Cher @gouvernementFR

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camp de Rivesaltes ouvert en 1941 pour enfermer  » les indésirables » et qui a était fermé en 1964.

Pourquoi nous avons publié la demande d’avis du Premier ministre au Conseil d’État quant à l’internement des « fichés S ».

Mercredi 9 décembre, lundimatin publiait un article intitulé : Des camps pour les Fichés S : Manuel Valls demande l’avis du Conseil d’État. Dans les heures qui suivirent l’information fut massivement reprise sur les réseaux sociaux ainsi que par de nombreux sites d’informations

Rapidement, le gouvernement tenta de juguler le scandale par l’intermédiaire de son compte twitter @gouvernementFR. À grand coup de hashtags, il s’agissait de décrédibiliser nos informations.
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La méthode peut surprendre mais le fond pose question. Était-ce une erreur de publier ce document sans le contextualiser ? N’était-ce pas prêter le flanc aux tentatives de discrédit menées par les communicants du gouvernement ?

La réponse est non, bien au contraire. Si le document que nous avons rendu public a produit un tel malaise au sein de l’exécutif c’est qu’il relevait d’une stratégie politique perverse. M. Valls a demandé l’avis du Conseil d’État quant à la légalité de camps d’internements pour les personnes fichés par les service secrets, c’est un fait. Que les communicants du gouvernement nous expliquent que cette requête motivée a été faite afin de s’auto-discréditer ne regarde qu’eux et leurs stratégies. Ils ont par ailleurs tout l’espace médiatique pour s’en justifier.

Aussi, nous tenions à expliciter un certain choix sémantique dans le titre de notre article. En effet, nous avons utiliser le terme « camps » alors même que le document que nous révélions évoquait des « centres » de rétention. Il ne s’agissait évidemment pas de verser dans un sensationnalisme opportun et bon marché mais bien d’ancrer cette information dans un cadre interprétatif adéquat. Si le gouvernement américain décrivait Guantanamo comme un centre de vacances obligatoires, nous aurions quelques difficultés à reprendre ses termes dans nos pages. Le paradigme du « camp », sa forme comme son inscription socio-historique, est le sujet de nombreux travaux scientifiques. @gouvernementFR pourra se référer aux travaux de Marc Bernardot, notamment Le pays aux mille et un camps. Approche socio-historique des espaces d’internement en France au XXe siècle ou encore à l’oeuvre de Giorgio Agamben.
« L’état d’exception est donc le revers de la norme, non le contraire de l’ordre institué, mais le principe qui lui est immanent. Le camp nomme cet espace dans l’histoire récente, en tant notamment qu’il est le moment où la règle et l’exception deviennent indiscernables, et où, à partir de là, les limites mêmes de l’espace d’exception tendent à se dissoudre, et à généraliser par là même la structure de l’exception, qui elle-même tend alors à concerner immédiatement et en permanence l’ensemble des hommes. »

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