Le chantier ITER, un laboratoire scientifique et social de l’esclavage moderne ?

INFORMATION

Article mis en ligne le dimanche 20 octobre 2013

Les travaux de gros œuvre du chantier ITER vont commencer à la fin de l’année 2013 et se poursuivront jusqu’en 2020. Au plus fort du chantier 3 500 ouvriers (en plus des 1400 travailleurs actuels) fourniront la main d’œuvre nécessaire à la construction de ce site de recherche nucléaire. Les patrons d’ITER, de VINCI-RAZEL-FERROVIAL & consorts ont trouvé un nouveau filon : employer par le biais de la sous traitance des ouvriers « détachés » sous contrat étranger, au mépris du code du travail, de la dignité humaine et des chômeurs locaux.

Travailleurs de tous les pays, mêmes patrons mêmes combats…

Ce sont les mêmes mécanismes de recherche des profits capitalistes qui jettent dans la misère les travailleurs de Pologne, de Roumanie, du Portugal et d’ailleurs ; ruinent les sous-traitants écrasés par les grands groupes internationaux (voir les plaintes de la Fédération des entreprises BTP du 04, exclues du chantier ITER) et imposent en France une armée de réserve de chômeurs qui permet de maintenir les salaires au plus bas (voir les chiffres alarmants du chômage en PACA)… Contrairement aux promesses de développement et d’emploi local autour du chantier de construction du réacteur nucléaire d’ITER, on découvre comment l’État et ses entreprises ont organisé le siphonage de l’argent public alloué à ce projet au bénéfice des entreprises privées…

Fraude sociale et exploitation sans contrôle

La pratique de la sous-traitance en cascade a notamment pour effet de détourner les cotisations sociales qui n’alimenteront pas les caisses d’assurances (maladie, chômage, retraite, logement, etc.) mais seront versées au bénéfice des entreprises. Le montant des cotisations sociales ainsi détournées sur le seul chantier d’ITER peut être évalué à environ 65 millions d’euros par an soit près de 400 millions sur toute la durée du chantier.

Malgré les promesses et les propos rassurants des élus, toutes les conditions d’une exploitation sans contrôle et sans protection des travailleurs du chantier ITER sont réunies : rappelons que c’est un chantier clos (régi par des dispositions réglementaires très strictes) et que l’Urssaf vient de signer avec la direction d’ITER une convention qui limite ses prérogatives (tout contrôle devra être annoncé 1 mois à l’avance !).

Ouverture de camps d’hébergement pour les travailleurs « détachés »

Le Secrétaire Général des Affaires Régionales (SGAR) a indiqué que le budget d’hébergement (nourriture et logement) alloué à ces travailleurs « détachés » sera d’environ 300 euros par mois. Dans ces conditions les propositions de logement préconisées sont donc réduites au strict minimum (on parle d’installer jusqu’à 780 ouvriers dans un camping à Château-Arnoux, ou de loger 120 travailleurs sur le stade de Corbières !). Consultable sur internet le Guide du logement à destination des entreprises intervenant sur le chantier ITER (publié en juin 2012) préconise ouvertement des solutions d’hébergement en mobil home ou en habitation légère de loisir qui ne semblent pas compatibles avec la législation du travail ! Voici les villes et villages concernés par ces hébergements : Manosque, Château-Arnoux, Volx, La Brillanne, Corbières, Quinson, Aix-en-Provence, Pertuis, Montmeyan, Saint-Paul-les-Durance, Jouques, Le-Puy-Sainte-Réparade…

Comment peut-on justifier la mise en place avec la participation active des services de l’État et l’argent des contribuables de conditions d’exploitation qui rappelle le temps de l’esclavage ou celui plus proche, et de sinistre mémoire, des camps de travailleurs ?

Au niveau politique, les choses commencent à bouger. Plusieurs partis politiques (Front de gauche, Europe Écologie, Les Verts et le Partit Occitan) ont déposé le 14 décembre 2012 un vœu relatif aux conditions de travail et de vie du personnel construisant le projet ITER auprès de la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur financeur et partenaire du projet, le sénateur du 04 Claude Domeizel a alerté en mai 2013 le Ministre du travail sur les conditions de travail et d’hébergement de ces travailleurs « détachés », le NPA et le Front de Gauche 04 ont confirmé en septembre leur mobilisation sur le sujet… Les réponses qui se veulent « rassurantes », le 24 août du Ministre et le 5 juillet d’ITER organization suite à la réunion de la CLI du 3 juillet dernier à Vinon-sur-Verdon indiquent que le dossier ITER doit faire l’objet de l’attention de tous…

Nous vous proposons de venir partager les informations collectées depuis le début de ce chantier par des syndicalistes de la CGT au sein de Cadarache… et nous appelons les collectifs citoyens à organiser dans leurs villes et villages une ou plusieurs réunions d’information.

Dossier de presse – ITER capitale de l’esclavage moderne !
[http://solidarites04.free.fr/spip.php?article2]

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