La pensée « matérialiste » et la pensée religieuse ou spiritualiste seront, cette année 2013-2014, les sujets des ateliers de Philosophie et d’Histoire de l’Université Populaire de Perpignan (UPP).
Donc, nous aurons matière à réflexion; car depuis des siècles les humains ne cessent de s’interroger sur l’origine et le sens de la vie, sur ce qu’est la réalité que les sens et la conscience permet de percevoir, de penser, nommer et décrire… Et, depuis lors, ils n’ont pas cessé de s’affronter et de se diviser en deux courants de pensée que tout oppose; puisque ce n’est pas seulement sur la nature de l’être qu’ils divergent mais aussi sur le comportement de l’être par rapport à son autre, à l’autre. C’est-à-dire: sur l’origine et la nature de la réalité, et sur le comportement éthique des humains.
Car, même si pour certains ce que nous ressentons, ce que nous souffrons, aimons ou haïssons sont des sensations, des faits qui différencient la matière vivante de la matière inerte, pour d’autres cela n’invalide ce que la connaissance nous a permis de savoir: que ce que ressent et pense la matière vivante, que ce qui fait paraître le sensible du non sensible, la conscience du non conscient, c’est cette phyco-chimie qui de l’inerte a donné et donne le vivant.
Comment donc ne pas comprendre qu’il ait été et qu’il continue à être si difficile d’admettre que nous sommes, tant en ce qui est notre corps que notre esprit, le résultat d’un embrouillamini de molécules, d’atomes et de rayonnements d’énergie. Et qu’il y ait eu et continue à y avoir tant d’hommes et des femmes à croire que cela ne peut être que le dessein et l’oeuvre d’une volonté supérieure, d’une force transcendante, d’un Dieu.
Le fait est que, depuis très long temps, cette façon de concevoir le monde et de nous concevoir, en tant qu’êtres, a donné lieu à la conception et acceptation des ennuis ou du courroux divins et à l’apparition des religions salvatrices. Et que dès lors il y a discussion, débat entre ceux qui adhèrent aux doctrines idéalistes ou spiritualistes et ceux qui les refusent, qui refusent ce hiatus, cette barrière entre ces deux mondes et qui ne les conçoivent que dans une relation de continuité, que dans un rapport de modifications qualitatives déterminées par les innombrables combinaisons d’éléments plus simples, et cela sans finalisme, sans intervention d’une cause hors de la nature.
Voilà donc la cause de la divergence, le pourquoi est encore -pour la plupart des gens- inconcevable et inacceptable de reconnaître que nos affects, que notre science et art, que nos émotions et sentiments, le sentiment même du divin, que notre sollicitude vis-à-vis d’autrui ou que nos crimes, aberrations et déviances, que les faits de notre grandeur comme ceux de notre bassesse ne sont que les résultats des aléas et des déterminations de la matière: ce qui compose tout corps ayant une réalité tangible et qui est la composante fondamentale de l’univers. Oui, que tout ce qui donne sens à notre vie n’est que (mais, ô combien de phénomènes complexes et très souvent insaisissables dans ce « que »!) le résultat d’événements imprévisibles et d’une causalité sans faille.
Comment se résigner à accepter que nous ne sommes que cela et que notre planète, notre Terre, n’est plus le centre du Cosmos, mais un corps céleste parmi d’autres et perdu dans une des 7000 milliards de galaxies de notre univers « visible ». Cet univers où notre galaxie, la Voie Lactée, peut contenir plus de 200 milliards d’étoiles « normales », et dont notre étoile, le Soleil, n’est que de taille moyenne (son rayon est de 700.OOO kms, par contre la plus grosse a un rayon de 770 millions de kilomètres !!!). Quelle claque pour notre égo, pour notre hautaine prétention de considérer la condition humaine au dessus de tout.
Or, malgré ce que nous savons aujourd’hui, grâce aux connaissances des sciences, en particulier de la physique et de l’anthropologie, la pensée matérialiste continue à être renvoyée dos à dos aux discours idéalistes et métaphysiques; car les scientifiques sont encore nombreux qui, bien que pratiquant leurs activités scientifiques de façon matérialiste (comment faire autrement?!), se réfugient dans ce « nini » philosophique pour ne pas se faire des ennemis dans les Académies et la société. Et cela est compréhensible, puisque les enjeux de cette conception du monde, qu’est la pensée matérialiste, ne portent pas seulement sur comment on pense que ce monde est constitué (ce qui peut paraître sans pertinence sur notre quotidien), mais aussi sur nos manières « d’être au monde ».
Alors que le propre de toutes les métaphysiques et de toutes les religions est d’enserrer l’individu dans un réseau de croyances qui l’asservissent, qui obnubilent l’esprit critique, développant la superstition, le concept matérialiste dégage l’être humain de l’ignorance et des servitudes qui épouvantent, pour qu’il puisse se former son propre jugement et sa raison. C’est, donc, surement de ce matérialisme que Sylvain Thuizat va commencer à nous parler dans l’atelier qui aura lieu le lundi 4 novembre à la salle F308 à 18h30 de la Université de Perpignan, Via Domitia.
Octavio
PS/
Il faut savoir que “fidèle à l’esprit des universités populaires, l’accès aux ateliers est libre et gratuit“. Que “chacun s’y comporte comme il l’entend, muet s’il le veut, questionneur s’il le souhaite“. Et que, pour y “participer, il lui suffit de pousser la bonne porte, le bon jour, à la bonne heure“.
En ce qui concerne l’atelier d’Histoire, qui sera animée par Pierre-Luc Abramson, la date de commencement (et les suivantes) sera communiquée opportunément.
Et en relation à la Liste internet de philosophie pour cette année 2013-2014, toutes et tous ceux qui voudront y participer peuvent s’inscrire en écrivant à Francisco (Paco) Miralles à son adresse e-mail :
francisco.mirallesdenis@gmail.com
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