19 août 2015 par Commission Journal (mensuel)
Cette mince brochure avait contribué à former une génération de militantes et de militants syndicalistes révolutionnaires au début du XXe siècle. Permanentat, modes d’actions, structuration du syndicat… Autant de questions qui sont loin d’être obsolètes, cent dix ans plus tard. Cela méritait bien une réédition !
Écrite en 1906 par Georges Yvetot, un des responsables de la CGT, cette brochure de formation vient de faire l’objet d’une réédition.
L’occasion de découvrir ce syndicaliste qui fut le champion du courant anarchiste au sein de la CGT, et dont la notice dans le dictionnaire Maitron des anarchistes précise que sa « spécialité », au sein de la confédération, était l’antimilitarisme et l’antipatriotisme [1].
Alors qu’on pourrait s’attendre à un texte daté, la majeure partie du propos reste d’une criante actualité. Comme le dit l’adage, « rien ne sert de réinventer l’eau chaude ». Bien que son objet soit de fournir les outils clefs en main pour créer un syndicat, ce n’est probablement pas la (courte) partie sur le dépôt des statuts qui retiendra l’attention du lecteur d’aujourd’hui. Le retour aux sources et fondements du syndicalisme est lui salutaire.
Lorsque Yvetot s’adresse à l’ouvrier réticent à se syndiquer on sourit en pensant à ces camarades qui pensent original de « vouloir conserver leur liberté » alors que l’argument semble déjà en vogue en 1906. La réflexion sur la constitution de caisses de grèves retiendra également l’attention tant leur alimentation prend parfois un rôle central dans les luttes.
Permanents, modes d’actions (boycott, sabotage, grèves partielles…), organisation du syndicat ou encore structuration par corporation ou industrie viennent compléter ce texte. Autant de questions qui continuent de faire l’objet de discussions.
Les camarades du groupe Salvador Segui de la FA qui éditent ce petit livre le font dans un objectif de formation et de compléter les formations syndicales, qu’ils jugent de qualité, délivrées par la CGT. C’est une préoccupation que partage tout militant révolutionnaire tant la formation est cruciale, autant pour garantir la démocratie réelle dans le syndicat que pour fournir à chacun les outils nécessaires à la lutte et l’émancipation. Finalement quand Le Monde écrit un article entier pour répondre à la question « À quoi sert un syndicat ? » il eut mieux fait de s’en référer à Yvetot qui synthétise parfaitement la réponse : le syndicat c’est le regroupement des ouvriers pour améliorer leurs conditions de vie et de travail. Le syndicat tend à la suppression du patronat et du salariat.
Ce petit livre auquel est adjoint un texte plus connu, Le Sabotage, d’Émile Pouget (rapport voté par le congrès confédéral CGT de 1897) est à mettre entre toutes les mains, comme le permettent son petit format pratique et son prix abordable.
Aurélien (AL Paris Sud)
Georges Yvetot, L’ABC syndicaliste ; Émile Pouget, Le Sabotage, Groupe anarchiste Salvador Ségui, 2015, 159 pages, 5 euros.
[1] Un portrait lui est consacré dans Guillaume Davranche, Trop jeunes pour mourir. Ouvriers et révolutionnaires face à la guerre (1909-1914), L’Insomniaque/Libertalia, Montreuil, 2014.
Commentaires récents