Témoignage d’une habitante du 19e sur les violences policières

Publié le 28 mars 2016
19e arrondissement | violences policières

Témoignage d’une habitante sur les violences policières contre les lycéens, lycéennes vendredi 25 mars.

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Violences policières systématiques à l’encontre des lycéens

Non, l’élève victime de violences policières rendu tristement célèbre par la vidéo qui a circulé ce jeudi 24/03/16 sur les réseaux sociaux et dans les médias ne constitue pas un cas isolé, il n’est que le symbole de la brutalité systématique exercée ce matin-là par les forces de l’ordre à l’encontre des jeunes manifestants de la cité scolaire Bergson (Paris 19e) alors mobilisés contre la loi El Khomry. Malheureusement, d’autres jeunes ont été touchés, parfois gravement, sans que des images chocs ne soient montrées à leur sujet, mais les faits n’en sont pas moins avérés et je peux en témoigner.

Voici déjà deux semaines que la rue Pailleron où est sise l’entrée de la cité scolaire Bergson est émaillée d’incidents liés à cette mobilisation : plusieurs altercations entre lycéens et forces de l’ordre ont eu lieu, suite aux blocages par les élèves de leur établissement. Mais ce jeudi 24 mars, les cris des jeunes qui m’ont fait me précipiter à la fenêtre de cette même rue aux alentours de dix heures du matin étaient d’un tout autre ordre : c’étaient des cris de détresse.

En effet, un jeune garçon de 14 ou 15 ans, de type européen, dont la frêle constitution me laisse penser qu’il aurait pu être tout aussi bien collégien que lycéen, était en train de se faire passer à tabac sur la chaussée devant la Maison des associations par au moins 4 policiers, lesquels s’acharnaient sur lui à coups de matraques, deux d’entre eux le frappant sur le corps et en plein visage, tandis que deux autres le rouaient de coups de pieds, d’abord dans les jambes pour le faire tomber – à deux reprises – puis dans les flancs alors qu’il était déjà à terre. Je suis aussitôt intervenue en criant par la fenêtre, mais ils ne m’entendaient pas tant il y avait de bruit autour. De force, ils ont relevé le garçon complètement sonné, titubant, et l’ont emmené.

Le temps que je rédige un bref compte rendu de ce que j’avais vu en regrettant de ne pas avoir filmé la scène, le tumulte était à nouveau à son comble dans la rue. Et moi à ma fenêtre : un peu plus loin, sur le trottoir, c’était au tour d’une jeune fille de subir les assauts des forces de l’ordre : des coups de matraque provocant sa chute, puis l’acharnement sur son corps alors qu’elle avait chuté. Je leur criais en vain d’arrêter.

Pendant ce temps-là, la foule des lycéens chargée par les autres policiers et CRS (dont une bonne partie en civil) courait vers l’avenue Secrétan – où la fameuse vidéo a apparemment été tournée – et ceux qui étaient en queue de peloton étaient frappés à la nuque et au visage par les matraques. Je n’oublierai jamais ce coup reçu à la tempe par l’un d’entre eux qui s’était retourné juste pour dire à ses agresseurs : « hé, tranquille, mec ». Quant à moi, je criais toujours : « arrêtez, vous n’avez pas le droit, je vous préviens, j’ai tout vu », alors l’un des policiers s’est retourné pour m’intimer de me mêler de ce qui me regardait. Je lui ai dit que le sort de ces jeunes me regardait. Il m’a menacée, matraque au poing, de monter jusqu’à mon étage.

Je suppose que la brigade a dû être rappelée (probablement après l’ultime agression qui a été filmée) car soudain, les forces de l’ordre se sont volatilisées et le calme est revenu. J’ai juste eu le temps de photographier le sang frais sur le trottoir avant le passage de la camionnette de nettoyage.

Une habitante du quartier

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