LE TRAVAIL LIBERE-T-IL ?
Posté par 2ccr le 26 mars 2016
Le travail pénètre et détermine toute notre existence. Le temps coule impitoyablement à son rythme alors que nous faisons la navette entre d’identiques environnements déprimants à une allure toujours croissante. Le temps de travail… Le temps productif… Le temps libre… La moindre de nos activités tombe dans son contexte : on considère l’acquisition de la connaissance comme un investissement pour une carrière future, la joie est transformée en divertissement et se vautre dans une orgie de consommation, notre créativité est écrasée dans les limites étroites de la productivité, nos relations -même nos rencontres érotiques- parlent la langue de la performance et de la rentabilité… Notre perversion a atteint un tel point que nous recherchons n’importe quelle forme de travail, même volontairement, pour remplir notre vide existentiel, pour « faire quelque chose ».
Nous existons pour travailler, nous travaillons pour exister.
L’identification du travail avec l’activité humaine et la créativité, la domination complète de la doctrine du travail comme destin naturel des humains a pénétré notre conscience à une telle profondeur que le refus de cette condition forcée, de cette contrainte sociale, semble être devenu un sacrilège pour le concept même d’humanité.
Alors n’importe quel travail devient meilleur que pas de travail du tout. Ceci est le message répandu par les évangélistes de l’existant, sonnant les trompettes pour la course à la compétition toujours plus frénétique entre les exploités pour quelques miettes tombées de la table des patrons ; pour l’instrumentalisation et le nivelage complet des relations sociales en échange d’un peu de travail misérable dans les galères de la survie.
Ce ne sont pas, cependant, seulement les conditions générales de travail qui créent l’impasse. C’est le travail comme une totalité, comme un processus de commercialisation de l’activité humaine qui réduit les humains à des composants vivants d’une machine qui consomme des images et des produits. C’est le travail comme condition universelle dans laquelle les relations et la conscience sont formées, comme la colonne vertébrale qui maintient et reproduit cette société basée sur la hiérarchie, l’exploitation et l’oppression. Et en tant que tel, le travail doit être détruit.
Alors nous ne voulons pas simplement devenir des esclaves plus heureux ou de meilleurs managers de la misère. Nous voulons redonner son sens et son essence à l’activité humaine et à la créativité en agissant ensemble, conduits par la recherche de la joie de la vie à travers la connaissance, la conscience, la découverte, la camaraderie, la solidarité.
Pour la libération individuelle et collective … Libérons-nous du travail
Ce texte est la traduction d’une affiche collée dans plusieurs villes de Grèce début 2012 à la veille du procès de l’anarchiste Rami Syrianos, actuellement emprisonné en attente de son procès pour l’expropriation de l’argent d’une entreprise étatique de vente aux enchères, ainsi que le compagnon Kleomenis Savvanidis, accusé dans la même affaire. Syrianos a été condamné à 8 ans, tandis que Savvanidis a été acquitté. Traduction publiée dans Lucioles, Bulletin anarchiste de Paris et sa région, n° 6, février/mars 2012 (Paris)
« Vous avez confiance dans les politiciens et cela
se comprend car, à force de les fréquenter, vous êtes devenus comme eux et vous croyez en leurs promesses. »…Buenaventura Durruti
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