foire ;
Si pour eux la vie est rose,
Pour nous c’est pas la mêm’ chose.
Au lieu de s’cacher, tous ces embusqués,
F’raient mieux d’monter aux tranchées
Pour défendr’ leurs biens, car nous n’avons rien,
Nous autr’s, les pauvr’s purotins.
Tous les camarades sont enterrés là,
Pour défendr’ les biens de ces messieurs-là.

Ceux qu’ont l’pognon, ceux-là r’viendront,
Car c’est pour eux qu’on crève.
Mais c’est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève.
Ce s’ra votre tour, messieurs les gros,
De monter sur l’plateau,
Car si vous voulez la guerre,
Payez-la de votre peau ! »

La Chanson de Craonne (1917)

Vendredi 1er juillet 2016, à Fricourt le secrétaire d’État aux anciens combattants Todeschini faisait retirer la chanson de Craonne du programme d’une cérémonie franco-allemande pour commémorer la bataille de la Somme. Cette chanson issue des tranchées de 1917 exprime non seulement le dégout de la guerre mais aussi plus particulièrement le rejet de l’union nationale, c’est-à-dire le fait pour celles et ceux qui ne possèdent rien d’aller mourir pour les intérêts de la bourgeoisie.

Cet épisode de censure, alors que la chanson n était plus interdite dans l’espace public depuis 1974 n’est pas vraiment étonnant même s’il témoigne de la fuite en avant autoritaire et rétrograde du pouvoir, et ce même sur des questions en apparence symboliques. Avant cela, en mai dernier l’assemblée nationale avait refusé la réhabilitation des fusillés pour l’exemple de 14-18 !

Le gouvernement PS actuel est bien l héritier des appareils socialistes qui en 1914 trahissaient les promesses de l’internationalisme prolétarien (« les prolétaires n’ont pas de patrie », « paix entre nous, guerre aux tyrans », etc) en soutenant l’entrée en guerre de la fRance à l’instar d’ailleurs de l’immense majorité des réformistes et révolutionnaires européens qui à l’époque succombaient massivement au chauvinisme. La grande guerre n’a pas été qu’une grande boucherie, elle a été aussi une défaite politique pour le mouvement ouvrier dont on n’a pas fini de payer le prix.

En fRance spécifiquement l’opposition au militarisme et à l’impérialisme bleu blanc rouge est toujours relativement faible pour ne pas dire inexistante, alors que les expéditions néo coloniales (Mali, Centrafrique), et les interventions militaires (Afghanistan, Libye, Syrie, Irak, etc) continuent d’être monnaie courante. Ajoutons que l’État fRançais est en train de passer au 2e rang des marchands d’armes dans le monde (devant la Russie !) enfin « notre » état est en ce moment également impliqué dans la sanglante guerre « civile » au Yémen.

Ce pays dans lequel nous vivons porte donc une lourde responsabilité dans le chaos du monde, tout en parvenant à être assez peu critiqué pour ses crimes. L’épisode « Je suis Charlie » et depuis les attentats du 13 novembre ont été des occasions -pour l’État et les médias bourgeois – plutôt réussies de faire passer la fRance pour une victime vertueuse qui ne ferait que se défendre face aux méchants terroristes, lesquels s’attaquant selon le discours dominant uniquement à cette dernière parce qu’elle incarnerait la liberté. Là encore bien peu de progressistes et/ou révolutionnaires s’opposent à ce rouleau compresseur belliciste. Dans ce contexte il n’est pas étonnant qu’une chanson dont le message déconstruit la propagande de guerre soit censurée même un siècle après.

On sait que la campagne présidentielle portera sur l’identité, la nation et l’ordre y compris du côté de la « gauche de gauche », c’est dans ce contexte sinistre que s’inscrit cet épisode …

Rappelons-nous comme le disait Liebknecht que hier comme aujourd’hui[ l’ennemi principal est dans notre propre pays.

 >https://www.marxists.org/francais/liebknec/1915/liebknecht_19150500.htm]
À bas l’union nationale !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.