Quelques vérités bonnes à dirent! Ce texte est un article publié dans le « Canard enchainé » du mercredi 23.10.2013. A diffuser sans modération!!!
C’est le genre d’intox qui a
un succès fou sur Internet.
Toujours à la remorque du FN,
l’UMP a renoué avec cette
bonne vieille ficelle : balancer
d’énormes bobards sur les
étrangers qui viendraient bouffer
les aides sociales des Français.
Plus c’est gros, plus ça
passe. Copé a été le plus fortiche,
le 10 octobre, lors de
l’émission « Des paroles et des
actes « , sur France 2. Parlant
du revenu de solidarité active
(RSA) accordé aux étrangers,
il a asséné : « Concernant le
RSA, il faudrait un minimum
de présence sur le territoire national,
ce qui n’est pas le cas. »
C’est clair, c’est net … et c’est
faux: ce « minimum» existe
déjà, et pas qu’un peu.
Un mensonge
bien soigné
Pour pouvoir toucher le RSA,
un étranger doit être présent
en France depuis au moins cinq
ans. Mieux: il doit avoir été,
pendant tout ce temps, en situation
régulière, avec un titre
de séjour qui l’autorise à travailler.
« C’est un titre très difficile
à obtenir et qui exclut de
nombreux étrangers titulaires
de simples récépissés, d’autorisations
provisoires ou de visas
étudiants, explique le chercheur
Antoine Match. Il faut souvent
passer des années en France
avant de décrocher ce sésame. »
Bien au-delà, donc, des cinq
années requises …
Pas à une contradiction près,
Copé en a rajouté une louche,
lundi 21 octobre sur France
Inter, en proposant d’augmenter
le délai et de passer à « dix
années de présence ». Avant
d’enchaîner sur l’aide médicale
d’Etat (AME) accordée aux
sans-papiers. Un scandale,
avait-il déjà expliqué, sur
France 2 : « Les étrangers en situation
irrégulière sont couverts
à 100 % pour les dépenses de
maladie. Ce sont les seuls qui,
sur notre territoire, ne paient
rien! »
Le 15 octobre sur RTL, Hortefeux
avait entonné le même
refrain : « [L’aide médicale
d’Etat], c’est totalement gratuit,
alors que, pour les Français, il
peut y avoir jusqu’à 50 euros de
franchise. » En gros, le tout- gratuit
n’existerait que pour les
malades sans papiers. Sauf que
c’est également faux.
Comme « Libération» l’a relevé
dans sa rubrique « Désintox
» (18/10), l’AME est accordée
aux étrangers à condition
qu’ils justifient de trois mois de
présence en France et de revenus
mensuels inférieurs à
716 euros. Les Française qui ,vivent
sous le même seuil de pauvreté,
soit 4,5 millions de personnes,
ont droit à la même
gratuité grâce à la CMU-C.
Cette complémentaire à la couverture
maladie universelle
rembourse d’ailleurs mieux certains
soins, optiques ou dentaires,
que l’AME.
Sans papiers,
sans allocs
Autre vieille lune, savamment
rabâchée: les étrangers
n’auraient qu’à toucher le sol
français pour avoir droit au minimum
vieillesse. « Vous savez
très bien, distillait récemment
l’UMP Hervé Mariton (BFM
TV, 8/8), que, sur Internet, a
beaucoup « buzzé » la question de
savoir à partir de quelle durée
de résidence une personne étrangère
n’ayant pas travaillé en
France avait droit au minimum
vieillesse. Eh bien, les termes
actuels, qui sont ceux de
quelques mois de résidence, ne
sont pas acceptables. » Au secours!
Le même mensonge a
déjà été servi par Marine Le
Pen, Laurent Wauquiez et Nicolas
Sarkozy l’an dernier. Réchauffé,
c’est meilleur?
En réalité, pour toucher l’allocation
de solidarité aux personnes
âgées, un étranger ne doit .pas avoir passé « quelques
mois» en France … mais dix années!
Et, pendant tout ce
temps, il doit avoir détenu le
fameux titre de séjour qui l’autorise
à travailler.
Pas de durée minimale de
présence, en revanche, pour
toucher les allocations familiales.
Mais il faut, là encore,
être en situation régulière.
Quant au couplet sur le laxisme
de la France, il a plutôt du plomb dans l’aile- : « Les •textes
internationaux interdisent de
refuser un dispositif à un étranger
au seul motif qu’il est étranger.
Sinon, ce serait de la pré-
férence nationale, explique
Antoine Math. Mais la France
a contourné cette obligation en
durcissant les critères. »
y a plus qu’à prévenir les politiques
qui font mine de ne pas
être au courant …
Isabelle Barré
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