Après les communiqués insipides de la confédération et de l’intersyndicale, nous publions ci-dessous un communiqué de la Filpac qui pose une partie des vraies questions :
Du deuil à la guerre ?
Nous pleurons nos morts, nous souffrons avec nos blessés. C’est le peuple qui a été visé, ce sont les jeunes en grande partie qui ont été fauchés, en nombre monstrueux. Ce sont les nôtres, comme à Charlie.
Les symboles frappés, ce sont les réjouissances populaires, comme ce match de football – amical -, ces quartiers que les jeunes de tous horizons aiment fréquentés parce qu’ils sont ouverts à tous et festifs, à deux pas de la République. Qui sont les meurtriers ? Des gens fanatisés par une idéologie totalitaire, une sombre réaction obscurantiste face au chaos du Moyen Orient. La mort est leur métier. D’où viennent les armes et les explosifs ? De la guerre et son cortège de réseaux qui en font commerce.
Ces gens-là n’ont pas déclaré la guerre, ils l’ont amenée – avec quelle barbarie – dans les rues de Paris. C’est bien l’aspect de la guerre actuelle. Elle n’est jamais déclarée, mais elle se pratique en différents points du Globe. Mali, Lybie, Afghanistan, Syrie… Cette guerre de fait, permanente, entraîne sa propre propagation par les ventes d’armes spectaculaires, Rafales ou navires militaires à qui veut bien les acheter.
Oui, la France fait la guerre, et occupe même le 3 ou le 4e rang mondial des ventes d’armes. Ce qui rend lointains les conflits armés, c’est la nature d’une armée qui est devenue professionnelle pendant que ses opérations sont secrètes. Ce qui donne à l’exécutif toute liberté pour la projeter à tout moment dans les furieuses mêlées des différentes zones de conflits. S’est opéré dans l’opinion avec la professionnalisation de l’armée un sentiment d’éloignement du danger de guerre, alors qu’elle s’intensifie par le nombre d’opérations. Quand l’armée intervient, elle expose de façon automatique sa population.
Rien n’excuse, rien ne justifie l’assassinat des gens du peuple, simplement parce qu’ils étaient là, présents dans leur cadre de vie habituel. Il faut châtier les coupables. Quelles conclusions en tirer ? Qu’il faut intensifier la guerre ? Dans quelle direction ? Nous voyons, nous, que le dictateur Bachar, en massacrant les Syriens qu’il prétendait diriger, a offert un terrain favorable à Daesh. Et il reçoit l’appui miliaire direct de la Russie et de l’Iran. Nous voyons, nous, que l’intervention des USA en Irak et en Afghanistan sonne comme un échec retentissant qui a favorisé le surgissement et la multiplication de formations terroristes. La guerre en Lybie a eu les mêmes conséquences. Et on continue ?
L’urgence est bien de protéger les populations, éternelles et seules victimes de la guerre. S’agit-il de ça ? Si on ne fait que de la sécurisation militaire, on va aller tout droit dans les bras de l’extrême droite. Nous voyons les mêmes prétendant à l’union nationale se sont rendus coupables de l’acharnement contre le droit social, en laissant se développer un chômage de masse et une précarité généralisée, tout en soutenant de façon exclusive les financiers et les rentiers. Nos morts, nos blessés nous confortent dans notre combat social au côté du peuple, pour que la société soit tournée vers les intérêts de tous. Nous ne discernons pas bien la légitimité de l’exécutif à inclure Sarkozy et Le Pen pendant qu’il dénie à un nombre croissant de travailleurs le simple accès aux moyens de vie, le travail, un revenu décent, le bien-être élémentaire.
Si l’état d’urgence commence par interdire toutes les manifestations de protestation sociale, comme c’est le cas, alors nous devons y voir la continuation de la politique anti-sociale par de nouveaux moyens. Nous n’acceptons pas qu’on manipule la tragédie qui frappe les nôtres en Union sacrée pour amplifier la guerre et la destruction sociale dans notre propre pays. Si l’union nationale avait un sens, ce serait celui de commander l’arrêt de toutes les procédures de licenciements, toute les mesures de répression syndicales, toutes les coupes dans les budgets publics. On a vu à quel point nous avions besoins de services publics au cœur de la Nuit du 13 novembre…
Sinon cette prétendue union nationale ne sera qu’une manœuvre pour continuer la même politique et donc les mêmes dégâts sociaux en tout genre, la guerre en plus.
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